Karim Diouf : Déclaration d'indépendance
Musique

Karim Diouf : Déclaration d’indépendance

Karim Diouf veut s’imposer avec Adouna, son premier album solo.

Rencontré dans nos bureaux à quelques jours du dévoilement de son disque, Karim Diouf se disait aussi calme qu’optimiste. «Je suis très confiant. C’est le moment, laisse-t-il tomber, tout sourire. Ça fait longtemps que j’attends ce moment-là et nous y sommes finalement.» Et, aux dires du chanteur, longtemps est le mot juste.

Retour en arrière

On se rappellera que l’interprète et musicien a tout d’abord été révélé au grand public par ses collaborations avec des artistes de la trempe des Colocs, notamment, aux côtés de son frère Élage. Karim allait ensuite inaugurer Diouf, un duo en compagnie de son cadet pour ensuite se joindre à la caravane Delirium du Cirque du Soleil. «Si tu mets tout ça ensemble, ça fait depuis 2003 que je n’ai pas fait d’album et depuis 2005 que je n’ai rien fait ici, car j’étais constamment en tournée!», note-t-il avant d’éclater de rire. Parcourant le monde en compagnie d’acrobates, l’aîné Diouf jette les bases pour une carrière solo. «Que ce soit en duo ou avec les Colocs, je ne pouvais mettre qu’un pourcentage de moi là-dedans. C’était des collaborations, après tout», tranche-t-il.

Distiller les expériences 

«J’ai essayé de faire ce qui me ressemble le plus», résume-t-il en abordant la composition d’Adouna, une œuvre alliant Sénégal et Québec, pop et musique africaine. «C’est 100% Karim Diouf, poursuit-il. C’est prendre ce que j’ai amené aux Colocs et à Diouf, par exemple, et l’appliquer sans compromis.»

Adjoint du réalisateur Marc Bell (qui collabore également à l’album à venir de Jason Bajada, qu’on retrouve aussi sur Adouna), Karim s’est attelé à l’enregistrement du CD, une transition qui ne s’est pas faite sans heurt. «Ça n’a pas été difficile, mais il y a eu pas mal de discussions, ma façon de voir la musique étant très proche de la sienne, confie-t-il. Le but était de faire quelque chose d’atypique, je voulais quelque chose d’ici et d’ailleurs.» L’œuvre a d’ailleurs été captée au Québec ainsi qu’au Sénégal. «Après une journée ou deux là-bas, Marc m’a dit: « Là je comprends ce que tu veux faire! »», ajoute Diouf, moqueur.

Pas si estival

Bien que certains critiques soulignent la musique ensoleillée d’Adouna («vie» en wolof), tout comme l’étiquette de disques de l’artiste d’ailleurs, Karim Diouf préfère mettre de l’avant ses textes songés. «C’est de la musique africaine. C’est vrai que ça inspire le soleil et le party, mais c’est autre chose du côté des paroles.» Puis une pause et l’interprète revient à la charge, le bras levé. «J’ai toujours été engagé, pas comme ça, glisse-t-il en faisant référence à son poing surélevé, mais quand même!» Du même souffle, le chanteur prend à titre d’exemple sa chanson La vie en vert, un brûlot abordant notamment le fiasco découlant de la conférence de Copenhague de 2009 sur le climat. C’est pour ça que le disque s’appelle Adouna et non pas, je ne sais pas… Le party, par exemple!»

Adouna

(Audiogram)