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Culture au Québec : les femmes sont moins bonnes

Le 26 novembre dernier, étaient remis les prix d’excellence en arts visuels de la Ville de Montréal. C’est Gwenaël Bélanger qui a reçu le Prix Pierre-Ayot. Quant au Prix Louis-Comtois, c’est Daniel Olson qui l’a obtenu.
Bien sûr, il s’agit de deux excellents artistes, qui méritent totalement la reconnaissance du milieu, mais nous pouvons tout de même nous demander pourquoi, dans les dernières années, ces deux prix ont été systématiquement remis à des hommes. En fait, depuis 3 ans, aucune femme ayant soumis son dossier ne fut considérée comme étant assez bonne pour recevoir aucune de ces deux distinctions… Sur plusieurs années, la tendance est lourde. Depuis 1996, sur 14 Prix Pierre-Ayot, seulement 5 furent décernés à des femmes (35,71 %) et sur 14 Prix Louis-Comtois, seulement 3 (!!) furent donnés à des femmes (21,43 %). La dernière femme ayant reçu ce prix étant Claire Savoie en 2005. Des prix discriminatoires ? Je passe un coup de fil aux Guerrilla Girls pour leur demander d’intervenir ?
Ne croyons pas que la situation soit bien meilleure pour d’autres prix. Examinons les six Prix culturels du Québec. Le Prix Borduas qui fut remis 33 fois depuis 1977, le fut seulement 8 fois à des femmes (24,24 %). Et cette infériorité de la qualité de la création des femmes au Québec ne semble pas uniquement frapper le domaine des arts visuels. Le prix Anathase-David (Prix du Québec remis à « un écrivain pour l’ensemble de son œuvre ») fut donné 9 fois sur 33 à des femmes (27,27 %). Le Prix Denise Pelletier (Prix du Québec dans le domaine des arts de la scène) a été offert 8 fois sur 33 à des femmes (24,24 %). Continuons. Le Prix Albert Tessier (Prix du Québec dans le domaine du cinéma) a été attribué seulement à 4 femmes (13,33 %) sur les 30 remises depuis 1980. Le Prix Georges-Émile-Lapalme (« la plus haute distinction accordée à une personne ayant contribué de façon exceptionnelle, à la qualité et au rayonnement de la langue française parlée ou écrite au Québec ») qui fut remis 13 fois, le fut seulement 2 fois à des femmes (15,38 %). Le prix Gérard-Morisset (Prix du Québec dans le domaine de la préservation du patrimoine) a été conféré 3 fois à des femmes sur 17 remises (17,65 %).
Pour conclure, signalons que le Grand Prix du livre de Montréal, remis depuis 1987 (soit 23 fois) a été remis 5 fois à des femmes (21,74 %).  
Certes, la situation est meilleure que dans le domaine des sciences (le Prix Lionel-Boulet ne fut jamais remis à une femme). Mais doit-on se comparer à pire pour se remonter le moral ?
Peut-être… Concluons donc que le Prix Pierre-Ayot est un des moins discriminatoires de tous (avec près de 36% de femmes à son bilan).
Encore bravo aux gagnants de cette année.