Louis-Jean Cormier : Nouvelles aventures
Musique

Louis-Jean Cormier : Nouvelles aventures

Bien que Louis-Jean Cormier n’aime pas les happy endings, comme il l’entonne dans la chanson du même nom se retrouvant sur son disque Le treizième étage, le chanteur s’amuse ferme alors que sa carrière solo en est toujours à ses balbutiements.

«Ce n’était pas une brosse, mais bien un petit verre de scotch», rectifie Louis-Jean Cormier, revenant sur la légende voulant qu’une soirée en compagnie de l’animateur radio et interprète Jim Corcoran l’ait aiguillé vers Le treizième étage, son premier disque solo paru en septembre. «On s’était imposé un défi, en fait, où je devais composer des chansons hyper pop sur lesquelles il devait écrire des textes en anglais», explique le chanteur avant d’indiquer que le projet s’est finalement transformé en piège. «Je me suis donc mis à écrire des chansons très pop et dansantes… et je suis tombé en amour avec celles-ci!»

Lorsqu’on lui demande ce qui différencie une composition de Louis-Jean Cormier d’une pièce de Karkwa, le chanteur glisse: «Pas grand-chose!» puis s’explique. «Ça va avoir l’air d’une explication un peu trop intellectuelle pour ce que c’est, mais allons-y: le processus est semblable, mais pas la direction. Avec Karkwa, je me mettais d’emblée dans un mood de "laboratoire"», fait-il valoir, précisant que la création au sein du fameux quintette le poussait à se surprendre, voire à se déjouer. «Dans mon projet solo, je laisse tomber ces rênes et je tente d’écrire des chansons simples et universelles», confie-t-il tout en soulignant qu’il songe toujours à son groupe, même s’il ne peut indiquer quand celui-ci s’aventurera à nouveau en studio.

Un ascenseur vers l’intérieur

Bien que Cormier soit un auteur réputé, il a recruté Daniel Beaumont (parolier et troisième pièce de Tricot Machine) pour l’accompagner au Treizième étage. Superstitieux? Prévoyant plutôt. «Je voulais prendre toutes les mesures pour faire quelque chose qui allait se différencier de Karkwa. Je voulais donc que Daniel m’aide à écrire des textes plus terre-à-terre, mais qui demeurent poétiques et qui ont du punch.» Une démarche qui rappelle au passage celle de Gaston Miron, et Cormier est loin de s’en cacher. «Peut-être que le bagage de Miron, à travers 12 hommes rapaillés, m’a fait comprendre que ce qui est important, c’est que le propos soit clair. C’est ce qui justifie les détours poétiques qu’on prendra en composant.»

Au-delà des strophes, la collaboration avec Beaumont – tout comme celle avec Brigitte Poupart qui signe la mise en scène du spectacle découlant de l’album – a permis à Louis-Jean de se (re)définir à titre d’artiste. «Daniel était là aussi pour répondre à mes questions. Pour me dire si ce que j’écris est bon ou pas, etc. Ça m’a permis de me situer parmi les autres auteurs. Après des années au sein de Karkwa, je voulais savoir où j’en étais dans cette "communauté". Je voulais voir qui j’étais à travers Daniel et c’était la même chose avec Brigitte pour le show. Je voulais savoir ce qu’ils pensaient de mes idées.»

Entre Lisa et Patrick

Artiste aussi engagé que généreux, on voyait récemment Louis-Jean Cormier, bras dessus, bras dessous, avec Patrick Watson dans From Montréal, un documentaire explorant la scène musicale alternative locale tout en s’étendant sur les relations entre «les deux solitudes». Interrogé sur la prochaine étape à suivre, le chanteur souhaite, justement, que le débat passe de la langue à la chanson. «Un peu comme Patrick, je n’accepte pas l’idée des deux solitudes, justement. Je souhaite que ces collaborations deviennent normales et qu’elles nous mènent plus loin dans les influences de tout un chacun. Je crois qu’il faut encourager ces mélanges des cultures et appuyer les événements qui les favorisent, comme Pop Montréal ou encore M pour Montréal.»

Plus tôt cette année, Cormier a aussi été aperçu dans le livret du premier CD de la sensation folk Lisa LeBlanc à titre de réalisateur. «Moi, j’étais de ceux qui étaient persuadés qu’on tenait quelque chose de gros!» s’exclame le chanteur, indiquant que son travail en studio se résumait à traduire les désirs techniques de la cowgirl acadienne. «De toute façon, cette fille-là sait exactement où elle s’en va. Jamais un réalisateur ne pourra dire: "Tu sais, moi, j’ai réalisé un Lisa LeBlanc!" C’est impossible!» ajoute-t-il en rigolant. Le succès découlant de l’oeuvre a aussi fait en sorte que Louis-Jean caresse maintenant un second projet solo qui prend de l’ampleur: réalisateur de disques.

– As-tu d’autres commandes du genre à venir?

– Oui, mais c’est sous embargo. O.K., je vais t’en annoncer une: le prochain de Céline Dion, qui sera en anglais.

– Quoi!?

– Non, c’est une blague, mais tu sais, ça se pourrait!