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Prendre l’électeur pour un illettré

Les publicités des partis politiques ont rarement l’utilité d’élever le débat intellectuel. Par contre, certaines ont la capacité de démontrer soit de la malhonnêteté intellectuelle, soit une déficience logique ou une faiblesse d’esprit. Alors, comme certains l’ont remarqué, voici une publicité publiée sur le site Facebook du Parti libéral du Québec :

Soulevons quelques questions sur les affirmations liées au taux de chômage dans « Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine » :

1)      « 17,5 % après 9 années de mandat péquiste » (avril 2003)

Premièrement, le chômage, ce n’est pas une donnée cumulative. Que l’on soit au pouvoir 4 mois, un an ou 10 ans, les cycles économiques et la conjoncture locale ont des impacts importants sur le taux de chômage qui outrepassent souvent les mesures interventionnistes d’un gouvernement.

2)      « 12,6 % après 9 années de mandat libéral » (septembre 2012)

Ici, on compare un mois de septembre sous la gouverne libérale avec un mois d’avril sous la gouverne péquiste. En somme, on prend la donnée de la fin de saison estivale pour le PLQ et la donnée de la fin de saison hivernale pour le PQ.  Est-ce ma réflexion qui fait défaut ou le chômage saisonnier pourrait être un facteur important dans l’analyse des données? N’y a-t-il pas justement un débat sur le chômage saisonnier ?

En outre, le taux de chômage pris isolément fausse parfois l’analyse. Par exemple, si des citoyens bénéficient de l’assurance-emploi, c’est qu’ils se considèrent encore dans la population active recherchant un emploi sur le marché du travail. Ainsi, une baisse du taux de chômage pourrait aussi être liée au fait qu’un chômeur se retrouve bénéficiaire de l’assistance sociale.  Donc, la baisse du chômage n’est pas dans toutes les circonstances une bonne nouvelle.

3)      « 17 % après 7 mois de mandat péquiste »

En regardant la pub sous un autre angle, on pourrait se dire qu’en 10 ans, pour une même période, le taux de chômage a baissé de 0,5 %. Encore là, il faut comprendre les raisons. Est-ce que parce qu’une partie de la population sans emploi s’est déplacée vers une autre région? Est-ce le fruit de subventions où le rendement de l’État et des contribuables est nettement négatif?

En somme, cette simple démonstration prouve que la simplification de l’utilisation des chiffres et des statistiques sans réflexion préalable mène l’interlocuteur non averti à des conclusions hâtives. Ici, le but n’est pas de défendre le PQ, mais bien de défendre l’honnêteté intellectuelle. Monsieur Couillard, si vous avez l’étoffe d’un chef, si vous avez la rigueur intellectuelle que votre fonction exige, vous ne devez en aucun temps accepter que l’on prenne l’électeur pour un illettré. Qui plus est, il est encore plus répréhensible de laisser circuler une information biaisée et tendancieuse mettant en péril la capacité de l’électeur de prendre une décision éclairée.

En attendant, pour pousser l’idée du PLQ à l’absurde, voici une proposition pour Tourisme Québec :

« À Montréal, après une décennie de température quotidienne variable, le mercure indique 20 degrés  le 8 mai 2013 »

« À Toronto, après une décennie de température variable, le mercure indique -5 degrés le 10 février 2013 »

Donc, la température à Montréal est beaucoup plus intéressante qu’à Toronto !

N’est-ce pas Monsieur Couillard? Que pensez-vous de la publicité de Tourisme Québec ?

–          Cela dépend si nous parlons de Fahrenheit de Celsius ou de Kelvin !

–          Eh misère…

En somme, pour l’ensemble du Québec, le taux de chômage a diminué de 0,7% de T1-2012 à T1-2013 passant de 8,1 % à 7,4 %… Mais quoi de mieux que de prendre un échantillon d’une région en difficulté ?

 

(Note: Voici les taux de chômage par région pour le Québec:  http://www.stat.gouv.qc.ca/donstat/societe/march_travl_remnr/parnt_etudn_march_travl/pop_active/stat_reg/ra_taux_trim.htm)