Musique

Une nuit blanche en couleur

Les Breastfeeders au bal masqué de Bande à part

Le concept pouvait difficilement échouer: Xavier Caféïne, les Breastfeeders, Duchess Says, Radio Radio et
Misteur Valaire en concert gratuit
au Métropolis pendant la Nuit blanche, qui clôturait le festival Montréal en
lumière. Gracieuseté, pour une seconde année consécutive, de Bande à part.

Comme de raison, on a eu droit à un méchant party. Comme de
raison, c'était plein à craquer et comme de raison, tout ce beau monde s'est
montré à la hauteur – à part peut-être le DJ Hatchmatik, qui a pris la relève à partir de 3h et nous a ramené
directement en 2006 avec un set électro-house fadasse, qui rappelait crûment
que le last call était passé!

Mention spéciale à la scénographie hallucinante. Les
éclairages en forme de «V» gigantesque dépassaient l'enceinte scénique pour
aller couvrir les murs latéraux du Métropolis, formant un véritable régal pour stoners.

Même si je n'aime pas trop jouer les pédagogues de salon et
m'attarder à la présence scénique des groupes – cette futile qualité d'amuseur,
qu'on cherche injustement bien plus fort chez la relève que chez les artistes
établis – la chose devenait amusante à observer dans cette grosse salle,
qu'aucun des groupes en présence ne pourrait se permettre en temps normal. Qui
pourrait la faire lever à lui seul, advenant qu'un hit survienne la semaine prochaine?

Les Breastfeeders pourraient, assurément. Le sextuor peut
électriser une salle de 2000 personnes aussi facilement qu'un Lion d'or. Luc
Brien a un de ces rugissements qui rappelle constamment à l'ordre et sa bande
habite bien la scène. Duchess Says? Ce groupe détruit tout quand il joue, pour
sûr. Mais quand Annie-Claude Deschênes (déchaîne? Ha!) entre dans ses transes «mystico-flyées»
et se met à dialoguer abstraitement avec les 15 ou 20 personnes qui se trouvent
directement à ses pieds, entre les morceaux, bien malin qui peut comprendre un
mot de ce qu'elle dit passé les premiers mètres du parterre!

En l'écoutant, je me suis dit que c'était peut-être pour ça
que les «gros» artistes s'en tiennent le plus souvent aux banalités désolantes,
entre leurs morceaux («ça va bien, Montréal?», etc.). Quand l'aire de jeu est
si grande, les propos spontanés, compliqués, les insides jokes… Tout ça passe mal à moins d'être orateur aguerri.

Les gars de Radio Radio étaient peu loquaces entre leurs
morceaux, et les réactions du public à leur musique semblaient partagées, mais les
refrains musclés faisaient clairement leur travail. Il y avait toujours des
têtes en mouvement; de plus en plus, même, à mesure que le set progressait.

Quant à Misteur Valaire, on les a déjà vus plus animés.
L'heure tardive, peut-être. De toute façon, le lien est fort entre ces
gaillards et leur public. Ceux qui les aiment les aiment vraiment et s'enthousiasment à chaque jam. Il y avait manifestement un bon nombre de gens venus d'abord
pour eux et le tout s'est déroulé dans la bonne humeur.

Il faudra d'ailleurs un jour qu'on m'explique… Certes,
Valaire fait preuve de punch et de simplicité là où Plaster s'est souvent
montré trop masturbatoire, mais son jazz-funk léché est d'une propreté, d'une
mollesse souvent consternante pour l'époque.

N'empêche, beau bouquet pour le prix d'entrée…