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14 / 28 – Boire le monde autrement, sans alcool

Depuis le 31 janvier 2015, je me suis lancé à pieds joints dans le défi «Les 28 jours les plus longs de ta vie» qui est aussi une levée de fonds pour la Fondation Jean Lapointe. Alors voilà! Je suis au cœur de mon défi de 28 jours sans alcool. 14 / 28. Question de faire un bilan de mi-parcours, j’ai eu envie d’écrire et partager quelques réflexions.

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Depuis que j’ai commencé le défi, je constate que j’ai des occasions de boire tous les jours ou presque. Oui, je travaille dans le domaine de la bière, mais on dirait que c’est plus flagrant depuis que le défi ne m’autorise pas à flancher. Il est plus facile de constater la fréquence d’un plaisir duquel on se prive que celle d’un plaisir auquel on succombe sans trop se poser de questions.

Il y a plusieurs personnes qui ne comprennent pas pourquoi je me suis embarqué dans cette galère. Du moins, je me fais souvent interroger lorsque j’en parle. Pourquoi tu fais ça? C’est radical! Ça n’a pas de but! On m’a même demandé si j’étais alcoolique. Je ne vois pas pourquoi il faudrait être alcoolique pour se donner des défis concernant sa consommation et ses habitudes. Dans un même ordre d’idées, je n’attendrais probablement pas d’être obèse avant de prendre une pause du PFK ou du McDo!

Mais pourquoi je relève ce défi alors?

  • Je le fais pour moi. Pour renouer avec d’autres passions que celle de la dégustation de bières. Pour varier mes horizons.
  • Je le fais pour le recul et la réflexion que le défi impose. Et de la réflexion, il y en a. Ne serait-ce qu’au fil de toutes les discussions qui découlent de ma non-consommation, avec des gens que je croise, ici et là, un Perrier à la main.
  • Je le fais parce que je travaille dans un milieu où l’alcool (surtout la bière) est pratiquement un outil de travail. Dans mon entourage, le fait de prendre une bière est quelque chose de commun qui est devenu presque routinier. J’aimerais percevoir à nouveau le fait de déguster une bonne bière comme un privilège qui n’est pas acquis. Faire de chaque bière un moment unique à savourer. Me recentrer au cœur de ma passion.

Les problèmes d’alcool demeurent un tabou. Je l’ai constaté plus souvent au cours des deux dernières semaines. Plusieurs personnes affirment qu’elles pourraient très bien se passer de l’alcool dans la vie de tous les jours. Mais souvent, ces personnes n’en ont aucune espèce d’idée puisqu’elles en consomment presque quotidiennement. C’est facile de dire qu’on peut relever un défi lorsqu’on ne se l’impose pas. Je ne juge personne. Je soulève un point (ou deux).

Mes deux semaines de défi m’ont confirmé que j’étais capable de vivre sans alcool. C’est une bonne nouvelle en soi. Ma conjointe m’a demandé si je trouvais le défi difficile. En toute honnêteté, je dois répondre par l’affirmative à cette question. Ce n’est pas difficile physiquement. Je ne ressens aucun manque. Aucun symptôme de sevrage. Ce que je trouve difficile, c’est de tourner le dos à de belles occasions, qui ne cessent de se présenter depuis le début de février. J’aime goûter à de nouvelles choses et le monde de la bière n’a pas arrêté de tourner parce que – MOI – je tente de relever un défi. C’est ÇA qui est difficile. En fait, c’est plus «plate» que difficile. Je viens juste de compléter 14 jours et je me souviens de chaque occasion manquée :

  • Souper de famille, le beau-frère avait une tequila typiquement mexicaine à nous faire goûter. Devinez qui a passé son tour?
  • Dégustation de nouveaux produits de la brasserie Beau’s, nouvellement arrivés au Québec, à mon travail. Arrrgh!
  • Un représentant débarque avec une bouteille fraîche d’une nouveauté qui sort la semaine suivante et il m’offre d’y goûter en primeur. Ouin, non!
  • Un livreur m’offre une bouteille d’un produit qui n’est pas sur le marché (et qui ne le sera probablement jamais). Évidemment, j’ai accepté la bouteille, mais elle me hante du haut de la tablette de mon frigo depuis ce temps.
  • Le party anniversaire grandiose d’un pub. Le bottle release démesuré d’un autre. La conquête des fûts d’un troisième. Tu en veux des événements? En voilà!
  • Souper de Saint-Valentin avec l’amoureuse qui boit un vino qui sent foutrement le ciel. Ouep, je l’ai juste senti.

Oh please, kill me!

Je pense que j’ai rappelé une cinquantaine de fois, à des personnes déjà au courant de mon implication dans le défi, que je ne pouvais pas boire. Comme si le fait de «boire» était la normalité absolue et que je m’y étais soustrait de façon arbitraire, comme un provocateur marginal. Ce constat m’étonne… et m’assoiffe sauvagement. J’ai entendu d’autres personnes, qui participent aussi au défi, affirmer qu’elles allaient «se péter la face le 1er mars». Pas moi. Si j’étais pour boire deux fois plus en mars parce que j’ai sauté 28 jours, le défi deviendrait, pour moi, d’un ridicule désarmant. Je le fais en quelque sorte pour promouvoir la consommation responsable au sein de mon milieu… et aussi par auto-conscientisation. J’encourage tous ceux qui se prêtent au jeu à réfléchir à leurs réelles motivations.

Je ne sais pas si je tenterai de relever ce défi chaque année (pourquoi pas?), mais pour l’instant je le fais. Jusqu’au bout! Je ne pourrais pas dire que j’ai du «gros fun» à relever le défi, mais j’en retire certainement beaucoup de fierté. Je sens déjà que je sortirai grandi de cette loooooongue – et pourtant si brève – aventure dans le monde de la sobriété continue.

Vous participez aussi? Quelles sont vos motivations? Vous trouvez ça difficile? Parlez-moi de votre expérience via les commentaires.

28jours