Somewhere between maybe, une pièce de Dana Gingras à l’Agora de la danse

Musique de bal, sans salle de bal. Deux tables tournantes bleues font jouer un dernier disque – crépitement sourd, souvenirs estompés d’airs anciens. Le théâtre a été vidé de ses intentions, ou abandonné aux siennes. Ses rideaux circonscrivent un vide, où deux figures solitaires se glissent. Elles dansent masquées, leurs visages brefs comme des emblèmes, leurs mimiques, des signes brisés de ce qui tient les nôtres ensemble. Il ne faut pas se laisser berner par leur maladresse, leurs pas hésitants, leur désarticulation, leurs spasmes et leurs à-peu-près. Car elles ont appris à user de leurs corps comme s’ils étaient nouveaux, à saisir cette étincelle de la conscience, subtile comme une mouche à feu, qui éclate entre le mouvement et la volonté. Virtuoses rompues, elles ont appris à sauter dans
l’entredeux, dans les brèches de l’action. Nous nous tenons dans l’intervalle. Considérons l’écart. Somewhere between maybe.

Cette chorégraphie met en scène les danseurs Sonya Stefan et Jamie Wright.

Avec la compagnie Animals of Distinction, établie en 2006, Dana Gingras a créé des oeuvres façonnées par les possibilités des nouvelles technologies et des virages culturels, et ce, au moyen de collaborations entre divers médiums et pratiques artistiques. Ses oeuvres comprennent Smash Up, Heart As Arena et New Animal (une coproduction avec le 605 Collective de Vancouver).