Fanny Bloom : Acte d'indépendance
Musique

Fanny Bloom : Acte d’indépendance

Pan, c’est la flûte, l’oiseau, le labyrinthe, le nom de famille de Peter. C’est aussi le titre du deuxième album de la fille de La patère rose qui, justement, est rendue loin de La marelle et de Pacemaker. Entrevue avec une artiste en pleine possession de son destin.

Elle est généreuse en entrevue, fraîche, candide. Fanny Bloom parle avec un bouquet de mots fuchsia et vert pomme, une sensibilité introspective d’ingénue et un lexique franglais qui grafigne. Comme si Anne Shirley, celle aux pignons verts, avait été une citadine des années 2010 qui porte des crop tops.

Au bout du fil, la chanteuse a une voix bien plus basse que celle qu’on entend sur les disques. C’est la même fille, c’est indéniable, mais on la sent plus pudique au téléphone qu’en studio ou au moment de prendre le crayon. Exit les questions sur sa vie amoureuse, sa relation de couple avec Thomas Hébert (alias Roboto) de Misteur Valaire et de son histoire avec le mystérieux Sammy Sammy. On ne les posera pas. De toute façon, elle en dit plus dans ses textes, malgré leur couche de mystère. Sa prose, c’est son jardin secret. Un exutoire aussi. «L’élément déclencheur, c’est toujours une émotion super, super forte. Soit que moi je vis ou que les gens près de moi vivent. Faut que ça vienne me chercher, que ça soit intense, mais ça me fait full du bien. […] Mes amies filles me donnent pas mal de jus. J’ai des petites drama queens autour de moi, quand même!», lance-t-elle dans un éclat de rire.

Drama Queens, c’est justement le nom qu’elle a donné à la plage 7 du disque et (surtout) une référence à l’œuvre de la regrettée Vickie Gendreau. Une rencontre tardive qui a inspiré l’auteure-compositrice-interprète. «J’avais écrit la chanson quelques jours avant la lecture du livre en sachant pas trop pourquoi. Y’avait rien dans ma vie à ce moment-là qui m’aurait fait écrire ces paroles-là. Pendant la lecture, je me disais: « Voyons, c’est ma toune! » J’associais vraiment ma chanson avec l’histoire, et toute l’histoire de Vickie et sa personnalité. […] Je lui ai écrit pour lui offrir la chanson, lui demander l’autorisation de l’appeler Drama Queens, et elle a mis la chanson à la fin de sa vidéo.» Nul besoin de dire que les échanges de courriels avec la reine l’habitent encore. 

Essayer quelque chose de nouveau

Cette fois encore, Fanny Bloom a fait équipe avec le réalisateur Étienne Dupuis-Cloutier qui cosigne toutes les chansons avec elle. C’est avec lui qu’elle a développé une nouvelle signature tropicale. Bruits d’oiseaux et de vent, flûte de pan (ça va de soi!), marimba, trompette. «Avant, inconsciemment, je me disais qu’il fallait que je continue avec des instruments plus standards. […] Je trouve que, souvent, on a peur d’explorer la musicalité, du côté francophone. On a donc ben peur de pas plaire!»

De toute façon, ça s’entend: l’ex-Patère ne se limite pas aux frontières de la belle province pour trouver du stock à mettre dans ses oreilles. «J’ai beaucoup écouté Solange, entre les deux albums, et ç’a été une découverte. Sinon, y’a Lana Del Rey, mais je suis pas la seule a avoir été touchée par ça», affirme celle qui admire aussi la Suédoise Lykke Li, qu’elle cite en référence depuis le début de sa carrière.

Fanny, elle aime la pop et c’est le mot qu’elle choisit pour étiqueter sa musique, même si elle était nommée dans la catégorie «Meilleur album alternatif» au Gala de l’ADISQ de l’an passé. «On a toujours un mot à dire sur la catégorie dans laquelle on est nommé. M’inscrire dans les trucs pop, ça voulait dire m’inscrire avec Marie-Mai, mettons, et ça me tentait pas du tout. Faudrait qu’il y ait une catégorie pop alternative pour être vraiment juste!»

Reste que, comme Marie-Mai et les autres ressortissants de concours comme Star Académie ou La Voix, la chanteuse de Grosse Boîte fait maintenant partie du club très sélect de ceux qui jouent dans les radios commerciales. Grâce au single Piscine, faut-il le préciser.

«Depuis le début de ma carrière, j’avais toujours été refusée par les radios. Parce que ma voix est trop haute et pour mille autres raisons. Quand NRJ a lancé le bal, j’ai eu une très forte émotion. Je me suis dit: « Crisse, on a réussi, men! » J’en revenais pas. Ç’a été le début d’un nouveau monde pour moi.» Reste à voir si Danse, le vitaminé deuxième extrait coécrit avec Daniel Beaumont (le même qui travaille avec Louis-Jean Cormier et Tricot Machine) trouvera sa place au soleil.

Pan (Grosse Boîte)

En vente maintenant