Tire le coyote : Le bon, la brute et le coyote
Musique

Tire le coyote : Le bon, la brute et le coyote

Tire le coyote dévoile Mitan, un exercice de style «morriconesque».

Auteur-compositeur-interprète folk qui se distinguait en mars 2011 avec Le fleuve en huile, un CD réalisé en compagnie de Dany Placard, Benoît «Tire le coyote» Pinette récidive déjà avec une œuvre plus sombre, sans toutefois être aussi opaque que son premier maxi livré en 2010. «Je m’emmerde assez facilement moi-même, lance-t-il d’emblée. Donc quand je m’embarque dans un nouvel album, je tente de trouver une nouvelle manière d’aborder les chansons, ce qui me pousse à composer beaucoup», ajoute-t-il, faisant valoir la thématique aquatique accompagnant Le fleuve en huile, son CD précédent, ainsi que l’imagerie western que suscite Mitan. «Je voulais que celui-là goutte le sable un peu! Je ne crois pas que ça transpire tant que ça de l’album, mais l’idée était là et la petite influence “western” à la Ennio Morricone aussi!»

[Écoute exclusive de Mitan de Tire le coyote]

Sans verser dans la trame sonore de western spaghetti, l’œuvre se veut tout de même un exercice de style selon Pinette. «Je ne dirai pas que c’est un album-concept, mais j’ai vraiment concentré mes compositions autour de deux thèmes qui sont aux extrêmes: l’amour et la mort», explique-t-il. Mi-célébration de la vie («Ça va bien dans ma vie, les chansons d’amour me viennent donc facilement», glissera-t-il au passage), mi-cure psychanalytique («Je demeure aussi quelqu’un d’anxieux; ça fait en sorte qu’il y a des moments où je gratouille un peu plus! Ce qui fait que des chansons comme Bombe à retardement peuvent sembler down, alors qu’elle m’a fait beaucoup de bien», ajoutera-t-il quelques instants plus tard), Mitan lui aura aussi permis de mûrir derrière la console.

Passer à la confesse

Le disque a été enregistré en quatre soirées à l’Hypérion, un espace culturel aménagé dans l’enceinte de l’église Notre-Dame-de-Jacques-Cartier. Besoins acoustiques obligeant, Pinette a préféré investir dans la prise de son plutôt que dans la réalisation, s’acquittant de la tâche pour la création de Mitan. «Y avait un souci économique, mais y a aussi le fait que j’étais rendu là», tranche-t-il avant de préciser: «Pour celui-là, j’avais une vision tellement claire de ce que je voulais que j’étais convaincu que personne d’autre ne pourrait le faire!»

De l’épisode du Fleuve en huile, il retiendra donc l’expérience, mais également une collaboratrice de choix: la chanteuse Chantal Archambault. «Je voulais aussi ma Emmylou Harris à moi!» révèle l’interprète et fan de Neil Young. «Y a une sensualité dans sa voix qui se prêtait bien aux chansons d’amour», renchérira-t-il, précisant que l’environnement solennel de la fameuse église au clocher penché aura fait en sorte qu’on retranche les chansons plus «hop la vie» au profit des pièces plus lancinantes.

Engagez-vous, qu’ils disaient!

Bien qu’infiniment personnel, Mitan ne lève le voile que sur un pan de la palette de l’auteur, celui-ci préférant laisser son côté plus politisé – on lui doit un brûlot sur la loi 78 ainsi qu’une adaptation aussi francophone qu’indépendante du classique This Land Is Your Land de Woody Guthrie – sur sa page Bandcamp. «Je crois que le printemps érable et le fait que je suis maintenant père de deux enfants ont éveillé un plus grand engagement chez moi. Je suis plus sensible à ce qui se passe dans notre société et à notre avenir.»

Malgré une entente avec l’étiquette montréalaise La Tribu (label des Cowboys Fringants, des Trois Accords et de plusieurs autres), Tire le Coyote n’a pas l’intention de quitter le 418 de sitôt­. «Ça fait plusieurs années que je suis ici et je le vois. Karim Ouellet en est la preuve vivante que ça peut marcher d’ici», note-t-il. «On sent vraiment une effervescence, et y a du monde au Cercle ou encore au Petit Champlain qui travaille fort pour, en offrant une belle visibilité aux artistes d’ici. Mais il faut quand même se taper la 20 souvent!» fait-il valoir du même coup avant d’éclater de rire.