Jérôme Minière : Une brève histoire d'une île
Musique

Jérôme Minière : Une brève histoire d’une île

Le prolifique Jérôme Minière est de retour, et cette fois-ci, il nous propose Une île, un album tout simplement métaphysique.

Il suffit de quelques secondes afin de comprendre que l’on entreprend un voyage bien singulier avec Une île, le tout nouveau de Jérôme Minière. Dès les premières notes de Je ne suis pas pressé, c’est tout d’abord une ligne de basse aux sonorités synthétiques qui nous accueille pour rapidement laisser place à une avalanche d’instruments organiques et, surtout, à cette basse bien ronde qui nous rappelle le Gainsbourg de la fin des glorieuses sixties.

«Je suis vraiment content que tu m’en parles, de s’enthousiasmer Minière. Ce son de basse, ça a été un running gag tout au long de l’enregistrement du disque. Mon guitariste s’était amusé à enregistrer une piste de basse en passant dans un ampli de guitare et on a tellement aimé le son qui en découlait, qu’il a fini par faire des pistes des basses sur pas mal tous les titres. Je sais pas pourquoi, mais je suis comme devenu fou avec ça.»

Alors qu’on serait tenté de croire que les titres du dernier Minière ont vu le jour à la suite de bidouillages numériques, le principal intéressé remet les choses en perspective. «Je procède comme ça d’habitude, mais comme je désirais faire changement, j’ai d’abord arrangé ces chansons avec une formation de musiciens. On a donc enregistré ensemble toutes les chansons pendant trois jours en étant dans la même pièce et c’est après que je suis repassé dans tout ça avec un peu de production électronique.»

On doit d’ailleurs à cette démarche des arrangements à la fois inusités et diablement accrocheurs. L’excellente Ego Lego, avec ses arrangements orientaux combinés à une rythmique hip-hop, en fait notamment foi. Même son de cloche pour la jouissive Thérapie qui ressemble à une relecture dubstep (le bon vieux dubstep à la P.I.L.) de The Master de P.T. Anderson. «Cette toune-là, j’ai essayé tous les arrangements possibles, et le matin du mastering, alors que l’album était théoriquement fini, j’ai appelé le mixeur et pendant l’avant-midi, j’ai tout enlevé pour arriver à un résultat qui rappelle le vieux dubstep allemand. Ça m’aura pris quelque chose comme trois heures pour en arriver à ça. Je dis maintenant à la blague que cette chanson m’aura pris six mois et trois heures à produire.»

Six mois, c’est le délai entre les premières répétitions des chansons et l’étape finale des bidouillages électroniques. On parle donc ici d’un album qui aura pris sa forme finale avec un énorme recul. «Je voulais casser cette habitude où il n’y a que moi qui suis confronté à mes chansons jusqu’à la sortie du disque. En collaborant avec des musiciens, j’ai eu dès le départ à les exposer et, ainsi, à peut-être les diluer.»

Et ça fonctionne. Mais vraiment. Même que ce disque risque fort bien de provoquer le printemps. Ben quoi? Avec Minière, rien n’est impossible.

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Une île (La Tribu) disponible dès maintenant

Lancement montréalais ce mardi à 18h à la Quincaillerie, avec prestation

jeromeminiere.tumblr.com