Simon Kearney / La vie en mauve : Les chroniques d'un banlieusard
Musique

Simon Kearney / La vie en mauve : Les chroniques d’un banlieusard

Simon Kearney est jeune, précoce même, mais qui est-il au-delà des remarques de mononcles qui abondent encore et toujours dans la presse? On est allés au-delà son âge, 19 ans, et on a découvert un gars qui trippe solide sur Wagner et son petit bled. Entrevue.

Le premier album complet de Simon Kearney, fier résident de l’Ancienne-Lorette, ne devait pas référer à la couleur mauve au départ. « Sincèrement, j’avais un autre titre mais c’était trop flyé pour la maison de disques. » Ce label-là, c’est Sphere Musique. Parmi ses copains d’écurie : Antoine Gratton, Clément Jacques (c’est nouveau dans son cas), Tremblay alias Manolo dans Ramdam et… Atchoum le clown! Vive la diversité. « Ça devait être Les chroniques d’un banlieusard parce que je viens de la banlieue, d’un quartier de maisons toutes pareilles, et je trouvais que ça me reflétait vraiment. »

Alors que ses amis sont contraints aux productions DIY et aux salles comme le Pantoum pour les concerts, Kearney bénéficie d’un support enviable sur tous les plans. Résidences de création intensives, services d’un bookeur, d’un gérant, d’un « trackeur radio » et d’un attaché de presse – encore une rareté malgré l’ébullition musicale des dernières années à Québec. Il est conscient de sa chance, il en parle sans fausse modestie.

Pour La vie en mauve, il s’est retiré dans une église de Farnham avec son réalisateur Antoine Gratton. « On a passé trois semaines intenses dans le studio, on dormait là. Des fois on pensait qu’il y avait des fantômes mais on a comme essayé de ne pas trop en parler. On pouvait commencer à 10h, ou peut-être midi, et on finissait à 3h du matin. » En tout, ils ont enregistré 32 pistes assez éclectiques pour finalement en supprimer la moitié. Vas-tu les sortir en genre de b-sides un moment donné? « Je sais pas… mais la plupart sont mixées et même masteurisées. »

 

Conteur-compositeur-interprète

Toutes les chansons du multi-instrumentiste racontent des histoires vraies ou non, exagérées ou authentiques. Chaminao par exemple? « Ça, ça vient d’un rêve où est-ce qu’un indien est venu et qu’il m’a répété ces paroles-là. Je veux pas sonner comme Raël qui voit des extraterrestres mais on dirait qu’il m’a dit « écrit une tune là-dessus » »

Sur Californie, une chanson romantique, l’auteur s’est inspiré d’un voyage à Los Angeles avec « son bon chummey » Antoine Gratton. « C’est l’histoire d’une serveuse dans un bar si qui je trippais mais à qui j’ai pas été capable de parler. Je savais trop pas comment agir avec une Californienne qui parlait une autre langue et que je ne reverrai plus jamais. À la place, j’y ai écrit une tune et elle le sera jamais. »

On a aussi eu envie de le questionner sur J’aurais dû la tuer, la plage 14. Est-ce qu’il a peur que les gens prennent ça au premier niveau? « Y’a des films full trash pis après ça tu te dis pas que le réalisateur c’est un malade mental. […] Des fois, je fais des satires avec des faits vécus et là c’est un peu ça. C’est une histoire de fille qui a mal tourné mais je la tuerais pas la fille! Faut pas que j’ai l’air misogyne ou de quoi de même. »

 

Ancien enfant acteur

Formé à l’école Mode é Arto pour jouer dans des publicités et à la télévision, Simon Kearney a longtemps chéri le rêve de devenir comédien professionnel. Anecdote pas banale : il a déjà campé le rôle du fils d’Alphonse Desjardins dans une vidéo corpo du mouvement coopératif.

Aujourd’hui, son attirance pour le jeu reste presque intacte. « On est tellement crinqués sur les costumes et chaque fois, on n’a pas le guts! On s’achète des kits et là, la veille du show, on pratique et on se dit qu’on va attendre au prochain pour les mettre. C’est de même à chaque fois. »

Parmi les nombreux éléments à sa bucket list de vie, un souhait de composer et mettre en scène son propre opéra ou création multidisciplinaire. Un prétexte pour mettre son costumier à profit… « Wagner avait fait ça à un moment donné avec du théâtre, de la musique, y’avait designé sa salle en Allemagne pour fitter avec sa pièce, dessiné des costumes, y’avait écrit des paroles. Il mélangeait plein de formes d’arts et ça, ça me fait capoter. Je me dis que je devrais faire ça un jour, un espèce d’album qui est aussi un film avec une histoire qui se suit. »

 

La vie en mauve

(Sphere Musique)

Sortie le 21 août

 

Lundi 24 août à 18h

Le Cercle (Québec)

 

Mardi 25 août à 18h

Théâtre Maisonneuve (Montréal)