Osheaga / Vampire Weekend : Montrer les crocs
Musique

Osheaga / Vampire Weekend : Montrer les crocs

Avec son nouvel album, Vampire Weekend tient maintenant tout un brelan entre ses mains.

Joint à Hambourg quelques heures avant de monter sur la scène d’une salle de spectacle qui, des décennies plus tôt, était foulée par Lennon, McCartney, Harrison, Best et Sutcliffe, Rostam Batmanglij semble songeur. Peut-être est-ce la tournée européenne qui s’étire, peut-être est-ce la friture sur la ligne qui rend la communication difficile, mais le multi-instrumentiste prend de longues pauses avant de risque à répondre aux questions, histoire de soupeser chaque mot et virgule. Un processus qui n’est pas sans rappeler la création de Modern Vampires of the City, troisième jalon du collectif paru en mai et – selon l’agrégateur de recensions metacritic.com – CD le plus célébré d’une discographie déjà fort appréciée.

«On demeure quand même surpris», note-t-il. «Non seulement de la réaction critique, mais aussi en concert. À Munich, par exemple, les fans chantaient déjà les paroles des nouvelles chansons par cœur. De notre côté, le rodage s’est également bien passé. Je craignais qu’on ait un mal fou à les sortir d’un contexte de studio, mais il n’y a plus que deux ou trois chansons qui nous posent quelques problèmes d’interprétation, en fait.» Il faut dire que les vampires ont abordé l’enregistrement de l’œuvre avec minutie. En entrevue avec le magazine Electronic Musician, Vampire Weekend a révélé avoir écouté et réécouté chaque pièce de l’album sur une variété de plateformes – allant de la chaîne stéréo luxueuse au iPod accompagné d’oreillettes bon marché – afin de s’assurer que Modern Vampire of the City soit vraiment reçu comme le groupe l’a envisagé.

Question de perception

Alors que la nouvelle fournée est indéniablement plus «sombre» et moins «musique du monde» que les parutions précédentes, Batmanglij ne cache pas que l’étiquette de «groupe d’universitaires s’adonnant à la musique africaine en dilettante», colportée par certains détracteurs du groupe depuis sa découverte sur des blogues de musique, a finalement rejoint le collectif. «Je ne dirais pas que nous nous soucions vraiment des avis extérieurs, mais on s’imposait tout de même une certaine pression. On a discuté longuement avant de se lancer. On voulait vraiment revenir à la charge avec quelque chose dont on serait fier, mais également d’inattendu», confie-t-il avant d’indiquer que le processus demeurait plus instinctif que calculé.

Plus tard, le guitariste et claviériste reviendra sur ce fameux badge accolé par la gent web. «Avec le recul, je crois que cette étiquette qu’on nous a accolée bien malgré nous est peut-être une bonne chose!», lance-t-il, amusé. «On n’a jamais eu l’intention de s’en tenir qu’à un style ou une marotte en particulier. On savait dès notre premier album que notre son allait changer, voire évoluer au fil du temps. Ainsi, ce “buzz” sur Internet nous aura finalement permis de surprendre bon nombre de personnes au fil des années!»

osheaga.com

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