À Cannes: Boucan autour du film de Gaspar Noé et ses scènes de sexe non-simulé
Cinéma

À Cannes: Boucan autour du film de Gaspar Noé et ses scènes de sexe non-simulé

La Croisette vit son scandale attendu avec Love, de Gaspar Noé, film d’amour affichant une sexualité explicite, que les critiques se plaisent à descendre en flammes. Compte-rendu.

Bien avant que le film fût dévoilé, la presse française papotait au sujet de Love, le premier film de Gaspar Noé depuis Irréversible en 2002 et Enter the void en 2010 – deux longs métrages réputés pour leurs scènes de sexualité explicites, non-simulées. Racontant un triangle amoureux entre un étudiant parisien, sa copine et sa nouvelle flamme, Love a fait jaser bien avant sa projection au festival de love_afficheCannes à cause de la promo du film, notamment les affiches, montrant une sexualité pour le moins graphique. De jeunes acteurs inconnus, la promesse d’une narrativité antéchronologique (une autre marque de commerce de Gaspar Noé) et d’un film léché, en 3D : voilà qui suffisait à emballer la presse des semaines avant le début du festival de Cannes.

Présenté en séance de minuit, Love a causé depuis un tapage médiatique incessant. Et le film n’est pas à la hauteur des attentes, si l’on se fie à la majorité des critiques hexagonaux, qui ne l’épargnent pas. Le long métrage est mieux filmé qu’un porno, dit-on, mais ne sait pas se dissocier de ses codes en privilégiant platement une sexualité convenue, orthodoxe, et qui plus est misogyne, l’éjaculation masculine étant le paroxysme ultime de relations toujours centrées sur le plaisir de l’homme. Mais c’est surtout le scénario et les dialogues qui font pâle figure, selon la presse.

«Au moins, écrit Thomas Sotinel dans Le Monde, les mâles hétérosexuels du public auront une expérience inédite, grâce au relief, de l’orgasme masculin. Ce ne sont pas ces séquences qui rapprochent Love du cinéma X, mais bien la faiblesse insigne du scénario et de l’interprétation.» La critique de Télérama n’est pas plus tendre, jugeant que le film ne propose qu’une «succession lassante de scènes de sexe, sans autres enjeux que de nous déballer un catalogue de fantasmes hétéro-beauf, exécutés par un trio d’acteurs qui donnent beaucoup de leur personne mais manquent cruellement de charisme.»

Gaspar Noé pourra toutefois se consoler en lisant la critique de Libération, qui a retenu «quelques superbes moments de réalisation avec une 3D fluide et une grammaire très simple, qui émeut et intrigue, et rappelle directement le Dernier tango à Paris, autant dans ce qu’il nous «vend» et nous appâte, que dans ce qu’on voit au final, très troublant.»

Un film dont on n’a pas fini d’entendre parler.