Death Cab For Cutie : Repartir à zéro
Musique

Death Cab For Cutie : Repartir à zéro

La formation indie-rock Death Cab For Cutie repart sur de nouvelles bases en 2015 et vient nous présenter son 8e album, Kintsugi.

Que fait-on lorsque notre fondation se brise? On la remet à neuf et on repart. Voilà la mentalité derrière le changement de cap entourant le 8e album studio de la formation indie-rock américaine Death Cab For Cutie, qui a dû composer avec la perte de l’un de ses membres fondateurs, Christopher Walla, l’été dernier.

«Ce n’était pas une grosse surprise. Il a fait l’annonce qu’il allait faire un changement de cap, précise en entrevue le batteur de DCFC Jason McGerr. Il était à califourchon, je crois, pendant des années en étant producteur pour d’autres groupes. Et il aimait beaucoup ce processus. Il devait dire «non» à ça parce qu’on était souvent sur la route. Il luttait avec ça, les allers et retours entre le travail créatif et la tournée.»

Quoique Walla soit resté au sein de DCFC le temps de compléter ce nouvel album, Kintsugi – qui désigne l’art japonais consistant à réparer de la céramique ou de la porcelaine cassée avec de la poudre d’or – , disons que son successeur allait avoir de très gros souliers à enfiler. Loyal guitariste de la formation originaire de Seattle depuis ses débuts à la fin des années 1990, Walla a produit tous les albums du groupe (sept au total). C’est au cours du processus de création de Kintsugi que le musicien a cru bon de laisser sa chaise de producteur vacante. Pour la première fois en près de 20 ans, Jason McGerr et ses collègues, le chanteur et guitariste Ben Gibbard et le bassiste Nick Harmer, allaient être dirigés par un producteur de l’extérieur, en l’occurrence Rich Costey (Muse, Jane’s Addiction).

«C’était très inspirant d’avoir quelqu’un d’impartial à la barre qui était un genre de badass et qui laissait Chris être seulement un membre du groupe sans son chapeau de producteur. On était tous les quatre à enregistrer ensemble. Ce n’était pas aussi difficile qu’on pourrait penser puisque tout était discuté et tout était honnête, dit Jason, avant de louanger l’apport de Rich Costey. «Il jouait le rôle de l’observateur, mais il verbalisait bien lorsqu’il reconnaissait les moments ou les chansons qui haussaient la barre pour nous. Quand on faisait quelque chose qu’il trouvait très bon, il sautait du divan et il disait: « ça c’est notre chanson ». Toutefois, il n’était pas cheerleader à tout moment. Et j’en suis content. On ne voulait pas que la personne nous dise que tout ce qu’on fait est bon. Rich nous a certainement reproché certaines choses quand ça ne fonctionnait pas. Même si l’ex-producteur était dans le groupe, je crois que ça ne l’a pas jamais gêné de nous critiquer de façon constructive.»

https://www.youtube.com/watch?v=eTbVIfqeDq0

Une fois la direction trouvée autour de la brisure et de la réparation, le disque a été complété et Death Cab For Cutie devait maintenant penser à remplacer Walla sur scène. Les heureux élus? Dave Depper aux claviers et guitares et Zac Rae aux claviers.

«Avoir deux membres de plus sur scène, ça nous permet de remplir beaucoup de son et on peut jouer presque tout. Cet album-ci est le premier disque qu’on peut jouer en entier simplement parce qu’on a une paire de bras en plus.»

Alors que la nouvelle formation n’avait fait que quelques apparitions et un seul concert complet ensemble lors de notre entretien, Jason McGerr semblait déjà très heureux et satisfait. En réfléchissant à la pérennité du groupe, il se dit que même si DCFC a encore une place de choix dans le paysage musical après presque deux décennies, ce vent de nouveauté lui permet de se remettre en danger, de revenir en arrière pour justifier sa présence. 

«On a fait une prestation dans un magasin de disques à Los Angeles lors de la sortie de l’album. On était sur une toute petite scène et il y avait 900 personnes coincées à l’intérieur. Ça, c’est le genre de truc que tu fais quand tu commences ta carrière et que t’essaies de faire connaître ton groupe; tu voyages partout dans une van minuscule et tu joues deux shows par jour. Puisqu’on a une nouvelle formation, on essaie de mettre tout le monde à jour sur notre nouvelle chimie. On refait ce genre de trucs et c’est très excitant! J’ai l’impression qu’on doit travailler pour prouver notre pérennité.»

Kintsugi (Atlantic Records)

En spectacle le 8 mai au Métropolis