BloguesArts visuels

Chemins et tracés

C’est la 10e édition du Symposium d’art in situ de Val-David.
Comme l’a écrit Marie-Ève Charron dans Le Devoir, le thème de cette année (Chemins et tracés) est un peu « fourre-tout ». Mais bon, c’est souvent malheureusement la norme dans ce type d’événement. Et la faute en revient souvent aux artistes. Ceux-ci, encore hantés par la notion ancienne de commande (avec ses règles imposées), acceptent difficilement des contraintes qui limiteraient leur liberté créatrice. La majorité du temps, le commissaire se doit donc de trouver des œuvres qui vont dans le sens d’un thème précis et non pas des artistes intéressants qui accepteraient de produire une œuvre un peu différente, mais néanmoins proche de leur préoccupation, et qui répondrait à une problématique nouvelle. Les intellectuels, critiques, écrivains, poètes, architectes acceptent plus facilement de faire cela lorsqu’ils participent à un colloque, à un dossier thématique dans une revue, à une exposition…
Cela dit, il faut reconnaître que la commissaire de cette année, Pascale Beaudet, a fait un choix d’artistes qui permet de sortir majoritairement des sentiers battus (que produisent souvent ce genre d’interventions à l’extérieur in situ), et en particulier de l’héritage mal digéré d’Andy Goldsworthy. Les créations des onze artistes de ce symposium, font dans le bâti, le construit, l’intervention humaine et s’éloignent d’une vision maintenant conventionnelle, édulcorée et réductrice du land art où morceaux de bois, feuilles et brins d’herbe déplacés recomposent une nature un peu revisitée. Voilà qui est une très bonne chose et une excellente décision de la commissaire.
En fin de parcours, vous remarquerez en particulier deux interventions. Marc Dulude (né à Chicoutimi, mais vivant à Montréal) a créé une sorte de gigantesque et fantastique fontaine, couronnée de têtes de cerfs, qui semble tout droit sortie d’un conte de fées allemand. Maude Léonard-Contant (de Montréal) a bâti une miniserre (intitulée Paysage gigogne) qui fonctionne dans une mise en abîme très réussie (chose assez rare, bien des artistes se servant de cet effet d’une manière cucul, à la Escher). Elle y montre une nature protégée dans une serre qui protège elle-même une autre serre plus petite… Elle nous fait prendre conscience que la forêt où nous pouvons voir cette installation est elle-même protégée, enserrée par différents types de constructions, villes, routes, autoroutes…
Il faudra aussi porter attention aux Body Caves, abris de fortune surnaturels de Tricia Middleton, aux performances de Daniel Olson, aux multiples carillons de Linda Covit….
Jusqu’au 27 septembre.

 

Marc Dulude, Regard et étain.

Photo : Michel Dubreuil.

 

 

Maude Léonard-Contant, Paysage gigogne.

Photo : Michel Dubreuil.