Sour Soul / RBMA Bass Camp : BadBadNotGood: Rien de méchant
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Sour Soul / RBMA Bass Camp : BadBadNotGood: Rien de méchant

À quelques jours d’un passage à Montréal, le trio jazz torontois BadBadNotGood propose (enfin) Sour Soul, son album collaboratif fort attendu avec la légende du hip-hop new-yorkais Ghostface Killah.

Aussi improbable qu’elle puisse sembler à première vue, cette rencontre entre un trio de jeunes jazzmen canadien et un membre du Wu-Tang Clan, groupe le plus mythique de l’histoire du rap américain, allait de soi pour Frank Dukes, producteur hip-hop et principal instigateur du projet.

Après avoir brièvement accompagné Ghostface Killah en 2008 en tant que DJ, il reçoit un appel du gérant du rappeur pour un éventuel projet d’album complet. Excité à l’idée, Dukes décide tout de même de prendre son temps et de réfléchir à une signature musicale originale, plutôt qu’à une série de beats aléatoires sans fil conducteur. Quelques mois plus tard, il découvre BadBadNotGood à ses tout débuts, alors que le groupe ne fait encore que des reprises sur scène. Le producteur voit tout de suite le potentiel.

En 2011, BBNG est sur toutes les lèvres et profite d’un engouement probant lorsque son premier album officiel parait à l’automne, notamment grâce au rappeur Tyler, The Creator qui en fait l’éloge sur son compte Twitter. Dukes en profite donc pour mettre de l’avant son projet en invitant les trois Torontois à une session de studio à New York en 2012. «On a travaillé très fort pendant cinq jours, et on a finalement enregistré cinq chansons», relate Chester Hansen, bassiste de BBNG. «Au début, on ne connaissait pas du tout Frank, et c’est principalement lui qui dirigeait l’ensemble du processus d’enregistrement, ce qui rendait les choses plus productives. Plus le projet avançait, plus on développait des affinités.»

Long processus

Ghostface entre alors officiellement en scène. «Nous étions très enthousiastes à l’idée de travailler avec lui puisque nous sommes, à la base, des fans invétérés de sa musique. Par contre, nous n’avions pas encore, à ce moment, une idée concrète de ce que tout ça allait donner», admet Hansen. «La seule chose qu’on savait, c’est qu’on voulait intégrer nos influences à son univers pour s’assurer que ce soit complètement différent de tous les autres albums hip-hop jamais faits.»

Des 11 pièces enregistrées, Dukes en envoie six à Ghostface qui enregistre des couplets de son côté. S’ensuit une période particulièrement longue de découpage et de mixage, à laquelle le rappeur ajoutera son grain de sel en enregistrant d’autres parties. «On a pris notre temps pour changer plein de choses», dit Hansen, vague, évoquant également la combinaison des horaires chargées de son groupe et du rappeur. «Le processus complet a finalement duré trois ans.»

Mieux qu’un diplôme en jazz

L’attente a toutefois porté fruit. Entre le récit fougueux de Ghostface et les compositions jazz soul envoûtantes du groupe, Sour Soul s’avère convaincant et met la table pour une mini-tournée en collaboration.

D’ici là, BBNG sillonne l’Amérique et l’Europe avec les chansons de son plus récent album III, paru l’an dernier. À Montréal, le groupe prendra part à la deuxième édition du Red Bull Music Academy Bass Camp, évènement qui, en plus de présenter des spectacles, met de l’avant des rencontres et des ateliers entre des producteurs de la relève et des artistes établis.

Une initiative de la sorte est plus que pertinente, de l’avis général des membres du groupe. «Je crois que des évènements comme le Bass Camp sont plus pertinents qu’un diplôme en musique parce que ça permet directement aux jeunes musiciens de rencontrer des nouveaux gens et de s’initier à différents types de musique», croit Hansen, qui a rencontré ses deux comparses dans un programme de jazz au Humber College à Toronto.

«Nous avons lâché l’école quand nous nous sommes rendus compte que tout ce qu’on avait appris, on le devait à nos jams entre amis après les cours. Depuis, nous n’avons jamais cessé d’expérimenter et de constamment nous mettre au défi.»

En spectacle le dimanche 1er mars au Théâtre Fairmount (5240 Avenue du Parc) à Montréal avec invités

Infos sur la 2e édition du Red Bull Music Academy Bass Camp