Lancement de saison : Claude Poissant donne un coup de neuf au Théâtre Denise-Pelletier
Scène

Lancement de saison : Claude Poissant donne un coup de neuf au Théâtre Denise-Pelletier

En faisant entrer des nouvelles têtes dans le théâtre à vocation scolaire d’Hochelaga-Maisonneuve, le nouveau directeur artistique du Théâtre Denise-Pelletier, Claude Poissant, offre à la programmation une cure de rafraîchissement dont elle avait bien besoin. Tour d’horizon d’une saison qui sera notamment marquée par des productions de Poissant, Catherine Vidal et Sébastien David.

Quatre grands rendez-vous à la Salle Denise-Pelletier
Claude Poissant / Crédit LM Chabot
Claude Poissant / Crédit LM Chabot

L’un des plus beaux textes romantiques sur la naissance et la mort de l’amour, trop peu joué ici, ouvrira la saison 2015-2016 dans la grande salle du TDP, du 30 septembre au 24 octobre 2015: On ne badine pas avec l’amour d’Alfred de Musset, publié en 1834, après le tumulte des amours entre Musset et l’écrivaine Georges Sand. Après dix ans de séparation, Perdican retrouve Camille. Mais comme la candeur de l’enfance est disparue sous la jeunesse, les deux amoureux semblent incapables de s’avouer leur flamme. Camille préfère louer Dieu que d’épouser Perdican et les discours de fantoches risquent fort d’aggraver la situation. Claude Poissant mettra en scène Musset pour la troisième fois après Lorenzaccio au TDP (1999) et Les Caprices de Marianne au Théâtre du Trident (2000). Avec Adrien Bletton, Henri Chassé, Francis Ducharme, Olivier Gervais-Courchesne, Rachel Graton, Martin Héroux, Alice Pascual, Christiane Pasquier et Denis Roy.

Après le succès obtenu en 2011 au TDP, Münchaussen, les machineries de l’imaginaire, d’après les aventures véritables et véridiques du Baron de Münchhausen, est de retour du 11 novembre au 9 décembre 2015. Grand fabulateur devant l’éternel, digne descendant de Don Quichotte et du Capitan de la commedia dell’arte, ancêtre du Capitaine Bonhomme et grand cousin de Cyrano, Münchhausen symbolise la quintessence du pouvoir de faire rêver. Créateur de nombreux spectacles fabuleux tels La Princesse Turandot et L’Oiseau vert, le Théâtre Tout à Trac, avec au gouvernail le metteur en scène Hugo Bélanger, est l’une des rares compagnies à s’immiscer dans les mondes du rêve, de l’illusion et du faux-semblant avec des histoires aussi farfelues qu’elles sont des odes à l’intelligence. Avec Félix Beaulieu-Duchesneau, Éloi Cousineau, Bruno Piccolo, Carl Poliquin, Audrey Talbot et Marie-Ève Trudel. Une production de Tout à Trac.

À l’affiche du 3 au 27 février 2016, Le miel est plus doux que le sang, Simone Chartrand et Philippe Soldevila, pièce écrite et jouée il y a vingt ans, est une œuvre phare sur les forces de la jeunesse, de l’art et de la dissidence. En 1922, à la résidence étudiante de Madrid, trois jeunes hommes font connaissance. Ils s’appellent Salvador Dali, Federico Garcia Lorca et Luis Buñuel, et sont prédestinés à changer le cours de l’histoire par leurs influences artistiques… Après Le Grand Cahier d’Agota Kristof, la metteure en scène Catherine Vidal  fouille le cœur du peuple espagnol pour y extraire le désir,la révolte, la détermination, tout ce qui définit si bien le mouvement dadaïste etle mouvement surréaliste qui ont connu, entre les deux guerres, une manifeste expansion. Avec François Bernier, Isabelle Blais, Renaud Lacelle-Bourdon et Simon Lacroix. Une production du TDP avec la complicité du Théâtre Sortie de Secours.

TDP_Le miel (Avant) Simon Lacroix, François Bernier et Renaud Lacelle-Bourdon (Arrière) Isabelle Blais (c) LM Chabot
La distribution de la pièce Le miel est plus doux que le sang: Simon Lacroix, François Bernier, Renaud Lacelle-Bourdon et Isabelle Blais / Crédit: LM Chabot

 

Enfin, du 23 mars au 16 avril 2016, une fable sur l’enfance et la guerre, L’orangeraie de Larry Tremblay, qui a adapté son roman pour la scène. L’œuvre romanesque, traduite en six langues, a déjà reçu plusieurs prix depuis sa publication en 2013 dont le Prix des libraires du Québec et il y a quelques jours, le Prix littéraire des collégiens. La création sera le fruit d’une cinquième collaboration entre Larry Tremblay et Claude Poissant qui signera la mise en scène. Des frères jumeaux auraient pu vivre paisiblement à l’ombre des orangers si un obus n’avait pas traversé le ciel et tué leurs grands-parents. La guerre s’empare de leur enfance et sépare leurs destins… Avec Gabriel Cloutier-Tremblay, Éva Daigle, Philippe Durocher, Ariel Ifergan, Jean-Moïse Martin, Vincent-Guillaume Otis, Daniel Parent, Jack Robitaille, Mani Soleymanlou et Sébastien Tessier. En coproduction avec le Théâtre du Trident.

La distribution de L'orangeraie : -Vincent-Guillaume-Otis, Gabriel Cloutier-Tremblay, Sébastien Tessier et Daniel-Parent / Crédit: LM Chabot
La distribution de L’orangeraie : -Vincent-Guillaume-Otis, Gabriel Cloutier-Tremblay, Sébastien Tessier et Daniel-Parent / Crédit: LM Chabot
La Salle Fred-Barry : une saison de créations

Du 8 au 26 septembre 2015, Rendez-vous gare de l’est, pièce intimiste du metteur en scène Guillaume Vincent, se dépose pour quinze soirs à Montréal, après Avignon et une tournée de nombreux théâtres français. Une femme dans la trentaine, interprétée par Émilie Incerti Formentini, évoque sa vie et ses allers-retours à l’hôpital psychiatrique. Consciente de sa bipolarité, elle témoigne de son état. Cie MidiMinuit, Romainville, France.

Martin Bellemare, auteur du Chant de Georges Boivin (Prix Gratien-Gélinas 2009) retrouve du 6 au 24 octobre 2015 l’ardent metteur en scène Gaétan Paré (Pig, Faire des enfants, Le Moche) et un solide quintuor de comédiens pour recréer La liberté. Cette œuvre volontairement trouble, entre réalisme et symbolisme, parle travail, famille, Dieu et suicide assisté. Collectif ad hoc la Liberté.

Du 3 au 21 novembre 2015, une production du Théâtre Bluff qui amorce une résidence au TDP jusqu’en 2018 : Les hauts-parlerus, de Sébastien David (T’es où Gaudreault précédé de Ta yeule Kathleen et Les Morb(y)des). Les Haut-Parleurs est une œuvre sur les possibles blessures de l’adolescence, un récit traversé par l’écho des choses fragiles, qui met en lumière les traces immuables que laissent les autres dans notre vie.

On poursuit du 1er au 19 décembre 2015 avec Sherlock Holmes et le chien des Baskerville de Sir Arthur Conan Doyle. Cette adaptation est jouée depuis 2012 avec un immense succès au Royaume-Uni par Peepolykus, ses créateurs. Frédéric Bélanger, Sarah Balleux et leurs compères du Théâtre Advienne que pourra, forts de leurs succès précédents dont D’Artagnan et les trois mousquetaires et Le Tour du monde en 80 jours, s’approprient ce spectacle allègre qui repose sur la prouesse des trois interprètes pour jouer quinze personnages.

Signée par un collectif, Muliats raconte l’histoire d’un Innu de Mashteuiatsh, Shaniss, qui décide de quitter sa réserve pour s’installer à Montréal. Il y fera la rencontre d’un jeune allochtone et montréalais d’origine, Simon. Muliats définit le discours commun d’artistes provenant d’horizons divers : innu, huron-wendate, attikamekw, abénakis et allochtone. La mise en scène est de Xavier Huard.  L’équipe des Productions Menuentakuan a créé le spectacle après avoir joué en itinérance dans plusieurs réserves et à la maison de la culture Hochelaga-Maisonneuve les spectacles Puamun et Menuentakuan, afin de faire résonner la voix des peuples autochtones autour de préoccupations sociales communes à tous. Présenté du 2 au 20 février 2016.

Récipiendaire du prix Coup de cœur 2014 de la Fabrique culturelle, Love is in the birds : une soirée francophone sans boule disco du Théâtre du Trillium d’Ottawa, sera de passage à Montréal pendant quatre soirs seulement, du 24 au 27 février 2016. La chanson L’arbre est dans ses feuilles, popularisée par Zachary Richard fait maintenant partie de notre patrimoine culturel. Mais pour combien de temps encore ? Cette soirée éloquente, au confluent des courants dramaturgiques actuels, met en scène de nouvelles écritures issues de la Francophonie qui fouillent les éléments de cette chanson traditionnelle, sous l’angle de la transmission. Anne-Marie White signe la mise en scène du spectacle.

Créée en France l’année dernière et publiée chez Quartett éditions (France), Fratrie du Québécois Marc-Antoine Cyr (Je voudrais crever, Les Flaques, Quand tu seras un homme) prendra l’affiche du 8 au 26 mars 2016, dans une mise en scène de Didier Girauldon, son complice sur trois de ses pièces depuis 2012. Véritable objet d’orfèvrerie, cette œuvre, une réflexion sur l’enfance de l’homme, fut finaliste 2014 au Prix Michel-Tremblay. Une maison, un toit. Dehors, une tempête, un hiver. Le père est tombé comme mort dans la neige. À l’intérieur de la maison, quatre frères, qui devront apprendre à vivre seuls, sans père et sans repères. Parmi eux, Léo, le troisième, cache un secret, un poème, une voix… Marc-Antoine Cyr est auteur en résidence au TDP jusqu’en 2018.

Du 5 au 23 avril 2016, Simone et le whole shebang d’Eugénie Beaudry, une complainte dramatique et un rendez-vous légèrement western et sensuel entre deux vieux, Simone et Jessy. Jessy a le corps fini, le cœur bercé par l’alcool et les vieilles chansons de Hank Williams. Son seul désir : crever. Comme il veut choisir sa mort et le lieu de celle-ci, il bouleverse la vie de Simone et de sa fille. Pour accompagner ces âmes douces-amères, Le Laboratoire théâtre a choisi Jean-Simon Traversy, le metteur en scène de Constellations et de Les Flâneurs célestes, un directeur de jeu qui cherche finement l’équilibre entre métaphysique et abstraction.

Puis cette saison verra naître une nouvelle édition des Zurbainsgrand projet d’écriture pour des milliers de jeunes, qui composent un conte urbain. Depuis les conférences en classe, la période d’écriture, le comité artistique, le stage d’encadrement dramaturgique et enfin, la création du spectacle, toute cette aventure s’avère un collectif révélateur. Cette année, un texte de Robin Aubert et quatre textes d’adolescents, dans une mise en scène de Monique Gosselin, du Théâtre Le Clou en collaboration avec le TDP et le Théâtre jeunesse Les Gros Becs.