Piknic Électronik : Messe d'étain
Musique

Piknic Électronik : Messe d’étain

Alors que l’équipe du Piknic termine sa 10e saison, le cofondateur Michel Quintal revient sur la petite histoire de l’événement électro-dominical.

"Moi, à la base, je ne danse pas… ou je le fais très rarement", confie d’emblée le cofondateur et directeur de la programmation du Piknic Électronik et de l’Igloofest. "Ce que j’aime tout particulièrement du Piknic, c’est qu’après toutes ces années, on peut toujours s’étendre dans l’herbe pour "chiller", écouter la musique et grignoter entre amis", justifie-t-il par la suite. "Cette facette était à la base de la création du Piknic et demeure toujours aussi importante de nos jours. D’où le fait que je crois que l’événement a finalement atteint sa vitesse de croisière ici." Avant de poursuivre, un retour en arrière s’impose.

Se détacher, s’affirmer

"C’est l’histoire de quatre gars qui tripaient sur la musique électronique pis qui commençaient à se trouver vieux", se rappelle Quintal avant d’éclater de rire. Alors dans la jeune trentaine et bossant dans le domaine de la publicité, une épiphanie lors d’un lendemain de rave a inspiré le collectif, complété par Nicolas Cournoyer, Pascal Lefebvre et Louis-David Royer, qui a échafaudé un projet qui inviterait le public à se déhancher tout en faisant fi des préjugés assommant la scène électronique de l’époque. "On misait beaucoup sur l’aspect "santé" au début, d’où l’absence d’alcool. On voulait se distancier du milieu pour faire nos preuves, car la musique électronique était davantage associée aux drogues qu’à un genre musical à ce moment-là."

De son événement "familial et un peu boboche", pour reprendre les dires de Quintal, qui pouvait accueillir jusqu’à 300 fêtards par jour lors de la première saison, l’équipe du Piknic voyait passer un millier de danseurs par événement dès l’année suivante. De nos jours, la moyenne tourne autour de 5000 festivaliers par Piknic.

Demain, le monde

Surfant toujours sur les vagues d’une saison record, le Piknic est – 10 ans plus tard – une foire estivale, bien sûr, mais aussi un amplificateur de choix pour la musique électronique à Montréal. "Je crois qu’avec Mutek et l’Igloofest, on a contribué à l’ancrage de cette musique ici", fait valoir Quintal avant d’abonder en exemples: "De nos jours, des gens dans la cinquantaine en parlent sans connotations négatives. De plus, alors qu’il était peu fréquent qu’on la mentionne dans les médias à l’époque, il est maintenant rare que La Presse ou le Voir n’incluent pas de critiques électro dans leurs publications."

C’est pourquoi l’équipe derrière le fameux événement dominical cherche maintenant à répandre la Bonne Nouvelle. "On s’intéresse davantage au développement international que local, car je crois que l’événement perdrait de son cachet chill et spontané si on tenait des Piknic de 10 à 12 000 personnes à Montréal. On misera donc sur l’amélioration du site et de l’événement plutôt que sur son expansion, conclut le cofondateur qui, encouragé par le succès de l’événement qui s’installait aussi à Barcelone cet été, lorgne Berlin et Buenos Aires.

Le dernier Piknic de la saison se tiendra le 30 septembre, toujours au parc Jean-Drapeau. Détails de la programmation au www.piknicelectronik.com.