Bleached : Inoxydables
Musique

Bleached : Inoxydables

Les sœurs Jessica et Jennifer Clavin ainsi que leurs collègues du combo rock garage Bleached amènent leur premier album – et un peu de soleil – à Montréal.

Mardi matin. 9h. La voix de Jessica Clavin est enrouée. La musicienne est toujours au lit, mais éveillée. Incapable de se rendormir à l’orée d’une nouvelle tournée pour son groupe. «C’est notre première tournée avec un album, un vrai de vrai», lance-t-elle, expliquant sa précision par le lot de singles que Bleached a produits au fil des derniers mois.

Bien que ces pièces – à la disponibilité douteuse dans certains marchés – n’aient pas exigé autant de travail que Ride Your Heart Out, le fameux LP dévoilé au début d’avril par l’étiquette Dead Oceans, elles demeurent des jalons intéressants, témoignant des progrès du quatuor depuis sa création plus «ramonesque» en 2010 jusqu’à aujourd’hui, où les accents punk de leur rock garage sont nuancés par des inclinations pour le doo-wop à la Shangri-Las. «C’est venu avec l’âge et avec le développement de nos goûts musicaux», commente Clavin, voyant une évolution organique de leur palette musicale plutôt qu’un quelconque exercice de style.

Le doute et la confiance

Ce sont d’ailleurs ces mêmes 7’’ qui auront permis au quatuor de se retrouver dans des festivals et publications aux États-Unis, au Canada et en Europe. En dépit de l’effervescence entourant la troupe, le camp Bleached, lui, demeurait sur ses gardes en studio. «Il y avait quand même une grosse part de doute», relève Jessica en revenant sur l’enregistrement de Ride Your Heart Out. «Est-ce qu’on va passer au travers? Sommes-nous vraiment capables de produire un album? Un bon album?» Les Clavin et leurs compères se délectent donc du fameux buzz depuis le début avril. «L’album est non seulement terminé, mais lancé, et les premiers échos sont quand même positifs. En y repensant, la pression nous aura servi de coup de pied au derrière!»

Premier album oblige, Bleached est souvent considéré comme un groupe formé de musiciens qui en sont à leurs premiers faits d’armes (les sœurs collaboraient précédemment à Mika Miko, un collectif rock actif depuis 2003). Il y a des années, les Clavin auraient renversé la vapeur en mettant de l’avant leur talent, mais plus maintenant. «J’ai tendance à croire que le respect passe davantage par la confiance qu’on exalte que par un trop gros accent sur la virtuosité», note-t-elle en faisant référence à son expérience, mais aussi à celle d’autres musiciennes évoluant dans le rock garage. «Je trimais beaucoup plus fort quand j’étais plus jeune, mais plus maintenant, car j’ai une meilleure idée de ce que je veux et de ce que je dois faire pour y arriver.»