Tiken Jah Fakoly : États unis d'Afrique
Musique

Tiken Jah Fakoly : États unis d’Afrique

Tiken Jah Fakoly lance un urgent appel à l’unité africaine sur son nouvel album.

Le chantre du reggae africain s’apprête à venir défendre sur les scènes de Montréal, Québec et Sherbrooke son huitième effort, le tout récent Dernier appel. Comme sur ses précédents albums, Tiken Jah Fakoly propose un reggae métissé où les instruments africains sont toujours bien en évidence et où la prose se veut combative et rebelle. Le chanteur renoue aussi avec ce sentiment d’urgence qui caractérisait certains de ses premiers albums. C’est le dernier appel du vol Africa. «Je lance un appel urgent à l’unité des Africains et à l’union des pays africains. Parce que sans unité, l’Afrique n’avancera pas», précise le chanteur ivoirien au bout du fil. «L’Afrique c’est 54 pays divisés. Aujourd’hui, le monde est dirigé par des grands pays comme les États-Unis qui sont 52 états, tout comme l’Union européenne qui compte 27 états. La Chine est un grand pays par son énorme potentiel humain, la Russie est aussi un grand pays unifié. Le seul endroit où règne encore une division, où il n’y a pas de pouvoir fort, c’est l’Afrique! Donc nous, en tant qu’artistes, on essaie d’interpeller les Africains, de les convaincre de l’importance d’une Afrique unie, de leur faire comprendre que c’est leur responsabilité d’agir maintenant, car si on ne s’unit pas, on continuera d’être exploités et d’être des sous-pays!»

Tiken Jah Fakoly ne fait pas que dénoncer et pointer du doigt, il passe de la parole aux actes. Le chanteur est reconnu pour ses actions pérennes qui se traduisent par une implication sociale et culturelle dans certains pays d’Afrique. «Je tente simplement d’apporter ma contribution au développement du continent africain. Donc il y a ce complexe culturel à Bamako, où il y a un studio d’enregistrement, deux salles de spectacles, un restaurant et une future radio. J’ai fait construire cinq écoles sur le continent africain: deux écoles primaires en Côte d’Ivoire, une au Niger, une autre au Burkina Faso et un collège au Mali. La prochaine école sera construite en Guinée-Conakry. On essaie d’apporter notre soutien de différentes façons, par exemple on a offert une ambulance à un village de la Côte d’Ivoire… On essaie d’être solidaires et de surtout ne pas s’arrêter qu’aux mots!»

Identité reggae

Depuis ses débuts sur disque, Tiken Jah se fait un devoir de toujours intégrer différents instruments africains dans sa musique. Sur Dernier appel, on en dénombre une dizaine. Un parti pris? «C’est pour donner une autre couleur au reggae. On ne fera jamais le reggae mieux que les Jamaïcains, mais on peut apporter quelque chose de différent à cette musique, prouver que l’essence du reggae provient de l’Afrique comme l’affirmait Bob Marley. Ça permet de sortir cette musique d’une certaine monotonie et de donner une identité au reggae africain. Nous avons la chance en Afrique d’avoir un nombre incalculable d’instruments traditionnels, ce serait dommage de ne pas en profiter!»

Nourri aux Bob Marley, Burning Spear et autres Dennis Brown, le chanteur ivoirien touche de temps en temps aux musiques africaines plus traditionnelles, comme en font foi les pièces Saya et Tata, dont cette dernière est une ode à la défunte mère de sa fille, parue sur l’album Cours d’histoire en 1999 et qu’il reprend ici de manière plus épurée. «J’ai bien l’intention de faire un album acoustique un jour, admet Tiken Jah. Je veux en faire un avec la kora, la guitare, la n’goni, qui est une petite kora, et plusieurs autres instruments traditionnels acoustiques. Mais pour le moment, je reste au reggae, car c’est une musique de combat, d’éveil de conscience, et l’Afrique aujourd’hui a encore besoin d’une musique pour la réveiller et l’unir. Le reggae est sans doute le parfait véhicule».

Le 9 juillet à 20h30 à l’Olympia, dans le cadre du Festival international Nuits d’Afrique festivalnuitsdafrique.com

Le 10 juillet à 21h30 à la Place D’Youville, dans le cadre du Festival d’été de Québec infofestival.com

Le 11 juillet à 20h sur la grande scène extérieure de Sherblues & Folk sherblues.ca