Sigur Rós : Le recul des glaciers
Musique

Sigur Rós : Le recul des glaciers

Le groupe islandais Sigur Rós apprécie les points de vue extérieurs et l’imprévisibilité.

Redondant, le post-rock grandiloquent des Islandais Sigur Rós? C’est un reproche qui se défend. Valtari, le sixième et plus récent opus du quatuor de Reykjavík, ne propose certainement pas de rupture ni de révolution par rapport au matériel préalable du clan.

De l’intérieur, cependant, c’est autre chose, si l’on en croit le batteur Orri Páll Dýrason. Depuis son domicile islandais, à la veille d’une première tournée nord-américaine en quatre ans, le musicien parle avec anticipation du périple à venir. À l’entendre, la routine ne fait pas vraiment partie de la réalité de Sigur Rós. "Je suis à la fois effrayé et excité, comme avant chaque tournée. Mais c’est du bon stress", commente-t-il.

Sous des dehors de continuité, Valtari marque pour Sigur Rós le flirt le plus important en carrière avec l’électronique.

"Valtari a été fait par les membres séparément et enregistré par petites poussées. Nous ne nous sommes pas réunis pour composer ensemble comme par le passé, indique le musicien. Il a été fait dans différents studios et, par conséquent, nous dépendions beaucoup de l’équipement qui était à notre disposition dans chaque cas. C’est ainsi que la facture plus électronique s’est imposée", poursuit-il avec son fort accent islandais.

Le groupe a déjà déclaré en entrevue que cette période de création avait été problématique, au point où il avait pensé abandonner. "Ce n’était juste pas concluant. On ne s’amusait pas", souligne Orri.

Le dénouement de l’impasse contredit la règle voulant que les conjoints de musiciens mènent à la destruction des groupes (bonjour, Yoko): c’est Alex Somers, copain du chanteur Jónsi (et artiste visuel ayant signé plusieurs pochettes du groupe), qui a remis le train sur les rails. "Il nous a aidés à retrouver l’essence des chansons et nous a poussés à toutes les terminer ensemble. Il a fait un très bon boulot à ce niveau!"

La morale de cette histoire? "C’est toujours bien d’avoir une oreille extérieure", résume Orri. Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, Sigur Rós ne suit pas une ligne droite. "S’il fallait nous répéter, ce serait très ennuyant pour nous; on aurait probablement arrêté depuis longtemps. Mais je crois aussi que ce qui fait que ça marche, c’est de pouvoir avancer sans trop prévoir. Il faut laisser aller les choses."