RVCQ / Coup de coeur pour une douce agonie
Rendez-vous du cinéma québécois 2015

RVCQ / Coup de coeur pour une douce agonie

Le charme naturel d’une soirée entre amies est traduit avec brio dans La douce agonie d’un désir dérobé, un film où les secrets se révèlent tandis que le vin coule. 

J’adore me demander comment ils l’ont fait.

Je ne suis aucunement un habitué des plateaux de tournage de fiction à grand déploiement. Mais je manie la caméra en solo depuis des années, en plus d’avoir mis les pieds sur quelques plateaux de télévision. Et quand je regarde un film, ou un clip de musique, et que je suis surpris par un effet ou une prouesse technique qui dépasse les seuls effets spéciaux, je suis soudainement charmé par la nouveauté, comme invité à résoudre un mystère.

Là ne réside pas le seul mérite de La douce agonie d’un désir dérobé, évidemment. Réalisé par Emmanuel Létourneau Jean et Alexandre Prieur Grenier (qui en signe également la scénarisation), le film est aussi délicieux que son titre, grâce à la banalité quotidienne qui l’habite.

La prémisse est plutôt simple: lors d’une soirée arrosée, quatre bonnes amies qui se voient trop peu souvent décident, tour à tour, de se révéler un secret qu’elles n’auraient jamais dit à quiconque auparavant.

On réussit facilement à éviter le larmoiement ou les facilités circonstancielles que peuvent apporter les dévoilements intimes. Plutôt, on a droit à une conversation à laquelle on voudrait participer à tout prix, tant l’idée semble libératrice et dénuée de jugement. Évidemment, ce huis-clos n’est pas tout rose. Les révélations des unes et des autres auront probablement un impact sur l’amitié de ces jeunes femmes.

Dans ce film, les paroles coulent comme le vin, et c’est là un de mes premiers questionnements quant à l’oeuvre: à quel point le scénario était-il écrit, fixe, statique, récité par les comédiennes? J’imagine un certain degré de liberté, puisque chacune des comédiennes de talent y apporte sa voix, son accent, son ton, son expression, ainsi qu’une personnalité sur écran qui remet presque en question la notion du jeu tellement c’est naturel. En ce sens, Marie-Emmanuelle BoileauAlexa-Jeanne Dubé (Sarah préfère la course), Marie-Pier Favreau-Chalifour et Catherine. Paquin Béchard (Complexe G) livrent des personnages crédibles, tridimensionnels et attachants.

Mon autre mystère est un peu en lien avec cet aspect du dialogue naturel: filmé quasiment comme du cinéma vérité, avec une caméra qui se rapproche énormément des sujets, le film aurait peut-être pu être tourné en une seule soirée, ou non. Le rythme est tellement bien maintenu, autant dans la réalisation que dans les dialogues des comédiennes, qu’on pourrait croire qu’un ami réalisateur s’est spontanément emparé d’une caméra pour témoigner d’une soirée arrosée entre amis. Un effet réussi, charmant, touchant, et vrai.

Le film est présenté samedi le 28 février à 16h30 à la salle Claude Jutra de la cinémathèque québécoise.

Coup de coeur également pour Il est plus facile de liker que de dire je t’aime, qui, en plus de se mériter un titre qui ne quittera jamais le confort de mon coeur, dévoilait avec tendresse, tension et beauté la complexité des relations amoureuses de jeunesse à l’ère des réseaux sociaux.