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Une petite observation sur le denier Fiori

Cette entrée de Blogue juste pour noter une petite observation sur Serge Fiori.

Nous sommes nombreux à nous réjouir du retour de cet immense artiste. Pour les gens de ma génération — et pour d’autres ensuite — Fiori, Harmonium ont été des monuments qui exprimaient nos doutes, nos espoirs sur des musiques qui me semblent encore magnifiques. Et je suis de ceux qui tiennent L’Heptade pour un chef-d’œuvre, sans doute le plus grand disque de musique populaire québécois.

Fiori revient donc, après de nombreuses années de ce qui a ressemblé, vu d’ici, à une sorte d’exil intérieur. On peut écouter son album ici.

J’avais acheté les deux pièces mises en vente il y a quelques semaines à la seconde où elles avaient été rendues disponibles — et je jalouse le journaliste du Voir qui a obtenu une entrevue avec lui.

Ma petite observation à présent.

La pièce Le monde est virtuel est une charge sentie mais aussi amusée et ironique contre ce qu’on a envie d’appeler la dématérialisation du monde et ses effets sur les êtres humains et les rapports, faussés, malsains, inauthentiques qu’ils et elles entretiennent à cause d’elle.

Cette chanson touche un thème bien de son temps, mais aussi, il me semble, un thème récurrent dans l’univers de Fiori : cette inauthenticité qu’il déplore, et ce jusque dans le monde de la musique, qu’au demeurant il a si longtemps fui sans doute en partie pour cela.

L’avez vous noté? Le monde est virtuel s’ouvre sur :

Quand je regarde un show dedans le Centre Bell
Je vois des gens partout triper le show sur leur cell
C’est-tu moé qu’y’é perdu mais c’est pas naturel
Le monde est virtuel

Eh bien, cette scène inaugurale est proche de celle de la chanson Viens danser, dans laquelle l’auteur était devenu étranger à une musique devenue inauthentique :

Parce qu’y a pus de musique
Qui est pas faite en plastique
Comme un ballon qui tourne toujours en rond

On attend la fin du show
J’sais pas c’qui ont trouvé c’coup-là à faire sauter
Mais comme y reste plus d’effets spéciaux
Y’ont fait sauter l’chanteur
Mais moé j’ai manqué
Je regardais un haut-parleur
Y’é tellement gros
Tellement plus gros
Que son coeur

Et tout cela n’est pas très loin, non plus, de cette singulière demande du musicien de la pièce Harmonium, qui suggérait: D’écouter le silence/ Qui voudrait bien reprendre/ Sa place dans la balance

Ce n’est qu’une toute petite observation, mais il m’a semblé intéressant de la partager. Nul doute qu’une fois le disque assimilé par le public, bien d’autres commentaires et observations seront avancés par bien des gens — dont moi s’il me vient autre chose.

Bonne audition.

P.S. M. Fiori : Je suis désolé de devoir vous le dire, mais toutes ces personnes qui vous ont approché au fil des ans pour se dire votre plus grand fan se trompaient : c’est moi.