Hôtel Morphée : Être ailleurs
Rentrée culturelle 2014

Hôtel Morphée : Être ailleurs

La formation montréalaise Hôtel Morphée propose un deuxième album coup de poing, Rêve américain.

Le groupe de pop-rock alternatif Hôtel Morphée revient avec un deuxième album en moins de deux ans, Rêve américain, une œuvre qui a du punch. La formation montréalaise délaisse un son plus atmosphérique pour explorer davantage le rock et l’électro avec ce nouveau disque réalisé, comme son prédécesseur Des histoires de fantômes, en compagnie de Philippe Brault.

«C’est un regard sur le mythe américain, un regard des fois teinté d’une pointe d’ironie, des fois d’une pointe admirative», explique d’emblée le batteur Stéphane Lemieux.

Quoique le visuel dévoilé autour de Rêve américain soit assez imagé – une femme poignardée dans un lit, des dents serrant une balle de fusil – et que les textes de cette nouvelle offrande puissent sembler sombres – «J’ai rêvé que l’on se tuait et ensuite que l’on se manquait», entend-on sur la pièce-titre –, les principaux intéressés se font rassurants quant à leur proposition. «Les chansons comme Psycholove, qui parle de deux psychopathes qui tombent en amour, pour moi, c’est quand même de l’humour noir», précise la chanteuse et musicienne Laurence Nerbonne. «Quand j’avais l’idée en tête, c’était deux genres de Dexter qui se rencontrent. Je pense qu’il y a côté un peu léger aussi à ça, qu’on a essayé de représenter par la musique avec des rythmes quand même entraînants.»

Quelque chose d’autre

Depuis ses débuts, il y a quelques années, Hôtel Morphée a fait les bons pas (participations à des concours, apparitions dans le cadre de festivals), et il s’est développé chez le groupe un intense désir de vouloir se démarquer, de faire les choses à sa manière et de ne pas nécessairement suivre les courants musicaux du moment. Les influences d’Hôtel Morphée sont plutôt anglo-saxonnes, avoueront les musiciens, mais leur offre n’est pas pour le moins authentique, assure Laurence. «C’est pas parce que t’essaies de faire quelque chose qui est différent, maquillé, spectaculaire, que ce n’est pas authentique. C’est l’art, aussi, que ce ne soit pas nécessairement authentique, et ça ne veut pas dire que t’es pas vrai là-dedans. On voulait faire des clins d’œil à une Lady Gaga. C’est pour ça qu’on utilise l’auto-tune dans les chansons, mais de façon dénaturée. Je pense qu’on essaie de se dire: « On a le droit de faire des trucs comme aux États-Unis, nous aussi, et ça ne fait pas de nous moins des Québécois ».»

Plus tard dans l’entretien, Laurence Nerbonne reviendra sur cette même question identitaire en mentionnant aussi que son groupe a toujours ce fort désir de s’exporter dans d’autres marchés. «Je pense qu’on est bien trop gênés, les Québécois. On est complexés par moments, mais on devrait être fiers de ce qu’on fait et on devrait aller le montrer au monde. Faut vraiment comprendre que ce n’est pas parce qu’on essaie d’aller ailleurs qu’on est moins Québécois. On devrait être fiers d’Arcade Fire et des Barr Brothers, qui viennent du Québec. C’est une culture qu’il faut montrer au monde avec fierté.»

Hôtel Morphée, complété par les musiciens André Pelletier et Blaise Borboën-Léonard, a confiance en ses chances de se propulser en Europe, aux États-Unis et ailleurs. Lorsqu’on parle de l’intérêt envers le groupe dans les marchés étrangers, Stéphane Lemieux affirme: «Je pense que tout ça est très, très possible, que tout dépend de la proposition. Aux États-Unis, y’a des groupes allemands ou espagnols qui marchent bien. On a tous écouté des groupes anglophones sans comprendre un mot, mais les propositions étaient bonnes, donc tu vis quelque chose quand même en écoutant ça.»

Rêve américain (Audiogram) en vente le 9 septembre. Lancement à Montréal le 10 septembre au La Tulipe; le 9 septembre au Cercle à Québec.