Vincent Vallières : Portrait chanteur coureur de fond
Musique

Vincent Vallières : Portrait chanteur coureur de fond

Vincent Vallières lance son sixième album, Fabriquer l’aube, un disque mûri à coup de kilomètres de course à pied.

Dans les sentiers du mont Orford, les rues de Magog ou sur les pistes cyclables qui y longent le lac, Vincent Vallières court. Sans penser à rien, sans même quelques chansons rythmées aux oreilles, le chanteur use ses espadrilles jusqu’à six fois semaine.

«T’as beau avoir mal au dos, aux genoux, aux pieds, à l’épaule ou à la tête, ça fait partie du deal. T’as quand même envie de te dépasser, explique-t-il. Je te dirais que j’y recherche le silence. Ça m’aide en général dans la vie. Je reviens à la maison essoufflé, mais tout m’apparaît plus clair, tant dans ma vie personnelle que professionnelle.»

Pour le personnel, on laissera Vincent Vallières et les siens tranquilles. De toute façon, à lui seul, le succès monstre de sa pièce On va s’aimer encore a suffisamment amené d’eau au moulin pour justifier plusieurs séances de course à pied.

Ses musiciens et lui avaient presque fini la tournée pour l’album Le Monde tourne fort lorsque la pièce s’est enfin hissée au sommet des palmarès. Il ne devait rester qu’une courte tournée solo, mais des offres de toutes sortes sont tombées sur la table: tournées dans l’est et dans l’ouest du Canada, concerts symphoniques, méga spectacle sur les Plaines dans le cadre du Festival d’été de Québec, invitations sur de nombreux plateaux de télévision.

«Je n’ai jamais participé à autant d’émissions de variété de toute ma vie. J’ai dû apprendre à évoluer dans un tout autre cadre. On ne m’invitait pas pour jouer une chanson, mais pour participer à des quiz… Après réflexion (lire: quelques kilomètres), je me suis permis d’avoir du fun dans ce contexte.»

Comme Haruki Murakami dans son livre Autoportrait auteur en coureur fond, Vallières avoue dans le livret de son nouveau disque, Fabriquer l’aube, que le geste d’écrire des chansons est intimement lié à celui de courir. «Jogger, c’est refuser le confort; tout comme écrire des chansons. Je me demande toujours si c’est bon? Si je peux faire mieux? Si les gens vont me suivre? C’est aussi un remède à l’indifférence. Lorsque j’écris, j’essaie de plus en plus de me projeter dans la vie d’autrui, de comprendre ses émotions, ce qu’il vit.»

Le résultat frappe sur Fermont et Asbestos, deux chansons qui ouvrent une brèche dans la carrière de Vincent Vallières. Si le compositeur et ses musiciens (dont les guitaristes Olivier Langevin, André Papanicolaou et le bassiste Michel-Olivier Gasse) maîtrisent à la perfection les sonorités folk américaines des années 1960, ces deux textes de Vallières, avec leurs portraits poignants d’ouvriers, flirtent davantage avec le répertoire d’un Bruce Springsteen. «Mes deux grand-pères ont fait la grève d’Asbestos en 1949. Ça faisait une dizaine d’années que je voulais raconter l’histoire en chanson, mais je n’étais jamais capable. J’ai finalement réussi grâce aux conversations que j’ai eues avec ma grand-mère Vallières. Puis lorsque j’ai chanté la pièce lors d’un concert à Fermont, des mineurs sont venus me voir pour me dire à quel point ils avaient aimé la chanson. Ils m’ont raconté une partie de leur quotidien, et ça m’a inspiré Fermont

Parions que les ouvriers de Fermont en tomberont de leur chaise.

 

Fabriquer l’aube

(Spectra)

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