RIDM : Une 17e édition riche de 141 films en provenance de 44 pays
Cinéma

RIDM : Une 17e édition riche de 141 films en provenance de 44 pays

La 17e édition des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) se tiendra du 12 au 23 novembre 2014 et dévoilait hier sa programmation complète.

Tel qu’annoncé en septembre dernier, c’est la première mondiale du film Le nez du réalisateur québécois Kim Nguyen qui ouvrira le bal de cette 17e édition. Première incursion de Kim Nguyen dans le documentaire, Le nez pose la question fondamentale de notre rapport à l’odorat. En clôture, le cinéaste suisse Nicolas Wadimoff nous fera découvrir, également en première mondiale, son nouveau documentaire Spartiates. Le réalisateur nous emmène en banlieue de Marseille, où un enseignant des arts martiaux mixtes, personnage coloré adepte d’une pédagogie musclée, se bat pour faire survivre son école.

Onze prix seront décernés aux films gagnants des quatre sections compétitives des RIDM, cette année.

Compétition internationale longs métrages

Du conte documentaire turc (Once Upon a Time) au cinéma direct congolais (Examen d’État), de l’essai qui mêle l’intime au politique à Chypre (Evaporating Borders) à l’expérience ethnographique étourdissante au Liban (Masse mystique), ces récits nous amènent tous à voir le monde autrement. L’incorporation d’éléments de mise en scène originaux donnera naissance à des films aux univers uniques, tels que Tour of Duty, témoignages d’anciennes « comfort women » en Corée du Sud, N – The Madness of Reason, une réflexion riche et visuellement surprenante sur l’héritage du colonialisme en Afrique, ou Actress, portrait mi-documentaire mi-performance d’une actrice de la série The Wire.

On retrouvera aussi Joshua Oppenheimer avec son complément très attendu à The Act of Killing, The Look of Silence, une vision du génocide indonésien filmé cette fois du point de vue des victimes; ou encore J.P. Sniadecki, découvert l’an dernier lors de la rétrospective du Sensory Ethnography Lab, avec The Iron Ministry, immersion tournée entièrement à bord de trains en Chine; sans oublier Pierre-Yves Vandeweerd (Les tourmentes) et Fernand Melgar (L’abri), tous deux d’anciens récipiendaires d’un Grand prix aux RIDM.

Compétition nationale longs métrages

Claude Demers (D’où je viens), Bruno Baillargeon (L’œuvre des jours), Jean-François Caissy (La marche à suivre), Paul Cowan (Les 18 fugitives, coréalisé avec le réalisateur palestinien Amer Shomali), Marie-Hélène Cousineau (Sol, coréalisé avec la réalisatrice inuit Susan Avingaq), Diane Poitras (Nuits) et Alanis Obomsawin (Trick or Treaty?) seront de la partie cette année, en plus de talents de la relève. On retrouvera, de ce côté, Karina Garcia Casanova qui signe avec Juanicas un journal intime bouleversant sur la maladie mentale de son frère; Arnaud Bouquet et Daniel Ferguson proposent avec Les derniers hommes éléphants un voyage chez les Bunongs au Cambodge, dont la culture menacée est liée depuis toujours à la domestication des éléphants sauvages; dans I’ve Seen the Unicorn, Vincent Toi nous emmène dans son pays d’origine, l’Île Maurice, où il filme avec autant de poésie que de liberté les courses de chevaux et leur signification profonde dans la société; et enfin Julia Kwan offre dans Everything Will Be une réflexion pleine de finesse sur les bouleversements du Chinatown de Vancouver.

Compétitions internationales courts métrages et moyens métrages

Seize courts et huit moyens métrages seront en compétition cette année. Ben Russell nous parle du mythe de l’Atlantide avec un essai kaléidoscopique entre philosophie et perception pure, Atlantis. Pierre Schoeller, réalisateur de L’exercice de l’État, capte dans Le temps perdu la vie quotidienne dans un camp de réfugiés syriens au Kurdistan irakien. Yuri Ancarani, réalisateur italien révélé l’an dernier aux RIDM par la présentation de sa trilogie, fait avec San Siro l’anatomie épique et un brin humoristique du stade de foot mythique de Milan. Et Marie-Josée Saint-Pierre redonne vie par l’animation à l’artiste d’exception qu’était Claude Jutra. Parmi les découvertes brillantes, il ne faudra pas manquer l’intrigant Buffalo Juggalos sur cette étrange sous-culture des fans de Insane Clown Posse; Les immaculés, documentaire en images de synthèse sur la stigmatisation des Tziganes en Europe; et Boucle piqué, une incursion pas toujours rose dans le monde des jeunes patineurs artistiques.

Présentations spéciales

Les grands noms du cinéma se retrouvent dans les Présentations spéciales : Hubert Sauper, qui après Le cauchemar de Darwin propose un autre pamphlet coup de poing sur le néocolonialisme, We Come As Friends; il en profitera pour donner une conférence sur le néocolonialisme et l’appropriation des terres en Afrique.

Sergei Loznitsa offre l’un des documentaires les plus remarqués de Cannes, Maïdan, sur la révolution ukrainienne; Julie Bertucceli propose son grand succès français La cour de Babel, tourné dans une classe d’accueil pour jeunes immigrants; Martin Scorsese s’amène avec The 50-Year Argument, un passionnant documentaire coréalisé avec David Tedeschi sur le New York Review of Books; Frederick Wiseman revient avec National Gallery, une lettre d’amour très personnelle au monde des musées; et Debra Granik, l’auteure de Winter’s Bone, qui pour son premier documentaire Stray Dog réalise un portrait humble et touchant d’un motard vétéran du Vietnam.

D’autres titres se joignent à la sélection : CITIZENFOUR de Laura Poitras, sur le whistleblower Edward Snowden qui avait lui-même contacté la réalisatrice pour publier ses révélations sur la NSA; The Kingdom of Dreams and Madness sur le célèbre studio d’animation Ghibli; Eau argentée, Syrie autoportrait, un inoubliable dialogue entre deux cinéastes syriens, l’une au cœur du conflit et l’autre exilé; et Altman de Ron Mann, portrait du talentueux réalisateur américain Robert Altman.

On retrouve enfin deux auteurs locaux dans ce volet, Michka Saäl avec China Me, et Patricio Henriquez avec Mon insécurité nationale.

Horizons

Les événements de la planète sont évoqués dans la section Horizons : la révolution égyptienne dans Moug, qui mêle documentaire et animation; la politique-spectacle au Canada avec God Save Justin Trudeau de Guylaine Maroist et Éric Ruel; la question des certificats de sécurité post-11 septembre avec The Secret Trial 5; ou encore le traitement de la maladie mentale au Sénégal (Ce qu’il reste de la folie) et celui des amputés en Sierra Leone (The Flying Stars).

Les liens entre héritage amérindien et identité québécoise sont explorés en compagnie de Roy Dupuis dans L’empreinte de Carole Poliquin et Yvan Dubuc. Quant au premier film du québécois Steve Patry, De prisons en prisons, il suit les tentatives de réinsertion de trois ex-détenus.

Contre-courant

Contre-courant défie nos perceptions de la culture populaire et underground : on y observe le phénomène des écoles libres américaines dans Approaching the Elephant, et celui du skate et du graffiti en Colombie avec Los hongos; la figure du fabriquant de vélo italo-québécois Marinoni dans le film du même nom, et celle du dramaturge David Fennario dans le nouveau documentaire de Martin Duckworth, Fennario – The Good Fight; le monde méconnu des Mormons dans Liahona, et l’univers tabou de la drogue et de la prostitution dans le film-choc du photographe Antoine d’Agata, Atlas.

Territoires

Volet consacré au rapport de l’homme à l’environnement, Territoires est l’occasion de mieux comprendre notre planète et ses habitants. Citons les deux films québécois Ceux comme la terre sur le missionnaire René Fumoleau et le peuple déné, et Le cri silencieux du chevreuil sur l’Île d’Anticosti. À ne pas manquer également, le magnifique The Stone River, un film hanté sur les travailleurs de pierre au Vermont, et The Empire of Shame, qui dénonce les conditions de travail terribles des employés des usines Samsung en Corée du Sud. Autre petit bijou de la section, Episode of the Sea mêle théâtre brechtien et observation sociologique dans une petite ville de pêcheurs aux Pays-Bas.

Beat Dox

La section des RIDM dédiée aux documentaires musicaux regroupe huit films où le meilleur de la musique et du cinéma se rencontrent. Plusieurs films d’ici y trouvent leur place : La ville est un île sur la scène indie anglophone de Montréal, La muse errante sur la musique juive à travers le monde, Sur la piste des DJs qui fait le portrait de six DJs montréalais, et Bamako temps suspendu, un très joli moment d’improvisation musicale au Mali signé Sylvain L’Espérance.

Les fans du groupe Pulp peuvent déjà se réjouir de la présentation – après un imbroglio ayant presque mené à l’annulation de la présentation – de l’excellent documentaire musical Pulp: A Film about Life, Death and Supermarkets, et ceux des Talking Heads de la projection spéciale 30e anniversaire de Stop Making Sense de Jonathan Demme. La sélection est complétée par Memphis, un superbe docu-fiction sur le chanteur de blues Willis Earl Beal et la ville de Memphis, et par Living Stars, un docu argentin à découvrir.

UXdoc

La section transmédia du festival regroupe cette année des webdocumentaires aussi passionnants à naviguer qu’importants dans leur contenu, et des projets présentés avec le casque de réalité virtuelle Oculus Rift. Dans un cas comme dans l’autre, l’art numérique, le jeu et le cinéma fusionneront pour aborder des enjeux aussi variés que l’exploitation pétrolière (Offshore), l’occupation en Palestine (Dream Homes Property Consultants et Points of View), le cyberterrorisme (Netwars / out of CTRL) ou encore l’héritage de la dictature chilienne (Assent).

Rétrospectives, installations, conférences

De nombreuses rétrospectives sont à nouveau prévues au menu des RIDM, cette année. En plus de celles déjà révélées sur James Benning, Kazuo Hara et un programme Des hommes et des bêtes, notons que les RIDM rendront hommage cette année au cinéaste allemand Harun Farocki, décédé cette année, avec la présentation de son chef d’œuvre Images du monde et inscription de la guerre. Le festival célèbrera aussi les 10 ans du Wapikoni Mobile avec la présentation en première du moyen métrage Les indiens, l’aigle et le dindon, précédé de plusieurs courts métrages. Enfin, les futurs talents québécois seront mis à l’honneur lors de La nuit de la relève Radio-Canada, avec un programme de courts métrages étudiants de l’INIS, de l’UQAM et de Concordia.

Du même coup, il est bon de noter que Des leçons de cinéma et ateliers seront donnés par Kazuo Hara, James Benning et Michel Fano, la plus grande figure française de la conception sonore filmique, qui viendra présenter Le territoire des autres et La griffe et la dent dans le cadre du programme « Des hommes et des bêtes ».

Et ce n’est pas fini pour James Benning car il proposera en plus deux installations, One Way Boogie Woogie 2012 et Stemple Pass, seront exposées à VOX, centre de l’image contemporaine, du 15 novembre 2014 au 21 février 2015.

Côté installations, Les Gifoscopes,une installation ludique et interactive, est proposée gratuitement au public depuis le 2 octobre et jusqu’au 23 novembre sur la promenade des Artistes, à deux pas du Quartier général du festival. Directement inspirés du praxinoscope, une invention de la fin du 19e siècle, les Gifoscopes font le lien entre les débuts du cinéma et les pratiques de promotion web d’aujourd’hui. Les passants sont invités à mettre en mouvement les œuvres des illustrateurs DOIION, Sonya Roy ainsi que le collectif d’artistes En Masse, en collaboration avec See Creature, mais aussi leur propre bande d’images puisque du matériel à dessin est disponible sur place en tout temps et que des ateliers seront proposés à tous pendant le festival.

Découvrez les horaires et la programmation complète au www.ridm.qc.ca