Pourquoi le selfie du singe est la meilleure histoire de l'Internet
Société

Pourquoi le selfie du singe est la meilleure histoire de l’Internet

Un singe vraisemblablement heureux en Indonésie bouleverse la notion même du droit d’auteur. 

Au premier aperçu cela peut sembler anodin, voire surtout absolument adorable. Un primate, émerveillé par une technologie qui lui est visiblement étrangère, se prend en photo des centaines de fois, probablement à son insu, amusé par le son de l’objectif à chaque fois qu’il appuie sur un bouton.

Bien que l’appareil photo appartienne techniquement à David Slater, photographe anglais en séjour en Indonésie, le site web Wikimedia diffuse la photo largement et ce, publiquement.

Monkey takes selfie

Visiblement frustré, Slater se range désormais parmi les victimes accidentellement hilarantes du web, aux cotés de Star Wars kid et Barbare Streisand, entre autres.

Ce qui est magnifique avec cette bataille légale, c’est qu’elle centralise tellement de caractéristiques qu’on pourrait qualifier de purement web qu’on pourrait la croire inventée de toute pièce. Dans cette bataille juridico-légale entre un primate, un être humain et une compagnie, on peut faire quelques conclusions magnifiques:

– Le selfie est un art maîtrisé autant par Kim Kardashian que ton cousin que ce singe. Et vice-versa.

– Les droits d’auteurs sont tellement complexes à l’ère du web que l’argument « le singe a pris la photo » risque d’être présenté en cour avec tout le sérieux du monde.

– Dans la toile géante de l’information infinie, l’animal (sauvage comme domestique) finira toujours par attendrir et intéresser davantage que l’humain.

– L’acharnement de Slater est particulièrement comique: plutôt que d’abandonner le cas de ses droits d’auteurs bafoués pour apprécier le fait qu’il a contribué à l’amusement et l’attendrissement ponctuel de l’humanité (du moins, cette partie de l’humanité qui a Internet), Slater compte aller en cour et possiblement se ruiner, prouvant par le fait même qu’il n’a pas de sens de l’humour.

– C’est une variation bien comique du Streisand Effect: quand Barbara Streisand a voulu interdire la publication de photos montrant sa maison à Malibu, elle a créé un engouememnt jusque là inexistant pour sa demeure, qui existait dans une relative indifférence générale. Bien que la photo du singe soit devenue virale avant son aventure juridique, ce selfie connaît une seconde vie hilarante grâce à l’acharnement du photographe (enfin, est-il vraiment le photographe?) et on peut même s’imaginer un troisième souffle lorsque le cas connaîtra éventuellement un verdict.

– Dans son témoignage, Slater répète que parmi les centaines de photos captées cette journée-là par le petit animal, nombre d’entre elles sont floues. Comme pour discréditer une compétition potentielle. C’est génial!

– C’est une photo de singe qui sourit.

Cette photo peut nous amener dans un monde où les singes sont des photographes non payés et les êtres humains ne sont que leurs assistants frustrés.

Damn dirty apes!

Simpsons Apes