Yamantaka // Sonic Titan : Bienvenue au lab
Musique

Yamantaka // Sonic Titan : Bienvenue au lab

Non, ce n’est pas en 2013 que le collectif multidisciplinaire montréalo-torontois Yamantaka // Sonic Titan choisira de faire les choses comme tout le monde.

Septembre dernier, Massey Hall, Toronto. Ruby Kato Attwood et Alaska B, les deux membres fondatrices du collectif Yamantaka // Sonic Titan, se pointent sur scène, visiblement encore ébahies de l’accueil triomphal que la centaine de convives réunis dans l’établissement leur ont donné. Ce soir-là, tout le gratin de l’industrie musicale canadienne était réuni pour célébrer les 10 meilleurs albums à être parus au pays au cours de la dernière année – la remise du prix Polaris 2012.

L’album Yt//St, un hypnotisant hybride de métal, d’opéra, de stoner rock et de musique traditionnelle japonaise, décrit par ses créateurs comme du nô wave (nô pour le théâtre japonais), se retrouvait dans la liste courte du prestigieux prix parmi les Visions de Grimes, Voyageur de Kathleen Edwards et autres Take Care de Drake. «C’était la folie», se rappelle timidement Attwood au sujet de la soirée qui s’est conclue par le couronnement de l’album Metals de la Torontoise Feist – à la grande surprise de plusieurs, d’ailleurs.

Les chemins vers l’art

À l’instar de la Torontoise Cold Specks qui était aussi finaliste au Polaris 2012 avec sa première offrande, Yamantaka // Sonic Titan en était pourtant à ses balbutiements il n’y a pas si longtemps. C’est en tentant de coucher sur disque les musiques composées pour l’opéra rock Star, puis de créer une expérience artistique qui mettrait en valeur non seulement ces chansons, mais aussi les fondations artistiques diverses de ses membres (au nombre de sept, tous musiciens, mais également tous artistes dans une discipline quelconque), que le collectif s’est formé. «On ne peut pas enlever l’art performatif de Yamantaka // Sonic Titan, soutient Attwood. Comme nous sommes tous dispersés à Montréal et à Toronto, nous nous voyons très peu. La création se fait donc de façon individuelle, chacun de son côté, puis c’est en rassemblant les créations de tous que nous arrivons à bâtir le spectacle, l’expérience.»

Ce processus, selon Attwood, s’articule beaucoup plus comme un collectif d’arts visuels que comme un band en bonne et due forme: «C’est que nous avons tous, sauf un, une formation académique en arts. Ce genre de création nous plaît; ça fait en sorte que nous ne sommes pas confinés à une discipline en particulier.»

Narrations croisées

Bénéficiant d’une bourse du Canadian Film Centre Media Lab, Yamantaka passera les premiers jours de 2013 à la table de travail, afin de mener à bien une nouvelle quête: un démo de jeu vidéo. Intitulé Your Task // Shoot Things (Votre tâche: tirer des trucs!), le jeu en question – une sorte d’hommage aux premiers jeux de tir à la première personne – tentera d’apporter une dimension supplémentaire au projet Yamantaka // Sonic Titan, tout en mettant en scène des chansons de l’album. «Ce que nous apprécions dans nos spectacles, c’est le croisement des histoires, le fait d’éviter de dépeindre un truc linéaire. Et le jeu vidéo, c’est ça!» soutient la directrice de Yamantaka // Sonic Titan, ajoutant que le démo sera envoyé à ceux qui ont contribué à son financement, et que la finalisation du jeu sera faite au gré de contributions volontaires par le biais de Kickstarter. «Alaska vient d’obtenir un diplôme en animation du Collège Sheridan; c’est un procédé qui prend énormément de temps et d’argent. On se laisse donc tout le temps qu’il faut pour le finir comme il faut.»

D’ici là, les artistes du collectif ne chômeront pas – en studio comme sur la route. Attwood affirme que les fondations du successeur de Yt//St sont déjà en place, en vue d’une parution l’automne prochain. «Nous avons les chansons, du moins une bonne idée de leur allure. Le plus compliqué, c’est de déterminer ce qu’il y aura entre ces chansons, et c’est là que ça devient “transformatif” parce que le processus créatif est si inclusif qu’il demande beaucoup de temps. Mais c’est là où Yamantaka prend tout son sens», conclut Attwood.