Corridor: Sorciers du son
Musique

Corridor: Sorciers du son

Avec seulement un EP derrière lui, le groupe Corridor semble avoir déjà emprunté le couloir du succès avec son premier disque intitulé Le voyage Éternel. Et inutile de nous le dire, on est tout à fait conscient que ce jeu de mots est merdique.

Pendant plusieurs années, Jonathan Robert et Marc-André Chapdelaine, les membres fondateurs de Corridor, ont évolué dans un tout autre registre musical. Les deux musiciens faisaient aller leurs instruments sur les rythmiques mitraillées typiques du punk-rock.

Maintenant, lorsqu’on prête à l’oreille au son de Corridor, on dénote davantage de familiarités avec Sonic Youth plutôt qu’avec un groupe comme NOFX. À cet effet, Jonathan ne nie pas un tel lien de parenté: «C’est vrai qu’on est des fans de Sonic Youth, mais notre objectif était d’aller au-delà de la comparaison. Et il faut aussi savoir que Julian (Perreault), notre deuxième guitariste, a pas mal joué du jazz toute sa vie avant d’arriver dans le band. Mais ce qu’on a voulu garder de Sonic Youth, c’est le côté irrévérencieux et provocateur, du genre que si ça nous tente de faire une toune avec juste du bruit, on va le faire.»

À la différence de bien des groupes de sa génération, Corridor a vraiment emprunté une voie atypique. Toutefois, une telle démarche n’a surtout pas empêché la formation de faire son chemin dans le milieu indépendant, et ce même en ne participant pas à un concours comme les Francouvertes: «Honnêtement, on n’est pas trop axé sur les concours, d’expliquer Jonathan. On ne fait pas de la musique pour gagner des prix. Et s’il y a eu une réponse rapide de la part du public, c’est pas mal une histoire de plein de marde. Quand on a fait le premier EP, on a garroché ça comme ça sur Bandcamp et on n’avait pas d’attentes. Et puis, je pense que ce qui a interpellé les gens, c’est qu’ils étaient contents qu’un truc qui sonne comme ça soit disponible dans le répertoire francophone. D’habitude, les trucs qui se font ont plus des sonorités pop ou folk. Mais là, je te dis ça sans prétention. Je ne pense pas qu’on soit les nouveaux maîtres du rock.»

Il reste cependant que le groupe a pu compter sur la collaboration d’Emmanuel Éthier en tant que réalisateur. Ce dernier a notamment partagé la scène avec Coeur de Pirate et Chocolat, rien de moins. «Quand Emmanuel nous a approchés, on a accepté parce qu’on sentait qu’il y avait un respect mutuel entre lui et nous, de confier Jonathan. On n’aurait pas accepté une offre comme ça de la part de n’importe qui. On a bien fait, car l’album aurait certainement sonné beaucoup plus lo-fi. Mais en même temps, il nous a amenés là où on voulait aller et il n’a pas dénaturé pour autant le son qu’on visait.»

Enfin, on terminerait bien ce papier en vous lançant des dates de concert, mais quelques jours à peine avant l’entrevue, voilà qu’un membre du groupe qui devait partir pendant tout l’été a appris qu’il restera finalement au Québec. Alors peut-être que Corridor surgira par surprise dans votre coin de pays au cours des prochaines semaines, mais sinon, il est certain qu’à l’automne, vous aurez des nouvelles d’eux.

Le voyage éternel (REC-A) // Disponible le 19 mai en format digital //

Lancement montréalais le 28 mai au Bar Le Ritz PDB // Concert le 22 mai au Pantoum à Québec