Christine and the Queens : Un buzz humain
Musique

Christine and the Queens : Un buzz humain

Il y a un gros buzz pour l’artiste pop Christine and the Queens dans l’Hexagone et cette curiosité traverse  l’Atlantique alors que son premier album complet, Chaleur humaine, sort au Canada.

S’inspirant des grands noms de la pop et de la culture queer, Héloïse Letissier avait déjà un son en tête lors des débuts du projet Christine and the Queens: des chansons pop-électro assez produites mais sans trop de flafla. Elle mentionne en entrevue admirer «l’électro-bizarre» des Suédois de The Knife et adorer les productions très puissantes mais assez minimalistes du hip-hop américain.

«La seule chose qui a évolué avec le temps, c’est plus la langue dans laquelle j’écrivais parce qu’au début j’écrivais en anglais et plus ça allait, plus j’ai commencé à écrire en français avec ces références-là, avec ce son minimaliste. Mais le son en lui-même et la musique que je voulais faire, je pense que j’ai toujours voulu défendre cette esthétique-là.»

Une pop-électro qui s’assume, donc, et un personnage au look plutôt androgyne – la fameuse Christine du nom – qui permet à la principale intéressée de mieux s’assumer, justement, mais aussi de s’explorer.

«Avec Christine, je suis plus décomplexée. Je suis plus libre et je m’autorise plus de choses. Mais c’est sûr que ce qui nourrit Christine c’est avant tout moi – la personne qui vit les émotions derrière. Christine elle est là pour amplifier. Je dis souvent que c’est une solution. C’est-à-dire que – quand j’ai l’impression que j’échoue dans la vie ou qu’il y a des choses qui me font de la peine, ou qui pèsent trop lourd, j’ai toujours l’impression que Christine, elle, arrive à en faire quelque chose – la tristesse que je peux avoir, elle en fait quelque chose. Donc, c’est aussi une formule magique.»

S’attachent à Christine ces «Queens», qui ne sont pas les musiciens ou danseurs qui l’accompagnent sur scène, mais plutôt un hommage à des travestis rencontrés non pas sans hasard dans un club de Londres. En s’immisçant dans cet univers queer, la jeune femme, qui dit ne pas être elle-même très flamboyante, a été grandement inspirée par les gens qui se transformaient sur la scène.

«Avant de faire de la musique, je faisais du théâtre, donc j’ai toujours été intéressée par la métamorphose, par le déguisement, par une esthétique de s’inventer soi-même», mentionne-t-elle. «Les Queens m’ont fait découvrir le «voguing» et des mouvements de danse particuliers qui sont assez marqués queer, donc elles m’ont donné des références en plus. Mais j’étais déjà fascinée par des personnages assez queer comme Klaus Nomi, David Bowie période Ziggy Stardust, tout ça. C’était des figures qui me touchaient beaucoup déjà.»

En février dernier, Christine and the Queens a été révélée au grand public lors d’une prestation aux Victoires de la musique. Depuis, c’est la nouvelle sensation en France et les dates de spectacles se multiplient. N’y a-t-il toutefois pas un danger, une crainte à être classée ainsi (le buzz de l’heure) puisqu’on doit ainsi se battre pour une certaine durabilité?

«Oui, c’est une de mes grandes angoisses. Disons que ce qui fait toujours un peu peur, c’est que c’est formulé comme «le buzz du moment», «la chanteuse du moment». Ce genre de formulation m’a toujours fait froid dans le dos parce que – et même moi en tant que consommatrice, je m’en rends compte – les gens ont toujours besoin de nouvelles têtes, de chanteuse de la saison qui sera remplacée par une autre. On a l’impression qu’on peut être assez périmé rapidement. Ça m’a fait très plaisir qu’on parle de moi comme d’un buzz tout court, mais j’ai déjà des idées pour le 2e album alors ce serait super que je ne soit pas périmée trop rapidement!»

Chaleur humaine disponible maintenant

christineandthequeens.com