Kandle : Essayer pour vrai
Rentrée culturelle - Hiver 2014

Kandle : Essayer pour vrai

Parmi les sensations locales à surveiller en 2014: Kandle, qui dévoile en février In Flames, un premier album très attendu.

L’été dernier, alors que Kandle Osborne lançait finalement une version physique d’un maxi numérique homonyme qui avait fait grand bruit d’un océan à l’autre dès sa parution en janvier 2012, la chanteuse nouvellement transplantée à Montréal qualifiait la métropole de «Disneyland pour musiciens». Un an plus tard, l’artiste  rencontrée chez elle, assise entre son chat et son collaborateur Sam Goldberg Jr.  s’esclaffe. «C’était une excellente citation… et c’est toujours le cas.» Même son de cloche pour Sam. «J’habite Montréal depuis deux ans. J’ai longtemps habité à Toronto auparavant. C’est un autre Disneyland pour musiciens.» Puis, le réalisateur de Kandle et membre de la famille Broken Social Scene chuchote: «Mais je crois quand même qu’il y a plus de musiciens talentueux à Montréal en ce moment!»

La petite histoire…

Si Osborne et Goldberg s’apprêtent à lancer une nouvelle collection de chansons rock pop opaques, les musiciens, eux, s’avèrent incroyablement lumineux. «On se connaît depuis un bail, en fait, poursuit Kandle. Ma sœur travaillait avec lui à Arts & Crafts (NDLR: Une maison de disques torontoise). On ne s’entendait pas encore très bien. Je le trouvais un peu andouille à l’époque. Lui, un adulte, squattait le sofa de ma sœur, alors que moi, à 19 ans, je devais payer une part du loyer!» Goldberg prend le relais: «Mais ça s’est arrangé depuis. Nous avons quelques points en commun.» «La musique et c’est tout!», tranche l’interprète et guitariste. À quand le spectacle d’humour?

Pour la petite histoire, notons que Sam a épaulé Kandle dans l’enregistrement de son maxi en échange d’une séance photo (Osborne étant aussi photographe). «Pour une séance d’à peine trois heures, je me suis retrouvé enfermé dans un studio pour enregistrer un maxi au complet!», revient-il à la charge, sourire en coin. De cette «expérience» (on y reviendra) résulteront un maxi téléchargé plus de 5000 fois, une bonne couverture médiatique, puis une signature sur l’étiquette locale Dare To Care qui lancera l’album à venir.

Ne plus avoir peur

Ainsi, In Flames emprunte le même sillon sombre et onirique du fameux EP… ou si peu. «Je crois que ça demeure quand même dans l’esprit du EP en matière d’esprit et de façon de travailler… sauf qu’on avait un peu plus de moyens alors on s’est permis des folies», fait valoir Sam.

Kandle reprend la parole. «On voulait demeurer fidèles au son qui nous a fait découvrir, mais la musique et la production sont tout de même relevées d’un gros cran! Le EP se voulait tout d’abord une « expérience » enregistrée dans un sous-sol. Depuis, je crois que je me suis vraiment améliorée côté textes, chant et mélodies aussi. Je n’ai plus peur de ce que je peux créer. C’est très excitant.»

Plus tard, elle se dira toujours estomaquée par la réaction à son premier jet. «C’était quelque chose que je n’essayais pas vraiment de faire.» Du même souffle, celle-ci dit ne pas crouler sous la pression, loin de là. «Je suis davantage dans un mood « regardez ce que je peux vraiment faire, maintenant! » Je veux montrer aux gens de quoi je suis vraiment capable… maintenant que « j’essaie » pour vrai!»

Le bon et le mauvais

Malgré un CV de plus en plus exhaustif, plusieurs médias se penchant sur le cas de Kandle Osborne la présente depuis ses débuts presque invariablement comme une musicienne jeune, jolie et dont le père est un grand du rock canadien (Neil Osborne mène la formation 54-40). Une routine que l’artiste aborde avec philosophie. «Souvent, ça ne me dérange pas trop, car ça tourne à mon avantage: mon père a bonne réputation et les jeunes-artistes-qui-font-de-la-musique-cool attirent l’attention des médias.»

L’auteure-compositrice-interprète fait toutefois dérailler la cassette en ajoutant: «Ce qui me dérange, en fait, c’est qu’on compte toujours aussi peu de musiciennes dans l’industrie, et que celles-ci se font souvent comparer que par leur look.» Elle revient au passage sur des comparaisons entre Béatrice «Cœur de pirate» Martin (qui collabore à l’album, d’ailleurs) et la princesse pop Taylor Swift. «Outre le fait qu’on pourrait croire que nous sommes sœurs, je ne vois pas comment on se ressemble musicalement parlant!» Pour appuyer son ras-le-bol, Osborne rappelle également que la pratique ne s’applique pas vraiment aux musiciens. «Jamais on ne compare des artistes masculins que par leur look!»

Elle relativisera ensuite en glissant que «du même coup, ça fait aussi en sorte que j’ai droit à davantage d’opportunités: une couverture médiatique étendue, voire des shootings mode, etc. Comme ça s’annule, je ne m’en fais pas trop avec ça». Sam intervient: «Y’a du bon et du mauvais là-dedans… mais ça demeure plus intéressant comme image que le classique « quatre gars qui jouent du rock ». Le monde en a marre à un moment donné.» Puis Kandle de conclure en imitant Goldberg. «Hé! Regardez-nous! On porte des skinny jeans et on se ressemble!» Ça promet pour le concert de lancement.

In Flames se retrouvera dans les bacs en février sur étiquette Dare To Care. Des concerts seront bientôt annoncés.

À regarder : ce qui inspire Kandle

Nouvelle année, nouvelle folie!

À la suite de l’entrevue avec Kandle, notre collaborateur – le chroniqueur et réalisateur Joseph Elfassi – a rencontré l’artiste afin qu’elle lui présente les objets qui l’inspirent dans sa création. Bien évidemment, d’autres capsules du genre suivront tout au long de l’année.

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