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What’s wrong with HEC Montreal ?

Voilà, les chroniqueurs paniquent, HEC Montréal s’anglicise! Source de toute cette agitation? Un programme de maitrise en anglais sera offert. En fait, ce sera une M.Sc. en logistique internationale. Déjà en partant, j’aurais envie de citer Pauline Marois et dire «Don’t be inquiète». D’ailleurs, enlevons le mot international à un programme et nous revenons rapidement sur le plancher des vaches. Mais, ce n’est pas le propos ici.

On ne parle pas de tous les programmes de deuxième cycle, mais bien d’une option bien précise. On n’est pas en train de dire que des milliers de comptables anglophones seront formés annuellement à HEC Montréal, on parle d’un cas marginal parmi près de 12 000 étudiants à y étudier. HEC Montréal demeure la plus importante école de gestion francophone au Canada et ce n’est pas demain la veille que cette situation changera.

Les programmes multilingues existent depuis plusieurs années à HEC Montréal. Juste un petit rappel, HEC Montréal est une école de gestion. La connaissance de l’anglais, c’est une partie de la gestion, en fait, c’est l’épicentre. Ne pas connaître un minimum d’anglais en gestion en 2012, c’est équivalent à ne pas connaître les Beatles pour un musicien (j’exagère à peine).  Nous voulons des dirigeants francophones à la tête de la Caisse de dépôt et placement du Québec ? Il faudrait peut-être qu’ils soient en mesure de discuter avec les investisseurs, courtiers et présidents des entreprises et fonds internationaux. Si nous voulons faire notre place dans ce monde, il faudra se faire entendre et comprendre au-delà de la rivière des Outaouais.

Oui, nous sommes un peuple d’irréductibles francophones au milieu d’un océan anglophone et hispanophone. D’accord, mais est-ce que c’est en nous refermant sur nous-mêmes que nous serons à même de défendre notre position?

Je suis de la génération fière d’être francophone, mais ouverte sur le monde qui l’entoure. Voulons-nous être un peuple ostracisé voué à être marginalisé ou voulons-nous être un exemple pour le reste du pays ? Vous avez raison, je ne fais pas partie de la génération qui s’est fait dire « speak white » chez Eaton ou qui confondait les confitures au supermarché ou plutôt à la « grocery » parce qu’elle ne savait pas la différence entre « rasberry » et « strawberry ».  Vous avez raison, pour qui je me prends de remettre en cause le combat mené par les générations précédentes pour protéger notre langue? Eh bien, je me prends pour un Québécois qui respecte les acquis du passé, mais qui tente de s’adapter au monde évoluant autour de lui.

Nous voulons être respectés ? Nous voulons que notre culture soit appréciée ? N’agissons pas en peuple xénophobe. Dans notre peur de disparition, ne serait-il pas possible que nous limitions notre émancipation?  Je rêve d’un Québec où les anglophones et francophones ne vivent pas en ghettos, mais en symbiose.  D’un côté comme de l’autre, nous sommes craintifs, irrités des oppositions antérieures, des luttes déchirantes. Mon ancêtre serait issu du clan de Wolf (eh oui, l’assimilation a fonctionné, je suis francophone), celui-là même qui a battu Montcalm sur les plaines d’Abraham. Pourtant, malgré les centaines d’années qui nous séparent, la division est toujours bien présente. Un Québec ouvert sur la langue seconde deviendrait non seulement une force pour l’émancipation de la province, mais aussi un exemple pour le reste du Canada. Soyons les premiers à montrer notre ouverture et peut-être, un jour, Montréal ne sera plus divisée en deux solitudes séparées par le mur virtuel de la «Main».

Pensons-y quelques instants. Est-ce que le Cirque du Soleil serait aux Oscars si personne dans l’organisation ne faisait le lien avec la langue de Shakespeare? Est-ce que Bombardier pourrait opérer sur le globe en se limitant à la langue de Molière? Pendant que le monde évolue dans toutes les langues et dans toutes les cultures, HEC Montréal ne tente pas de renier son fondement, mais bien de permettre à ses étudiants de s’adapter à la réalité du 21e siècle.