Loud Lary Ajust : Être de son temps
Musique

Loud Lary Ajust : Être de son temps

Nouvelle sensation du rap local le quatuor Loud Lary Ajust fait fi des étiquettes.

Une drôle d’aura entoure les gars de Loud Lary Ajust. Rencontré dans une taverne sportive du Plateau, le quatuor se défend d’avoir choisi l’endroit pour son ambiance peu recommandable. « C’est pas mal l’endroit le plus central entre nos appartements », souligne le rappeur Lary. Et Will– membre du groupe responsable de la facture visuelle du collectif – d’ajouter: « Ce n’est que notre deuxième fois ici, en fait. » Déjà là, l’image du groupe rap hyper calculateur tombe… ou, du moins, s’atténue lorsqu’on s’éloigne du studio.

Collectif formé autour d’amis d’enfance qui ont découvert le hip-hop grâce au Wu-Tang, aux Fugees – « et à Limp Bizkit si on considère ça comme du rap », lance le MC Loud, sourire en coin -, le groupe est devenu, au fil des années et des collaborations, Loud Lary Ajust, un secret de Polichinelle de la scène rap underground qui se démarquait en mai dernier en lançant Gullywood, un premier album livré sur le Web à prix libre.

Dès son dévoilement, les critiques sont dithyrambiques: Anzoo de Ghetto érudit, une émission de radio rap diffusée sur les ondes de CISM, le qualifie de « classique instantané ». Au même moment, le collègue Laurent K. Blais en parle comme d’un « incontournable » sur le site 10kilos.us. Un succès d’estime qui, malgré ce que les fanfaronnades dans leurs pièces pourraient laisser croire, a surpris le collectif. « On savait qu’on lançait un produit qui n’était pas « commun », mais on ne s’attendait pas à une telle réaction! » s’exclame Lary. Idem pour Will. « Comme on n’a pas encore pris le temps de s’arrêter pour réfléchir à tout ça, on ne se vautre pas encore dans le limelight! »

Bâtards sensibles

Alors que plusieurs rappeurs québécois de la première génération abondaient en belles rimes livrées avec un accent français international irréprochable, les rappeurs de Loud Lary Ajust, eux, se font plus contemporains – ou rendent hommage au fameux Rap à Billy, c’est selon – en crachant des strophes métissées de mots et de références aux cultures francophone et anglophone qui traversent Montréal.

Encore une fois, les quatre compères se défendent de faire dans la provoc. « Le franglais utilisé n’est ni forcé, ni une décision artistique! » interjette Loud. « On nous reproche parfois de nuire à la langue française, mais… » Lary prend le relais: « …mais, en fait, on la promeut. C’est juste que nous sommes aussi anglophiles: on écoute de la musique en anglais, de la télé aussi. C’est dans notre environnement, bien malgré nous à la rigueur. Inclure des éléments d’une autre culture ne veut pas dire qu’on délaisse la première. »

Puis, Ajust, le beatmaker du collectif, rajoute que « chaque clique a son jargon, son glossaire si vous voulez, et c’est tout simplement notre façon de parler, tout comme Rainmen et Mobb Deep ont la leur ». Après une courte pause, Lary revient à la charge: « Ça vient avec notre culture musicale et notre ouverture d’esprit. La seule chose qui est calculée là-dedans, c’est qu’on l’a fait pour nous. On voulait faire du rap qu’on voudrait nous-mêmes écouter! » lance-t-il avant de nuancer: « J’ai toujours été très critique envers ce que je produis et ce projet-là, je l’adore. Je l’écoute souvent! C’est du gros rap qui transpire Montréal! »

Nous et les autres

En plus de s’affranchir de la langue, Loud Lary Ajust tente aussi de se détacher du milieu rap local. « On veut surtout briser le cliché du rappeur un peu bum, de région. Ce n’est pas tout d’être capable de coucher un texte sur une page, tu sais. Nous, on tente d’avoir une démarche artistique bien définie, à part entière. » Loud intervient: « Comme partout ailleurs, il y a plusieurs cercles dans le rap québécois et on interagit seulement avec ceux qui sont dans le même que nous: les Alaclair Ensemble, Koriass, etc. »

Ce désir de se détacher des attentes venant avec leur style musical de prédilection est toutefois plus compréhensible lorsqu’on aborde les influences des rappeurs. « J’aime le rap, mais ça ne représente qu’environ 25% de ce que j’écoute. Ce qui, je crois, m’aide beaucoup à me distinguer lorsque je compose », confie Lary, qui s’avouera aussi, au passage, fan de Metallica, des Strokes et de Beach House, notamment. Et Loud de souffler: « J’écoute aussi beaucoup de musique, mais le rap m’influence davantage: les Jay-Z, Drake, etc. »

Puis, lorsqu’on se dit étonné par la mention de Drake, Loud Lary Ajust surprend à nouveau. « C’est un artiste accompli! » tonne Lary. « Le monde ne l’aime pas juste parce qu’il est riche ou parce qu’il a joué dans Degrassi« , précise Loud, et Will de conclure: « Shout out à Drake en direct du Bar Laurier! »

Avec Maybe Watson et Alaclair Ensemble
Dans le cadre de Pop Montréal
Le 20 septembre
À la Sala Rossa

Pour télécharger l’album: loudlaryajust.com

/

Pop Montréal : Culture « pop »!

La 11e édition de Pop Montréal est carrément orgiaque et stimule autant les yeux que les oreilles (et même plus). Survol des événements des mercredi 19 et jeudi 20 septembre…

Le volet musical de l’événement s’ouvrira ce mercredi 19 septembre avec un concert gratuit de la formation indie pop montréalaise Stars à La Tulipe. La procédure pour obtenir des billets se retrouve sur la page Facebook de SiriusXM. Toujours du côté des événements gratuits: un show à la Mission Santa Cruz où le rap funky de Dam-Funk et celui, plus « n’importe quoi » (c’est un compliment, promis!), des Anticipateurs seront à l’honneur au même moment.

Le jeudi, on aura droit à un autre concert gratuit doublé d’un BBQ. Au programme: « roteux », Canailles, Born Ruffians, Mozart’s Sister et plusieurs autres qui se succéderont dès le début de l’après-midi au parc de la Petite-Italie. En soirée, les amateurs d’électro auront droit à une prestation DJ, à l’Église Pop, de la sulfureuse Peaches qui sera accompagnée pour l’occasion de Venus X et The World Provider. Les fanas de musique indé locale, eux, (re)découvriront la pop éclatée de Mauves, le psychédélisme de Filthy Haanz (amateurs de Gorillaz? vous adorerez) et le rock contagieux de Lila dit ça au Quai des brumes.

Du côté de Film Pop, le volet cinématographique de la foire, on aura droit à une projection de Fever Year, un documentaire abordant le processus créatif d’Andrew Bird, aux Quartiers Pop. Le lendemain, au même endroit, les festivaliers pourront assister à une première très attendue: celle de From Montreal, un documentaire tentant de cerner la fameuse scène musicale montréalaise et ses « deux solitudes ». Bien que le sujet soit ambitieux, la brochette d’intervenants l’est encore plus (autant Malajube que Patrick Watson et Arcade Fire y collaborent).

Parlant de Win Butler et sa bande, soulignons le vernissage de The Art of The Suburbs, qui aura lieu le 20. Cette exposition interactive, dans les locaux de Nomad Industries, porte sur la facture visuelle entourant le plus récent disque du groupe-culte montréalais.

Pop Montréal se déroulera du 19 au 23 septembre. Pour plus de détails sur la programmation et les lieux de diffusion: popmontreal.com.