Bernhari : Troubadour contemporain
Musique

Bernhari : Troubadour contemporain

Il entretient une fascination pour la Russie, mais il préfère ne pas en parler. Il est signé sous Audiogram, mais il ne veut pas que la presse l’interroge sur ce mariage. Alexandre Bernhari cultive une aura de mystère autour de sa personne, de son projet solo en incubation depuis deux ans.

Au téléphone, c’est étrange : Bernhari a la même voix que son collègue Alex Nevsky et cet accent montréalais si distinctif, comme teinté par l’anglais et le flow hip-hop. Un contraste frappant avec sa voix si haute perchée, une voix presque tremblotante, élégante, et résolument androgyne mise à l’avant dans le mix de ses chansons. Il y a quelque chose de presque aristocratique chez lui, une éloquence dans sa manière d’interpréter ses propres mots qui semblent le ronger de l’extérieur.

Flous et poétiques, les textes d’Alexandre naissent de faits bien réels qui sont ensuite magnifiés par l’imagination du principal intéressé. C’est le cas du premier extrait intitulé Kryuchkova. « J’ai rencontré une femme très étrange dans la rue pendant les manifestations [N.D.L.R. : du printemps 2012]. Elle m’avait dit qu’elle s’appelait Kryuchkova mais c’était clairement inventé. Je suis allé faire une recherche et je suis tombé sur le nom d’une actrice russe qui chantait aussi et j’ai trouvé ça très intéressant. Ç’a été le point de départ, mais le reste de l’histoire a été complètement inventé. »

 

Rompre avec le passé

Avant de se produire sous son (vrai) nom de famille, Bernhari a été la pierre angulaire de deux groupes : L’Étranger et L’Ours. Deux projets qui ont complètement disparu de la surface du web. C’est Alexandre, lui-même, qui a effacé toutes les traces de ses projets avortés. « L’idée, c’était de passer à autre chose. Je suis quelqu’un d’assez radical. Quand je fonce dans quelque chose, j’y vais à fond et je prends des décisions qui sont près de mon instinct. »

Mais il n’est pas seul dans sa barque. Cette fois, l’auteur-compositeur-interprète est entouré de musiciens (en l’occurrence : le bassiste Shawn Cotton et le guitariste Simon Quévillon) qui ont conçu les arrangements avec lui. À la réalisation, le même Emmanuel Ethier qui a travaillé avec Jimmy Hunt et Cœur de Pirate. « Je ne savais pas vraiment c’était qui. C’est un ami qui me l’a présenté dans une soirée à l’Esco. »

 

Engagé, mais pas comme les Cowboys Fringants

 

« Je ne veux pas tomber dans le cliché de l’affaire, mais j’ai quand même de la misère à ne pas le faire parce que les manifestations de 2012 ont été pour moi un moment marquant. Marcher dans la rue et vraiment sentir les gens ensemble, moi, j’en avais les larmes aux yeux. Ça vient me chercher, j’ai été troublé par ça.» Qu’en reste-t-il, maintenant, sur ce disque homonyme? Des émotions, des thèmes, un parfum de révolte. « J’ai joué dans ça sans mettre au premier degré. »

Reste que la plage 2 de l’album réfère à un lieu hautement médiatisé, ne serait-ce que par son titre : Sagard. Un clin d’œil évident au surréaliste (et cossu) domaine Laforest, là où l’organisation Anonymus était parvenue à s’infiltrer lors d’une réception en 2008. « Paul Desmarais, je le connais pas et je ne peux pas vraiment me prononcer sur sa personne. Les gens qui l’ont rencontré semblent l’avoir apprécié énormément, mais maintenant qu’il est mort, c’est un peu bizarre de parler contre le personnage. Reste que pour moi, c’était un symbole. »

 

Bernhari

(Audiogram)

En magasin le 26 août

 

Lancements :

Mardi 2 septembre à 19h au Cercle (Québec)

Mercredi 3 septembre à 19h au Cabaret du Mile-End (Montréal)