Julien Mineau / Fontarabie : Le cabinet de Fontarabie
Musique

Julien Mineau / Fontarabie : Le cabinet de Fontarabie

Deux années après l’hibernation de Malajube, Julien Mineau refait surface avec Fontarabie, un projet où l’expérimentation est à l’honneur.

Deux années après avoir fait résonner son dernier accord au Théâtre Corona lors d’un ultime concert précédant une pause indéterminée, le chanteur et guitariste de Malajube, Julien Mineau, dit se porter plutôt bien. «Je pourrais dire que ça a été les deux plus belles années de ma vie: relax, pas de job, juste faire de la musique et rencontrer des musiciens!», lance l’artiste d’emblée en faisant référence à la période de création du projet qui allait devenir Fontarabie.

«Comme une psychose musicale»

Projet dont la rumeur tintait depuis des années, l’album  et le groupe à géométrie variable  a véritablement pris forme au cours de cette escale où Mineau, bien installé dans sa demeure campagnarde «qui tombe en ruine», glisse-t-il sourire en coin, a composé, enregistré, voire cauchemardé une œuvre particulière; plus instrumentale que chantée et, surtout, plus orchestrale que «pop». «C’était comme une psychose musicale; surtout vers la fin… Et le mot psychose n’était pas de trop», renchérit-il en se rappelant les légères crises d’anxiété qui auront parsemé cette aventure. «T’sais, le fait de travailler deux ans sur quelque chose pis juste avant de remettre le master, tu te dis « Non. Moi, je tire la plogue! » C’est fuckin‘ dur!»

Éternel insatisfait de surcroît, Mineau a ruminé une cinquantaine de compositions mi-glauques, mi-alambiquées afin d’en arriver à la sélection retrouvée sur ce disque homonyme de Fontarabie. Sans montrer l’étiquette «album concept», l’artiste et nouvellement technicien – il a lui-même enregistré les pièces – y va tout de même d’un certain exercice de style, tant les chansons de l’œuvre ont recours au célesta, un piano aux sons clairs reconnu dans la culture populaire sur Danse de la Fée Dragée du Casse-Noisette de Tchaïkovski… et dans l’introduction du thème de la série de films Harry Potter.

«L’enfance, l’angélique et tout ça»

«Je ne sais pas d’où vient cet intérêt-là tout particulièrement», mentionne Mineau en revenant sur sa découverte de l’instrument. «[Mais] j’ai découvert les [pianos électriques] Wurlitzer avant… Faut croire que je suis attiré par les petits sons aigus!», s’exclame-t-il, badin.

Si le célesta a été souvent utilisé qu’en filigrane, notamment par le passé afin de susciter des ambiances féériques, il confédère ici les compositions de Mineau en plus de leur insuffler une inquiétante étrangeté qui éveille moult images mentales qui allumeraient les fans du docteur Caligari. Un aspect qui chicote son créateur, d’ailleurs.

«Chaque fois que je le fais écouter à quelqu’un, la personne me dit qu’elle y voit elle aussi des images… mais pas moi!», confie-t-il. «Peut-être que je suis trop concentré sur la musique? Peut-être que je la vois d’une autre façon? Je vois qu’avec le célesta, ça peut susciter l’enfance, l’angélique et tout ça, mais je n’y vois pas vraiment de scènes… et ça me fait chier un peu, d’ailleurs!», ajoute-t-il, souriant.

«Un rêve qui prend forme»

Œuvre enregistrée en catimini, dans l’intimité et à l’aide de collaborateurs de la trempe de Simon Trottier (Timber Timbre) et du multi-instrumentiste Benoît Rocheleau (qui a déjà été aperçu auprès des Trois Accords et de Tricot Machine), Fontarabie prendra une tout autre forme sur scène alors que Julien et un orchestre seront réunis (avec notamment Thomas Augustin et Francis Mineau de Malajube, l’artiste visuelle et amoureuse de Julien Virginie Parr ainsi que Frédéric Lambert du Quatuor Molinari).

«Je reviens d’ailleurs de la première répétition avec Thomas et Francis», confie-t-il lors de la rencontre. «C’est un peu comme le même band, mais on ne joue pas la même chose… et on sera 15, 16 sur scène! C’est un rêve qui prend forme. Je suis content que tout ce monde embarque!», ajoute-t-il ensuite, les yeux brillants.

Fini la monogamie

Si un terme, voire un thème, revient souvent au cours de l’entretien, c’est bien «l’expérimentation»; le désir qu’elle provoque et le plaisir qu’on en retire. «Une chose qui est sûre, c’est que je ne reviendrai pas « monogame »», tranche-t-il. «Malajube, ne sera plus juste « ma vie ». J’ai d’autres projets d’enregistrement avec d’autres artistes comme réalisateur et collaborateur, puis je veux continuer Fontarabie tout en poursuivant avec Malajube en même temps.»

«Je suis motivé depuis ce projet-là», s’exclame-t-il, pas peu fier. «Je vais archiver les 40 autres pièces que je n’ai pas choisies pour l’album, puis je repars à neuf avec un gros bagage… et une longueur d’avance!»

Version numérique de l’album disponible maintenant. Version physique disponible le 10 juin sur Dare To Care Records.

En concert le 15 juin aux Théâtre Maisonneuve dans le cadre des Francofolies.

Détails sur fontarabie.com.

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