Mononc' Serge : Un party de Mononc'!
Musique

Mononc’ Serge : Un party de Mononc’!

À quelques jours de la fin de l’année (et du monde!), Mononc’ Serge conclut 2012 avec une nouvelle série de concerts.

Après plus d’une soixantaine de prestations depuis le lancement de Ça c’est d’la femme dévoilé en décembre 2011, Mononc’ Serge et ses Sportifs sont assez réchauffés, voire dopés, pour une dernière ligne droite de quatre spectacles les amenant de Montréal à Saint-Hyacinthe, en passant par Québec et Chicoutimi. L’expérience acquise sur les planches laisse donc le routier impassible. «Ce qui me stresse plus ces jours-ci, c’est les nouvelles chansons sur lesquelles je travaille», confie-t-il, annonçant un retour en studio dès cet hiver afin d’enregistrer du matériel pour un huitième album à paraître au printemps.

Une nouvelle galette pour Mononc’

L’heure étant au bilan, Serge Robert se dit toujours satisfait de son plus récent compact, gravé un an plus tôt en compagnie du chanteur et guitariste Peter Paul. Bien que le travail à quatre mains se soit avéré essoufflant pour le Mononc’, ce processus collaboratif aura charmé autant les dames que les mélomanes, la critique ainsi que le principal intéressé. «Je réécoutais Mourir pour le Canada (1998) récemment et je n’étais pas aussi satisfait, glisse-t-il. Je me disais: “Mon Dieu! Mais c’est quoi ce disque-là?!” alors que Ça c’est d’la femme passe toujours le test un an plus tard.» Malgré le podium, Mononc’ reviendra aux sources sur son œuvre à venir. «Pour le prochain, je vais revenir à ma façon de faire habituelle. Je suis confortable là-dedans. Ça n’exclut pas que je reprenne cette collaboration, mais ce que je vise pour les prochains disques, c’est un retour à ce que je faisais à mes débuts: un son plus acoustique.»

Set carré… rouge

En cette année très faste sur le plan de l’actualité, l’auteur-compositeur-interprète s’est dit particulièrement interpellé par le fameux Printemps érable. «Ça a marqué un genre de réveil de l’implication populaire et des revendications politiques, et je trouve que ça a fait du bien», résume-t-il. Bien que Robert précise qu’il n’est pas derrière toutes les revendications du mouvement, il a salué l’engagement en découlant. «Globalement, je vois ça d’un œil favorable que les gens se grouillent, se lèvent, se mouillent, prennent des risques et résistent aux décisions gouvernementales qui ne font pas leur affaire», poursuit-il avant de se demander quel héritage cette mobilisation laissera. «Je ne sais pas si ça va changer beaucoup de choses à moyen ou long terme ou si ce n’était qu’un feu de paille, par contre. C’est ce qu’on va voir au fil des prochaines années.»

L’événement lui aura d’ailleurs inspiré une chanson «controversée», la radio CIBL l’ayant invité à composer une pièce sur le conflit étudiant. «De fil en aiguille, ça s’est transformé en hommage à Pierre Karl Péladeau, qui est le véritable héros du prolétariat», explique-t-il, amusé. «La preuve? Va chez Hochelaga Pizza à côté de chez moi. On n’y lit pas Le Devoir, mais bien Le Journal de Montréal et les valeurs qu’il véhicule et dans lesquelles on se reconnaît! C’est Pierre Karl, le véritable porte-parole là-dedans!» ajoute-t-il avant d’éclater de rire.

Le mononc’ et la bête

«Je chante pour les morons! Je chante pour les cons!» s’époumonait Mononc’ Serge dans la pièce homonyme tirée de son brûlot Serge Blanc d’Amérique (2006). Pourtant, des années plus tard, Serge Robert n’a toujours pas eu à se distancier de son personnage controversé. «Bien que j’aie l’impression que c’est assez clair qu’il y a une distance entre ce que je chante et ce que je suis, je me pose quand même des questions au fil des albums», affirme-t-il, pointant la controverse entourant le monologue Nigger Black d’Yvon Deschamps qui avait soulevé un tollé en 1998.

Malgré ses interrogations, Serge Robert persiste, signe et sacre. «Forcément, il y a quelqu’un quelque part qui ne comprendra pas, qui va prendre ça pour du cash un jour et je devrai faire avec», tranche-t-il, laissant entendre que sa bête ne s’assagira pas avec l’âge ou la pression populaire. «Ne faire que du premier degré m’ennuierait. Je ne veux pas m’en tenir à une position rationnelle. Je veux déconner et c’est ce que la musique et les concerts me permettent de faire.» Et l’artiste, posé, de conclure: «Je suis peut-être trop raisonnable dans la vraie vie et c’est ce qui m’amène à faire ça. Ça me permet d’avoir un peu d’équilibre!»