The Lemming Ways emprunte différentes avenues sur son premier album complet
Musique

The Lemming Ways emprunte différentes avenues sur son premier album complet

The Lemming Ways, le projet musical du photographe montréalais Marc Etienne Mongrain, livre un premier album homonyme.

Depuis deux ans et demi, Marc Etienne Mongrain gagne sa vie en tant que photographe – il fait d’ailleurs pour le Voir de saprées bonnes galeries photos en coulisses avec des groupes locaux – mais on le connait aussi comme leader et compositeur de The Lemming Ways, groupe pop-rock mêlant d’intéressantes sonorités anglosaxones. Presque trois ans après un second EP, c’est enfin l’heure de l’exercice du premier album complet pour la formation montréalaise.

«Je ne peux pas passer six heures sur un shooting photo et arriver et écrire des tounes chez nous le soir, pas plus que je ne pouvais le faire en faisant du 9 à 5, explique Marc Etienne en entrevue. Y’a un moment où il faut trouver un équilibre. Ç’a été très long à faire, pour plusieurs raisons. De un: je veux gagner ma vie. Je vais pas ne pas manger pendant trois mois parce que faut enregistrer des tounes. J’ai plus l’impression que c’est les vieilles tounes qui complémentent les nouvelles que le contraire. Mais ça, c’est dans ma tête, ça ne change rien. Je suis beaucoup plus content des dernières chansons qu’on a faites que les autres d’avant. Mais tout le monde va te dire que la dernière chanson qu’ils ont fait est la meilleure!»

Bien reçu par la critique, le 2e EP de The Lemming Ways, Two / Poles, avait été composé et programmé par Marc Etienne chez lui, puis travaillé en studio avec les musiciens Gabriel Lemieux-Maille et Marco Gosselin. Aux commandes de la réalisation du EP, le jeune et valeureux Etienne Dupuis-Cloutier, rencontré alors que Marc Etienne travaillait aux côtés de la chanteuse Grenadine. «C’est un p’tit criss de génie donc tu l’écoutes!», dit Marc Etienne, avant de poursuivre sur la chimie qui lie les deux: «J’ai passé beaucoup, beaucoup, beaucoup d’heures avec Etienne et y’a jamais eu de frette, on ne sait jamais engueulés, rien. Et c’était des heures collées, pas lui dans une pièce, moi dans l’autre. Quand est venu le temps de faire le LP, vu qu’on prenait les 5 tounes du 2e EP avec 5 nouvelles tounes, ça faisait du sens de continuer à travailler avec lui.»

Malgré ce mélange de nouvelles et de plus vieilles chansons, l’album The Lemming Ways est doté de riches explorations sonores où les musiciens naviguent à travers de nombreuses avenues. Ça va dans toutes les directions et l’effort de «non-linéarité» est rafraîchissant.

«Je me rends compte que si je regarde mes 10 albums préférés, comme Nevermind de Nirvana, y’a pas deux tounes qui sonnent pareil – peut-être deux qui se ressemblent un peu plus mais c’est tout. Different Class de Pulp et Parklife de Blur aussi. Des fois, j’ai l’impression que certains bands veulent tellement se faire une identité à eux qu’ils settent un mood pour l’album. Y’a peut-être des fans de Sigur Rós dans la vie et j’hais pas ça, mais c’est le même mood tout le long! Donc y’a un désir de faire un disque pop de moins de 40 minutes avec 10 tounes différentes. Le but n’est pas nécessairement de faire un disque marquant, mais un disque qui s’écoute bien et à la fin tu en veux encore.»

Marc Etienne est un ami du groupe montréalais Groenland. Sa chanteuse, Sabrina Halde, apparaît d’ailleurs sur un joli duo sur l’album de The Lemming Ways. Puisque Marc Etienne chante en anglais pour son projet musical, on se devait donc de demander au principal intéressé ce qu’il pense de la «saga» «En français svp». Un silence de quelques secondes précède sa réponse évocatrice:

«Je pense que quand tu veux devenir premier ministre, et que t’es dans un show à Rouyn et que tu cries «En français svp» et tu te penses comme dans les années 1970, tu ne mérites absolument pas d’être là. Criss que je trouve ça cave. [Long silence] Quand j’ai commencé à faire des shows, c’est arrivé quelques fois ça: «Pourquoi tu chantes en anglais?» Ça faisait longtemps que c’était pas arrivé. Je suis ami avec Groenland. Ce que je trouve vraiment plate, c’est que c’était semi-terminé ce débat-là. C’est un peu comme la musique dans les pubs – Karkwa et sa pub de Coke. Faut vraiment avoir peu de respect pour le milieu culturel quand on est vraiment fier d’exporter des moteurs de missiles. Moi, c’est ça mon but: on est vraiment fiers de faire des moteurs de missiles à Laval et quand y’a une gang qui décide d’être ambitieux – parce que faire de la musique en anglais au Québec, il faut être ambitieux parce que c’est pas St-Jean-sur-Richelieu ou Rouyn qui va faire vivre ton band, jamais.»

Session d’écoute de l’album ce mardi 3 mars à 17h au Quai des brumes à Montréal.

thelemmingways.bandcamp.com