Classique Peaches
Musique

Classique Peaches

Six ans après I Feel Cream, la provocante Peaches revient avec Rub, album sur lequel apparaît ses amies Kim Gordon et Feist.

La dernière fois qu’on l’a vue à Montréal, elle avait un costume de couleur peau couvert de gros seins. Tout est permis pour Peaches. Depuis ses débuts en musique à la fin des années 1990, son œuvre aborde sans limites la sexualité et les genres. Devenue icône électro, elle dit avoir voulu, avec son nouveau disque Rub, tout simplement faire un album purement classique de Peaches. Mais la chanteuse a encore plus de liberté créative cette fois-ci puisque Rub est le premier album de son propre label, I U She Music. En entrevue téléphonique, la chanteuse d’origine torontoise n’y est pas allée de main morte envers son ancien label.

«J’avais une compagnie d’édition qui est devenue mon propre label, ce qui est vraiment excitant parce que j’étais sur XL Recordings pendant quatre ans, et ils se câlissaient de moi. Je ferai sans doute de l’argent cette fois-ci. Aussi, je suis excitée parce que je ferai des vidéoclips pour chaque chanson de l’album. C’est le fun de décider avec qui je veux travailler et dans quel style faire ça.»

Dans le vidéoclip pour Close Up, deuxième simple de Rub dévoilé en août, l’ex-Sonic Youth Kim Gordon joue le rôle de la coach de lutte de Peaches. L’artiste nous a expliqué la genèse de cette rencontre inspirante qui a mené à l’enregistrement de la pièce avec Kim.

«Je la connais depuis un bout. Je l’ai rencontrée dans des festivals, il y a peut-être 13 ans. On se croise à l’occasion et on sort parfois ensemble. Elle passe beaucoup de temps à Los Angeles (où Peaches a enregistré Rub) parce qu’elle baigne dans les arts visuels, et la scène artistique est très bien là-bas en ce moment. Elle était formidable parce qu’elle est arrivée en studio ne connaissant pas du tout le beat ou la chanson et ce n’est pas du tout son genre de musique, mais en une prise, elle a créé un super bon hook. C’était super de la voir travailler parce qu’elle a beaucoup d’expérience en improvisation.»

Les collaborations sont toujours au cœur des œuvres de Peaches. Il faut absolument visionner la vidéo de la pièce, Dick in the Air, où la chanteuse s’amuse ferme dans les rues de Los Angeles avec l’humoriste Margaret Cho. Aussi: Feist, qui a jadis été la coloc de Peaches à Toronto, apparaît sur la chanson I Mean Something. Mais le collaborateur principal avec qui Peaches a confectionné Rub l’an dernier, c’est le musicien et réalisateur Vice Cooler.

«Je voulais vraiment travailler avec lui, parce que c’est un bon ami et il est devenu très bon pour créer certaines sonorités. Je me suis acheté une petite maison à L.A., j’ai réparé le garage et Vice et moi travaillions dix heures par jour pendant un an à faire des beats

Avec des titres comme Vaginoplasty et Dick in the Air, c’est bien vrai: Peaches est assurément de retour, six ans après I Feel Cream. Mais la chanteuse nous surprend sur Rub, sortant par moments de sa zone de confort en démontrant une certaine vulnérabilité. Sur Free Drink Ticket, elle veut détruire une personne qui lui a fait mal et sur Dumb Fuck, elle chante: «Look who you’re dealing with / I’m not your mother / I’m down for whatever / Just say what you’re after».

Ce qui nous mène à lui parler du livre de photographies What Else Is in the Teaches of Peaches, sorti en août dernier. Le photographe Holger Talinski a suivi Peaches en coulisses et dans sa vie quotidienne et a construit un portrait en photos d’une artiste bien humaine. Pour une personne qui adore s’exposer au public, comment a été l’expérience de se faire exposer par quelqu’un d’autre, à travers sa lentille?

«Je l’ai laissé faire son truc. On n’avait même pas en tête de faire un livre. On voulait simplement qu’il soit la personne attitrée aux coulisses du show et il aimait prendre des photos de moi en train de dormir ou de fumer un joint ou de passer du temps en famille. J’apprécie vraiment ça parce que c’est vraiment important, particulièrement pour une artiste qui est très théâtrale, de montrer que je suis aussi un être humain et que j’essaie vraiment d’être terre à terre. J’essaie de savourer la vie telle qu’elle est pour ensuite utiliser la scène pour devenir un gros superhéros. Je n’essaie pas d’être un superhéros de la sorte tout le temps, je pense que ça deviendrait vraiment plate.»

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Rub (I U She Music), disponible maintenant

En spectacle le 21 octobre à la SAT