Patrick Krief : Comme au cinéma
Musique

Patrick Krief : Comme au cinéma

Guitariste au sein du groupe-culte montréalais The Dears, Patrick Krief livre la trame sonore de son propre film autobiographique sur Hundred Thousand Pieces.

Paru discrètement en avril dernier sous l’étiquette canadienne Pirates Blend (Armistice, Bedouin Soundclash, etc.), Hundred Thousand Pieces est une oeuvre cathartique, selon Patrick Krief. "J’étais à une drôle de place dans ma vie à l’époque, résume-t-il. J’étais anxieux et stressé. On pourrait même dire que je traversais une crise existentielle. "Qui suis-je? Qu’est-ce que je fais de ma vie? À quoi ça sert, tout ça?"; ce genre de trucs. Lorsque j’ai réalisé que mes plus récents textes tournaient autour de cette crise bien malgré moi, l’album a réellement pris forme."

En plus de se remettre en question en tant qu’individu, Krief s’est aussi imposé un nouveau procédé artistique empruntant autant au cinéma qu’à l’hypnose pour rapiécer Hundred Thousand Pieces en une oeuvre sensée. "Je me suis mis en tête que je composais une trame sonore pour mes propres souvenirs, explique le multi-instrumentiste. J’ai tenté de composer les arrangements en mettant en scène les moments qui avaient inspiré les textes. "Ce moment se déroulait pendant une tempête de neige; je devrais trouver un son ou composer une mélodie qui suscite ça", etc."

Une carrière à l’image d’Indiana Jones

Un peu plus de 15 ans après leur création, The Dears – aujourd’hui un collectif aussi mature que démocratique – connaîtraient leurs plus belles années, selon leur guitariste. "Murray [Lightburn, chanteur du groupe] voit la carrière du groupe comme la scène d’Indiana Jones où Indy glisse sous une porte coulissante alors que tout s’effondre derrière lui, pour ensuite tendre la main et reprendre de justesse son chapeau échappé lors de la cascade", raconte Krief, amusé, faisant référence à la crise du disque. "On a l’impression que les groupes qui ont suivi, ceux derrière la porte coulissante du temple, en bavent plus que nous. Bien évidemment, nous sommes loin de rouler en Bentley dorées, mais nous pouvons quand même envisager des tournées en Europe et jouer devant des milliers de personnes."

Le(s) son(s) de Montréal

Revenant brièvement sur cet épisode de 2005 où The Dears se sont retrouvés sur le devant de la scène alors que Montréal était sacrée la "nouvelle Seattle" du rock par des publications américaines comme le magazine Spin, Krief dit être reconnaissant de cette attention, mais croit aussi que ce "buzz médiatique" a nui à certains artistes locaux. "Seattle était identifiée au grunge, à un son précis, alors que Montréal, elle, n’a pas de son défini. Avec Arcade Fire et Priestess, on retrouve vraiment de tout ici. Ce qui fait en sorte que lorsque certains mélomanes découvrent de nouveaux groupes montréalais, ils ont des attentes. Ils espèrent que ce sera le nouvel Arcade Fire, mais lorsque l’album ne cadre pas avec leur propre idée d’une oeuvre montréalaise, ils décrochent."

Le 23 août
Au Quai des brumes