Osti One et DoubleD : De connivence
Musique

Osti One et DoubleD : De connivence

Bien assis sur la terrasse d’une rôtisserie portugaise à deux pas de leur studio sur Rosemont, le rappeur Osti One (K6A) et le producteur DoubleD (Les Ducs du Hasard, Payz Play, Atach Tatuq) discutent de Snapkit, une première collaboration qui reflète assidument leur complicité spontanée.

«J’vais prendre la croquette de morue, le pâté de crevettes, le demi-poulet avec juste des frites pis une Molson Dry», énumère Osti One au serveur, en début d’entretien. «Bro, deux entrées pis un demi-poulet ? Tu mangeras jamais tout ça», réplique son acolyte, en le mettant au défi.

Jusqu’à maintenant, le penchant d’Osti One pour la démesure l’a bien servi. C’est un peu (beaucoup) grâce à lui que Snapkit, l’album, voit le jour. «Il est venu me dire sur Facebook qu’il avait aimé un de mes beats sur Les Ducs du Hasard. J’étais vraiment touché et je l’ai tout de suite invité à venir enregistrer une track», explique DoubleD (alias RU de feu Atach Tatuq) à propos de la  genèse du projet. «Vu qu’on a eu pas mal de fun, j’ai ensuite lancé l’idée d’un EP de trois tounes. Il m’a dit ‘’non, on va en faire 10 pis ça va être un album’’.»

«Ça a bien fonctionné», résume Osti One. «Ça me prenait quelqu’un qui opère à ma vitesse. Le problème des gars avec qui je travaille habituellement, c’est qu’ils sont super lents. Moi, j’te fais un verse par jour, j’m’en câlice.»

C’est cette spontanéité créative qui transcende l’ensemble de Snapkit, particulièrement au niveau de la livraison impulsive des textes. «La plupart du temps, Osti arrivait en studio avec rien, aucune préparation», indique DoubleD, qui a priorisé les basses lourdes et les échantillons de rock progressif pour l’album. «45 minutes après, il avait déjà pondu un 16 barres et était, en plus, prêt à l’enregistrer.»

Sur ChopChop, on peut d’ailleurs entendre un certain tiraillement dans la voix du rappeur, dû à un mal de gorge assez persistant. «Y’a fallu que RU me donne une affaire de saline pour que ma voix redevienne normale au courant de l’enregistrement», se rappelle Osti. «C’était un truc homéopathique qui traînait sur mon bureau depuis six ans», ajoute DoubleD. «Ma mère m’avait refilé ça dans le temps que j’faisais des shows avec Atach Tatuq.»

«J’ai pu le goût de rapper»

Chose certaine, le producteur dans la mi-trentaine ne risque pas de se resservir de son antibiotique miracle dans un délai rapproché. «Je veux pu faire de shows, ça m’intéresse pu. J’ai une job saisonnière qui m’en demande beaucoup», confie-t-il. «Idéalement, j’aimerais ça qu’Osti se pogne un DJ et qu’il en fasse.»

Afin de se concentrer au perfectionnement de ses compositions, le vétéran se dit même prêt à tirer un trait sur sa carrière de rappeur, qu’il a amorcé en 1999 avec la chanson Suck It sur la compilation classique  Montréalité. «J’ai pu le goût de rapper, les kids sont trop bons», avoue-t-il, sans amertume, en citant notamment Dead Obies et Loud Lary Ajust. «C’est pas une décision officielle, c’est juste que ma vie est loin du rap en ce moment.»

«C’est drôle parce que Suck It, c’tait le genre de shit qui faisait que j’voulais pas rapper à l’époque, quand j’avais 16 ans. J’trouvais que le gars au micro était trop bon», renchérit Osti One, en même temps qu’il termine son festin.

«T’avais raison man, je finirai pas mon assiette», lance-t-il ironiquement à son complice – signe qu’il a été, comme à l’habitude, à la hauteur de ses ambitions.

«C’est odieux… J’aurais dû te chronométrer.»

Lancement de Snapkit ce vendredi au Salon Officiel en compagnie de Toast Dawg et Sev Dee.