Entrevue 10e anniversaire d'Osheaga avec Nick Farkas: Dans les grandes ligues
Osheaga 2015

Entrevue 10e anniversaire d’Osheaga avec Nick Farkas: Dans les grandes ligues

Le festival musical montréalais Osheaga est né il y a 10 ans. Nick Farkas, vice-président aux concerts et événements chez evenko est responsable de la programmation depuis les débuts. Il a discuté avec nous de cette édition anniversaire et de l’évolution du festival.

VOIR: Y avait-il un stress supplémentaire cette année puisque c’est la 10e édition?

Nick Farkas: «Chaque année on essaie d’améliorer le festival, de faire les choses différemment sur le site. Je pense que pour la 10e année, on voulait vraiment avoir le meilleur lineup qu’on a jamais eu. Y’avait un peu de stress, surtout de trouver des têtes d’affiche parce c’est jamais la chose la plus facile. On voulait quand même avoir des noms assez populaires pour la 10e édition.»

Dans une entrevue avec le Voir en 2006, lors de la toute première édition d’Osheaga, vous aviez dit que vous vouliez faire du festival la destination tout indiquée sur la côte nord-est américaine. Croyez-vous avoir atteint cet objectif? 

«Pour que ce soit un succès et pour que ce soit rentable financièrement, si Osheaga n’était pas une destination, ça ne marcherait jamais, juste avec le bassin de population qu’on a ici. Le fait qu’on se soit rendu à une 10e année et qu’on soit complet, ç’a a dépassé toutes mes attentes. Au Canada, au moins, on est rendu, je pense, un des plus gros festivals. Y’a le Governors’s Ball à New York qui s’est installé il y a quelques années, mais avant ça je pense qu’on était celui dans ce secteur d’Amérique du Nord qui avait le plus d’ampleur.»

L’année 2011 a été déterminante dans l’histoire d’Osheaga. Eminem a attiré une foule monstre – c’était sold-out pour la première fois cette journée-là -, vous avez ajouté une 3e journée et vous avez agrandi le site. 

«Je pense que 2011 a été l’année qui nous a vraiment démarqués. C’est la première fois qu’on était complet pour au moins une soirée avec Eminem, et ce, même si y’avait beaucoup de monde qui ne connaissait pas encore Osheaga même à Montréal. C’est vraiment une année où tout a changé. Après ça, en 2012, lors de la mise en vente, on s’attendait à une année normale, mais on a vraiment vu une explosion. Je me souviens que j’étais à Toronto et j’ai vu le nombre de billets vendus et j’étais certain que c’était une erreur! C’est vraiment l’année d’Eminem où on est passé d’un festival «niche» – y’avait des gens qui y allaient quand même, mais c’était pas le même festival du tout – à un nouveau site, une nouvelle expérience avec l’ajout de deux scènes.»

Sinon, quelles sont les années qui ont été les plus marquantes, selon vous?

«La première année, évidemment. On avait travaillé tellement fort pour créer Osheaga. On a eu le «go» pour le faire – pas à la dernière minute – mais pas mal tard dans le processus et on s’est dit: «on va faire ce qu’on peut, tenter de faire le meilleur festival possible». De voir les artistes qu’on a été capable de faire venir la première année, comme Sonic Youth et Ben Harper, c’était toute une expérience. Après ça, la 4e année avec Coldplay, ça c’était un autre niveau, on avait monté d’une coche. C’était la première année où les gens qui ne sont pas dans la scène musicale m’en parlaient. C’était plus grand public et les gens ont commencé à comprendre ce que c’était, Osheaga.»

Photo Pat Beaudry
Photo Pat Beaudry

«L’année où on a changé nos dates pour le mois d’août, ça c’était énorme [les premières années, c’était le week-end de la Fête du travail, en septembre]. On a réalisé que c’était un long week-end dans le reste du Canada et comme on avait toujours l’idée de ne pas vendre des billets qu’à Montréal, on a vu les ventes augmenter beaucoup chaque année après ça. En plus, y’a le facteur température, parce que les premières années d’Osheaga, c’tait pas mal aride. Ça, ce sont les années qui ont changé la direction.»

Quels sont les bons coups au niveau de la programmation cette année? 

«Une des choses qu’on voulait faire, c’est qu’on voulait revisiter des artistes qu’on avait la première année. Grace Potter, c’est la toute première artiste qui a joué sur la scène principale. On ramène Grace, Ben Harper, Patrick Watson, par exemple. Thurston Moore revient, lui qui était de la première année avec Sonic Youth. Quand on a commencé à travailler sur le 10e anniversaire, on s’est dit qu’on voulait vraiment ramener des groupes comme les Black Keys. Pour nous, c’est le genre d’artistes qui a commencé sur une toute petite scène et ensuite leur carrière a explosé. Leur carrière évoluait alors qu’Osheaga commençait à monter aussi. The Black Keys est quand même un nom plus connu, un incontournable aussi. Sinon, avec Kendrick Lamar et Florence and The Machine qui reviennent en têtes d’affiche, on a pris un peu un risque parce qu’on savait pas comment leurs nouveaux disques allaient être.

On ramène aussi Weezer, qui a joué un set vraiment le fun en 2010. On ne s’attendait pas à un tel spectacle donc c’était vraiment un moment mémorable. On voulait vraiment Alt-J et autres artistes qui sont plus du moment, mais aussi avoir des artistes qui ont influencé la direction d’Osheaga depuis le début.

Je suis super content d’avoir Catfish & the Bottlemen. Je les ai vus à Austin et c’était vraiment bon.»

Quand des artistes comme Father John Misty ou The Black Keys reviennent plusieurs fois au festival, c’est un sceau d’approbation envers le festival, selon vous?

«Au début, c’est beaucoup plus difficile de convaincre les artistes de venir jouer, mais quand ils vivent l’expérience des artistes et des fans – l’île Ste-Hélène est magnifique, on met beaucoup d’effort dans l’entretien et l’organisation. The Black Keys, Metric ou Father John Misty – qui ont tous joué à plusieurs reprises, on n’a pas de misère à les convaincre, et je pense que ça reflète bien le travail de l’équipe du festival. C’est encourageant.»

///

10e Osheaga: du 31 juillet au 2 août