Daniel Bélanger : Un caméléon à Nashville
Musique

Daniel Bélanger : Un caméléon à Nashville

Avec Chic de ville, Daniel Bélanger surprend d’une façon étonnante: en revenant aux sources.

«Je me suis rendu compte que faire un “mi” à 50 ans, ce n’est pas comme en faire un à 16 ans», rigole le chanteur Daniel Bélanger en s’étendant sur la composition de Je poursuis mon bonheur, pièce séminale de ce nouvel album flirtant avec le rockabilly. «C’est un “mi” plus autoritaire et qui a plus de vécu!» ajoute-t-il.

Bien que Bélanger ait maintes fois changé ses atours – un peignoir mi-boxeur, mi-slameur pour Déflaboxe, un casque de cosmonaute pop aux reflets électro sur Rêver mieux, etc. –, son complet tantôt rock’n’roll, tantôt country tout droit tiré de la garde-robe de l’Homme en noir ne tient pas de la marotte. «Comme plusieurs personnes d’ici, j’ai été élevé avec cette musique-là, confie-t-il. Ce n’est pas un joujou que je m’offre, c’est vraiment quelque chose que j’aime et qui ne m’est pas si étranger, si l’on considère tout ce que je fais», rappelle-t-il, faisant référence à ses racines folk et à son penchant pour le blues. «C’était donc assez naturel pour moi de faire ça.»

Un défi à l’envers

C’est en 1992 que l’auteur-compositeur-interprète se révélait avec Les insomniaques s’amusent, un premier jalon solo étonnant, poétique et quand même complexe. Après deux décennies ponctuées d’œuvres aux teintes uniques, mais toujours aussi inattendues, Chic de ville se veut un exercice rafraîchissant, tout en demeurant à la bonne franquette pour l’artiste. «Je me suis demandé comment je pourrais me simplifier la vie, moi qui suis souvent alambiqué dans mes propres affaires dans ma façon de composer», raconte-t-il avant de glisser qu’il se posait la question «non pas par paresse, mais parce que j’avais commencé en fou avec des chansons très élaborées et je n’étais jamais passé par là, par les chansons à trois accords». D’où le «défi à l’envers», pour reprendre son expression. «C’est mon album le plus “terrestre”: c’est trois accords bien implantés et il n’y a pas de mensonges possibles», résume-t-il.

Haro sur le «fafouinage»

Œuvre sincère, donc, Chic de ville a été enregistré ici et à Nashville, bien sûr. Le disque a été coréalisé par Bélanger et Michel Dagenais (qui a aussi collaboré avec Marc Déry, Jean Leloup et Les Breastfeeders par le passé). Les compères ont également recruté des musiciens de la trempe du batteur Ben Caissie (aperçu au sein du projet Colin Perry & His Bluesicians) et des contrebassistes Richard Gélineau et Eddy Blake (Honky Tonk Heartbreakers et United Steel Workers of Montreal, notamment). «Je ne voulais pas arriver là-dedans en “fafouin”, alors j’ai aussi recruté de grosses pointures rockabilly», explique l’auteur-compositeur-interprète.

Un peu de chance, quand même

«Je me rends compte que si j’avais des doutes sur mes capacités artistiques (à mes débuts), là je n’en ai plus. Je m’assume en tant qu’artiste», glisse finalement le chanteur en riant lorsqu’on lui demande un bilan de ses 20 premières années. «Je suis quand même chanceux. Je pourrais faire la même chose et il n’y aurait pas un chat qui achèterait les disques et qui viendrait aux spectacles!»

Chic de ville

(Audiogram)

Dans les bacs le 5 mars