Félix Dyotte : À propos de nous
Musique

Félix Dyotte : À propos de nous

Membre fondateur de Chinatown et musicien de tournée aux côtés de Pierre Lapointe, Félix Dyotte analyse les relations de couple sur son premier album homonyme. 

On lui connaissait un amour pour l’écriture, la composition et la réalisation. Trois ans après la fin de l’aventure Chinatown, Félix Dyotte livre son premier album solo. Et le temps fait bien les choses puisque le musicien montréalais dévoile un disque fort sensible et émouvant sur lequel il prône la réflexion autour des relations, de la vie à deux. Il arrive à mettre le doigt sur certaines émotions, sur le doute, sur la solitude, sur la dépendance de façon très juste.

«J’ai été contraint à me poser beaucoup de questions à un certain moment dans ma vie, explique-t-il en entrevue. Je m’en pose beaucoup moins, peut-être parce qu’on s’épuise à s’en poser et à un moment donné, on se réveille et les questions ne sont plus là. On n’y a pas nécessairement répondu, mais elles ne sont plus là. Peut-être parce qu’on les a trop posées, je ne sais pas.»

«J’imagine que je m’imagine des choses», chante-t-il, paranoïaque, sur Hologramme, pièce qu’il décrit comme un délire, alors que sur Avalanches, excellent premier extrait aux airs de chanson française, il se demande «pourquoi suis-je allé vers la plus folle?», se lançant tête première dans une relation vouée à l’échec.

«Je trouvais ça beau de se questionner là-dessus et se dire: «Je ne sais pas c’est quoi cette affaire-là qui fait que je ne veille pas à ma protection personnelle». Cette chose qui provoque des avalanches, c’est quoi? La réponse, on ne l’a pas, c’est comme un instinct animal qui sort. Pourquoi fait-on des choses qui vont mener à des catastrophes et qui vont hypothéquer six mois de notre vie après ça parce qu’on sera détruit mentalement? On le fait pareil, on est candidat, on a acheté notre billet.»

Félix Dyotte avoue qu’une grande partie de son élan de création pour son premier album est dû à son sentiment d’indépendance qui a fait suite à la dynamique de groupe dans laquelle il vivait depuis des années.

«J’ai passé tellement de temps seul pour faire cet album-là. Dans Chinatown, on écrivait tout le temps les débuts de chanson chacun de notre côté et on finissait ça en groupe. Là, je finis les tounes chez moi. Je suis dans mon salon et à un moment donné, je dois me dire: «la toune est prête». Je me suis habitué à ça et j’ai l’impression que j’ai atteint le but d’être complètement indépendant pour la première fois de ma vie.»

Alors qu’il était un musicien de tournée de Pierre Lapointe sur le spectacle Punkt l’année dernière, Félix a profité de ses temps libres en semaine pour travailler sur ses idées. À un moment donné, ce rythme de vie plus «relaxe» l’a aidé à créer et tout a débloqué. Comme une avalanche, justement.

«J’étais dans un mood constant toute la dernière année, je ne faisais que ça. J’étais chez moi. J’ai jamais si peu sorti. D’habitude, je suis un gars qui sort, j’aime ça sortir dans les bars et boire. Là, je suis presque «straight-edge». Ça me manque de boire et sortir, mais en faisant cet album-là, j’ai acquis vraiment l’amour d’écrire des chansons et même depuis que l’album est complété, je n’ai pas arrêté. J’ai dû écrire 12 tounes depuis la fin de cet album-là et il n’est pas sorti!»

Au final, si les trop nombreuses questions qu’on se pose avant, pendant et après une relation finissent par disparaître de nos pensées, Félix, qui se dit aujourd’hui très heureux, désirera toujours provoquer ces avalanches puisque ça l’interpelle profondément en tant qu’artiste.

«Je pense qu’il faut s’intéresser à tout ça d’un oeil un peu détaché. Je vois des gens autour de moi qui se fâchent contre ces choses-là ou qui se débattent ou qui capotent, mais il faut le regarder et trouver ça intéressant. J’essaie de tout trouver ça intéressant, mais tsé, je me suis trouvé un médium qui est la chanson pour faire de quoi avec ça, mais quand on se met à écrire de façon un peu analytique, même les affaires les plus difficiles à avaler deviennent un sujet passionnant.»

Félix Dyotte (Coyote Records), disponible le 4 mai // Lancement montréalais le 6 mai à 17h au Emerald/Bar sans nom

felixdyotte.com