Dear Criminals : Même combat
Musique

Dear Criminals : Même combat

Le trio montréalais électro-folk Dear Criminals sort un deuxième maxi en moins de huit mois, Crave, qui est toujours aussi ancré dans le minimalisme et l’esprit d’indépendance. 

À l’aube de la sortie de ce deuxième EP de six pièces réalisé par Philippe Brault et Mark Lawson, les motivations derrière Dear Criminals sont toujours les mêmes depuis que le projet électro-folk a pris forme en 2012. En gros: y’a aucun stress! Pour Frannie Holder, Charles Lavoie et Vincent Legault, Dear Criminals est une formation secondaire (Random Recipe et betalovers étant leur groupes principaux), mais c’est un projet important puisqu’il leur permet de décompresser; de faire de la musique quand ils en ont le temps, l’envie et sans étiquette de disque, ce qui permet une mise en marché plus rapide.

«Je trouve ça le fun qu’on était en studio y’a 10 jours et qu’on sort ça là et que, dans deux semaines, on ne sait pas ce qu’on fait!», raconte Vincent, principal arrangeur du groupe, rencontré le week-end dernier. «C’est ce qui nous plaît, intervient la chanteuse et musicienne Frannie. En enlevant un intermédiaire, on est plus collé avec notre public. On a conscience de qui l’achète dans le monde et pourquoi. Un label n’est pas nécessaire dans ce qu’on a besoin de faire. Ça va ralentir l’affaire.» Et puis Charles (aussi chanteur et musicien) complète: «Tant qu’on sera stimulé artistiquement, ce projet-là va vivre. Le jour où on ne le sera plus, ben il va juste mourir. Mais quand t’as une équipe qui dépend de ton travail, c’est plus difficile de mettre fin à ça du jour au lendemain.»

Et ce mode de production sans contraintes, ça s’entend sur Crave (et sur le précédent EP Weapons aussi, d’ailleurs). La musique de Dear Criminals, plutôt minimaliste, respire bien. Les trois musiciens s’assurent de laisser l’espace nécessaire pour chaque élément. «C’est facile de toujours en mettre plus que le contraire. Mais comme on a ces deux voix-là [Charles et Frannie], tu écoutes et tu te dis, “OK, c’est pas nécessaire d’ajouter une autre ligne de keyboard, glisse Vincent. C’est facile en studio de faire “yessir yessir yessir, on ajoute!”, mais en écoutant la force des mélodies et les deux voix, on navigue facilement.» Même son de cloche du côté de Charles, qui y va également d’un commentaire personnel: «Je reproche ça à bien des groupes que j’ai aimé: leur premier EP m’a tué et c’était juste guitare-voix et après ça, c’est le gros band. As-tu vraiment besoin de bass drum? Ce qu’on fait n’est pas volontairement un pied de nez à la musique surproduite, mais je trouve que tout est un peu trop et des fois ça m’énerve.»

Sur Crave, alors que les textes de Charles et Frannie – deux âmes qui se retrouvent plutôt bien au niveau de l’écriture – sont toujours plutôt sombres, chose que Frannie trouve plus facile à faire, les pièces ont davantage été produite à trois. «Sur Weapons, c’est un peu des tounes qu’on avait sorti des boules à mittes, des pièces avec lesquelles on n’avait jamais rien fait. Mais là, on a vraiment créé ensemble et je pense que l’apport de chacun est super important sur cet album-là.»

Crave

Disponible le 22 avril.