Adam Cohen : Ambiance familiale
Musique

Adam Cohen : Ambiance familiale

Après le succès considérable de Like A Man, Adam Cohen trébuche puis retrouve les siens sur We Go Home, son nouvel album.

Difficile d’être Adam Cohen.

Comme si les comparaisons à son illustre père — et les questions quotidiennes — ne suffisaient pas, la filiation fait en sorte que l’auteur-compositeur-interprète entamant la quarantaine est aussi exigeant qu’aventureux. Une attitude qui plait aux mélomanes, certes, mais un peu moins aux bonzes d’une industrie de plus en plus famélique. «Oui j’ai dépensé le budget et j’ai déçu beaucoup de monde, mais ce n’était pas fidèle à la promesse que j’avais faite aux gens avec le disque précédent», tonne-t-il, installé dans le jardin de la demeure familiale à Montréal en faisant référence à une version précédente de We Go Home qu’il a jeté aux orties au dernier moment. «Il n’était pas bon! C’était inacceptable. Ce n’était pas moi! C’était trop… ambitieux? Il y avait trop de gel dans les cheveux et trop de parfum aussi! On sentait le trucage, quoi!» Puis, une pause de vapoteuse et Cohen clame, les yeux brillants qu’«heureusement que je l’ai fait, car celui-ci est meilleur!»

De l’impact d’enregistrer en maillot de bain

Dès le titre, la table est mise.

We Go Home; un retour aux bercails montréalais et grecs qui ont vu grandir Cohen et qui servent désormais de studios de fortune pour recommencer une production revue et corrigée. Au-delà des images romantiques qu’un tel exercice peut susciter, l’exercice de style a surtout permis au chanteur et ses musiciens d’enregistrer une œuvre où intimité et collégialité rencontrent une certaine virtuosité.

«C’était tout un challenge!», s’exclame l’artiste ténébreux. «La proximité des musiciens, le manque de matériel, le familier…», énumère-t-il en faisant référence aux souvenirs retrouvés en ces lieux, mais aussi à l’hospitalité qui s’en dégage. «À Montréal, il nous arrivait de jouer le matin en robes de chambre et pyjamas alors qu’en Grèce, c’était en costume de bain!» Des endroits — et tenues — qui, mine de rien, s’entendent sur We Go Home selon le principal intéressé. «Tout ça faisait en sorte qu’on ressent ce naturel et cette camaraderie sur l’album malgré des limitations techniques féroces comme, par exemple, l’absence d’isolation entre musiciens. Il fallait donc jouer les chansons ensemble et les reprendre plusieurs fois parce que “Non, c’est toi qui s’est trompé!” ou encore “La prise est parfaite… sauf moi alors on recommence!”»

Lexique généalogique et bébés de tous les genres

Bien que Cohen y va de bon nombre de chansons romantiques — et même d’un brulot engagé sur UniformWe Go Home approfondit surtout le sillon exploré sur Like A Man. En plus de revenir sur la relation entre Adam et Leonard, le premier aborde également son propre rôle de père. «Parfois, je suis le père. Parfois, je suis le fils», concède l’artiste avant de préciser qu’il «applique un lexique qui m’a été transmis et que j’adapte ensuite pour mon propre enfant. Bien sûr, il y a d’autres thématiques, mais le disque demeure trempé dans le familial.»

Malgré une refonte de l’œuvre avec laquelle il est maintenant confortable, Adam Cohen demeure toutefois nerveux. «C’est mon bébé! Ça me stresse beaucoup! Ça compte beaucoup!», lance-t-il lorsqu’on mentionne la sortie imminente dudit disque. «Ça sort bientôt, je pars demain en tournée et je n’ai pas encore fait ces chansons-là sur scène. Je ne sais pas à quoi m’attendre. On espère que le rodage ne sera pas trop long, car on le fait quand même devant des gens qui ont acheté des billets!»

Puis, quand on lui rappelle qu’un journaliste britannique lui consacrait récemment une critique fort élogieuse après un des premiers concerts de rodage donné en toute intimité, le chanteur et musicien tranche que «c’était une critique beaucoup trop généreuse pour ce que c’était comme spectacle. C’était un concert qui ne s’est pas passé aussi bien qu’il le dit, mais, heureusement, il n’y avait pas beaucoup de personnes et ce monsieur a quand même écrit de belles choses à son sujet. C’est flatteur, mais ça ne me soulage pas!»

 Bref, difficile d’être Adam Cohen.

We Go Home arrive dans les bacs le 15 septembre. En spectacle le 18 septembre à l’église Saint John the Evangelist dans le cadre de Pop Montréal. Tournée québécoise à venir en novembre.

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