KPLR : Obsessionnels perfectionnistes
Musique

KPLR : Obsessionnels perfectionnistes

Ils passent plus de temps ensemble qu’avec leurs blondes, se rejoignent au local au minimum trois fois toutes les semaines. Ni la fièvre ni les lendemains de brosse ne les arrêtent. Disciplinés et éternellement insatisfaits, les membres de KPLR scrutent le moindre riff au microscope.

À la table, pour l’entrevue, ils sont trois. Frédéric B. Girard (voix principale et basse), Didier Noreau (batterie) et David St-Germain (guitare). Trois musiciens, trois langues bien pendues; l’éloquence des longs routiers ou des hommes de théâtre. Il n’y a pas de frontman déterminé dans ce groupe-là. Tous sont sur le même pied d’égalité, comme la photo de presse en témoigne.

Même si KPLR a été formé en 2012, chacun de ses membres a déjà un CV bien rempli en solo. Noreau a joué au sein d’Uberko avant le démantèlement de ce groupe devenu projet solo, St-Germain a surtout fait du jazz en mode corpo et Girard a quant à lui formé Monogrenade avec son actuel chanteur Jean-Michel Pigeon. «C’est moi qui chante sur La saveur des fruits. Après ça, on a fait les Francouvertes, on a été signés par Bonsound et moi je suis parti quand c’était le temps de faire l’album. […] C’est comme une séparation, c’est comme une ex, comme une rupture. Ça a vraiment été difficile pour moi, mais là j’ai tourné la page. J’ai pas d’animosité envers personne là-dedans.»

De toute façon, Frédéric habite maintenant à Québec. C’est là, et plus précisément au Fou Bar de la rue Saint-Jean extra-muros, qu’il a rencontré David un mardi soir où il voulait aller boire du scotch et écouter du jazz. Quelques jours plus tard, les deux gars jammaient ensemble dans le salon d’un appart partagé par St-Germain et Noreau, et tiraient les premières lignes de ce qu’allait devenir Risquer sa tête. Leur carte de visite avait charmé les radios universitaires à la sortie de leur EP Matière Grise, en juin 2012, et leur avait ouvert les portes de la défunte Union Commerciale du quartier Saint-Sauveur, un soir d’octobre où Peter Peter était la tête d’affiche; un mémorable premier concert.

Deux ans plus tard, le trio basé dans Limoilou dévoile un premier album complet aux accents psychédéliques, grunge, progressifs et shoegaze. Des étiquettes qu’ils se collent eux-mêmes. Un disque enregistré au Studio Champoux (comme dans David) avec une vieille console analogique. Une collaboration renouvelée, puisque c’est ce même type qui a réalisé le mini-disque d’il y a deux ans, et agréable même si on imagine l’exercice laborieux avec ces trois musiciens intensément méticuleux. «On a changé toutes les chansons la veille avant de les enregistrer. On est terribles, là-dessus, sérieusement. On dirait qu’on essaie toutes les permutations possibles, genre, avant d’être sûrs de notre shot

 

Thérapie de groupe

Suffit de porter attention aux textes de Lâcher prise ou Scaphandre pour réaliser que les gars de KPLR – qui écrivent tous ensemble, à la façon d’un cadavre exquis tout sauf bâclé – sont passés à travers une période franchement pas facile sur le plan psychologique. «Ça a été une année difficile émotionnellement, 2013, pour nous trois», confie David sans tourner autour du pot. «Chacun dans nos vies personnelles, pas en tant que band.» Frédéric en rajoute, presque du tac au tac: «Dans un sens, le band a servi de catharsis pour traverser ça. 2013, c’était vraiment une année de marde, de malchance, de deuil.»

Déséquilibre (d’où la pièce titre) psychique, émotions sombres, psychose, attaque de panique. Les thèmes et les strophes ont de quoi arracher un bout de cœur à quiconque souffre de dépression saisonnière ou de troubles mentaux, un grand tabou que le groupe s’efforce de briser par sa musique. Transformer la douleur en poésie, ça guérit. «Maintenant ça va mieux. Vraiment mieux», assurent-ils, comme dans un même souffle.

Déséquilibre (Indépendant), en vente à partir du 25 novembre; Lancement à Montréal: Mardi 25 novembre à 17h au Divan Orange; Lancement à Québec: Jeudi 27 novembre à 20h30 au Petit Impérial

L’album Déséquilibre est disponible en écoute intégrale via voir.ca jusqu’à sa sortie.