Toy Company et musique 8-bit : La revanche des tronches
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Toy Company et musique 8-bit : La revanche des tronches

Mine de rien, la musique dite 8-bit n’est plus réservée qu’aux consoles de jeux vidéo.

Autrefois retrouvés que sur les trames sonores de jeux vidéo ou encore au sein de musiques de niches, les «blips», «bloups» de la musique dite 8-bit, ont bel et bien délaissé la bonne vieille console Nintendo grise. Si le groupe rap français TTC suscitait la musique de jeux vidéo avec son tube Dans le club (entendu sur Bâtards sensibles, produit en 2004), il est allé jusqu’à confier un remix de sa chanson Game Over à Teamtendo, un projet de musique 8-bit. L’année suivante, Beck faisait paraître Hell Yes, un maxi où il enjolivait certaines de ses pièces d’airs qu’on aurait pu retrouver sur un jeu Amiga quelconque.

Plus récemment, Angèle Dubeau livrait un album reprenant des airs connus des gamers en compagnie de La Pietà sur le disque Game Music (2012), alors qu’on faisait des clins d’œil aussi musicaux que visuels aux jeux vidéo rétro dans l’adaptation cinématographique de Scott Pilgrim vs. The World ainsi que dans les séries télé Big Bang Theory et Community. «Non seulement c’est de plus en plus populaire, mais ça va dans un sens comme de l’autre. Beaucoup d’artistes font des reprises de chansons pop en 8-bit», lance d’emblée Francis Yoan Rodrig, cofondateur du collectif et festival de musique 8-bit Toy Company, pour expliquer la multiplication de ces appels de notes.

«C’est un peu comme la montée du dubstep», poursuit celui qui est également artiste 8-bit sous le nom de scène XC3N et animateur d’Infinibit, une émission diffusée sur les ondes de CISM qui aborde les musiques électroniques. «Ça a commencé comme une musique de niche pour certains et un truc méconnu pour d’autres. Puis, ça s’est tellement élargi que ça a dépassé sa propre définition. Il n’est plus rare d’entendre des chansons pop à CKOI dans lesquelles le pont va susciter le dubstep par exemple.»

Bien que certains prennent toujours le genre à la légère – le producteur Timbaland a été reconnu coupable de plagiat pour avoir repris une pièce de Tempest, un artiste 8-bit finlandais, après avoir lancé dans les médias que ce n’était «que de la musique de jeux vidéo» –, la musique inspirée de jeux vidéo ou interprétée sur des consoles ésotériques s’est tout de même institutionnalisée. Bon nombre d’artistes, de labels et de festivals soulignant le genre ont fait surface au fil des années et, évidemment, Montréal compte parmi les gros joueurs d’Amérique du Nord. «On s’est implanté dans le circuit de la Côte Est», explique XC3N. New York compte plusieurs événements qui fonctionnent bien, tout comme Philadelphie et Boston. Il arrive donc que des artistes d’outre-mer, par exemple, aillent se rendre là-bas pour ensuite passer à Montréal avant de rentrer. C’est un arrêt de plus en plus populaire!» Et l’île est autant un phare pour les musiciens 8-bit que pour les orchestres symphoniques revisitant les trames sonores de jeux vidéo à la sauce classique. Mieux encore, des assises s’implantent dans le 514. En plus du festival Toy Company (qui tiendra sa seconde édition les 9 et 10 août à la SAT), on organise maintenant de plus en plus de soirées de musique 8-bit au Foonzo, par exemple, un bar alliant houblon et jeux vidéo.

Pour avoir plus de détails sur Toy Company: toycompany.cc