Laïcité: la dérape péquiste

On pensait avoir tout lu ou entendu sur la fameuse charte des valeurs.  Nous nous sommes royalement trompés…

Ce matin, Stéphane Bédard a décidé de retirer le bonnet d’âne à son collègue Bernard Drainville pour se l’enfoncer jusqu’au cou.  Avec toute la démagogie qui caractérise ce débat depuis des mois, le chef de l’opposition par intérim a utilisé les mots suivants pour interpeller le premier ministre Couillard : «Il a été consultant auprès des Émirats à une certaine époque. Il (Philippe Couillard) semble très imprégné de ces valeurs (saoudiennes), de cette réalité (…) on lui demande de ne pas importer cette réalité ici».  Non ce n’est pas un animateur de radio démagogue ou un chroniqueur polémiste, c’est Stéphane Bédard, le chef de l’opposition.   On a compris ou le PQ veut amorcer le débat: ça va déraper.

Déraper comme lorsque les députés péquistes ont laissé la famille Pineault-Caron étaler leur xénophobie pour appuyer la charte de Bernard Drainville.  Déraper comme lorsque Janette Bertrand disait avoir peur de se faire soigner par une femme voilée ou lorsque qu’elle nous parlait de l’envahissement des « étranges » à la piscine de son immeuble.  Déraper comme lorsqu’une femme est décédée dans le métro parce que son hijab aurait été pris dans l’escalier roulant ce qu’il l’aurait étranglé.  Ensuite, des centaines de personnes ont répété ad nauseam sur les médias sociaux que c’était une raison supplémentaire pour interdire le port du voile!  Ce débat n’a qu’une seule constante : il dérape et lorsqu’il dérape, les députés péquistes ne sont jamais trop loin pour maintenir les braises de ce débat bien allumé.

Je suis pour la laïcité de l’État.  Je m’explique mal comment les gouvernements donnent des crédits d’impôts pour les différents lieux de cultes ou financent des activités religieuses.  Pourtant, personne parle de ce qui serait un pas de géant pour un vivre ensemble.  Pourquoi croyez-vous?  Parce que ce n’est pas payant politiquement.  C’est plus facile de gagner des points politiques en pointant une femme voilée que de réellement légiférer sur cette question.  Aujourd’hui on a pointé le premier ministre du Québec  en insinuant qu’il adhérait aux valeurs de l’Arabie Saoudite et on demandait à monsieur Couillard de ne pas importer ces valeurs ici au Québec.  Encore une fois, j’insiste, ça dérape.

 Voici quelques valeurs de l’Arabie Saoudite :

– Les femmes n’ont pas le droit de conduire;
– Une femme n’a pas le droit de voyager sans être accompagnée par un homme;
– Le prosélytisme religieux autre que musulman est passible de la peine de mort;
– L’apostasie (nier sa foi) est passible de la peine de mort;
– L’amputation, la flagellation et la décapitation sont des sentences courantes;
– Les décapitations se font en public devant une foule de curieux.

Lorsqu’on dit que notre premier ministre pourrait partager des valeurs similaires, je crois qu’on doit tous s’indigner de ce genre de propos qui ont deux objectifs : faire peur au monde et embourber un débat au lieu de le faire sainement. 

Cette déclaration incendiaire du chef des troupes péquistes a le mérite de régler une question pour les gens qui étaient encore indécis sur cette question.  Le Parti Québécois n’a plus la crédibilité pour amorcer ce débat qui commande de la grandeur, du respect mais aussi un peu de recul. Pour ça, on doit respecter aussi l’intelligence des québécois.  Quand un politicien insinue que le premier ministre est pratiquement un agent dormant du gouvernement saoudien, j’ai vraiment l’impression de me faire prendre pour un cave.

Pas vous?