BloguesNormand Baillargeon

Si je me trompe, vous me direz…

Je peux bien entendu me tromper, aussi bien sur des détails que sur le portrait global que je m’apprête à esquisser.

Mais, pour le moment — et vous me corrigerez si je me trompe — il me paraît très plausible de penser ce qui suit.

Pour commencer, la récente crise économique, essentiellement financière et spéculative, jointe à la reconfiguration des rapports de force internationaux (montée en force de la Chine et de l’Inde, autonomisation de l’Amérique Latine, notamment) entraînent une restructuration du capitalisme qui prend entre autres la forme d’un retour à des valeurs jugées plus sûres de l’économie réelle, et tout particulièrmenet des ressources naturelles.

Ce qui se passe en ce moment au Québec (au Canada également, mais je veux en rester ici au cas du Québec) participe de cette restructuration et explique en partie au moins certains phènomènes actuels pour le moins préoccupants, qui relèvent ni plus ni moins  de ce que j’aime appeler une grande gabegie de nos ressources collectives, qui se fait au profit de margoulins — comme Power.

Des exemples?

1. Power, si on en croit Richard Le Hir, a (avec des complicités politiques), tenté une opération qui aurait abouti à la privatisation d’Hydro-Québec, rien de moins. C’est énorme et renversant.

2. Quand Hydro, il y a quelques années, se met à la recherche de pétrole et en trouve une quantité qu’on dit astronomique sur lÎle d’Anticosti, alors, par des voies plus ou moins claires et qui restent dit-on méconnues dans le détail,  cette gigantesque richesse est pour l’essentiel cédée à des intérêts privés, plus ou moins identifiés, qui mettent sur pieds Petrolia.

3. La question du gaz de schiste participe de cette même logique de dilapidation de nos ressources naturelles collectives.

4. Le Plan Nord également.

5. Les détails de toutes ces gabegies restent nébuleux, l’information est lacunaire, en certains cas difficile d’accès. Le Devoir est sur tous ces dossiers exemplaire dans l’accomplissement de son travail journalistique: ailleurs, le traitement de ces dossiers est globalement très déficient pour des raisons en certains cas si évidentes qu’il est inutile d’y insister. Bref: la conversation démocratique, sur un enjeu aussi capital, est sinon impossible, à tout le moins sérieusement entravée.

6. On va donc dans les prochaines années assister, si rien n’est fait, à un vol d’une ampleur difficilement concevable et qui causera un tort inouï au Québec.

7. Il faut absolument inventer: a) des manières d’obtenir les informations qui manquent dans ce tableau; b) des moyens de les diffuser; et c) des manières de faire entendre la voix du bien commun.

Si vous pensez que ma lecture n’est pas trop erronée, avez-vous des idées sur ces trois plans?

J’en ai une. Il serait urgent de produire une sorte de poster qui permettrait  de voir d’un coup d’oeil les acteurs de cette grande gabegie, de les identifier nommément et de rappeler leurs rôles respectifs. Et de le diffuser.

Ajout: un exemple pour Anticosti de ce que j’aimerais pour tout ce dossier. (Merci à M. Yves Giroux, via Twitter, pour la découverte)