Angoulême 2015 est maintenant derrière nous.
Des dossiers à saveur politique et sociale y ont été mis de l’avant, alors que les enjeux liés à la rémunération des auteurs ont été mis à l’avant-scène : en effet, le 31 janvier 2015, c’est près de 600 personnes qui ont marché dans les rues d’Angoulême pour dénoncer la réforme du régime de retraite complémentaire obligatoire (RAAP) et la paupérisation croissante des auteurs. Le slogan? « Sans auteurs, plus de bande dessinée. »
Les auteurs ont profité aussi de la marche pour rendre hommage aux victimes des attentats des 7 et 9 janvier dernier, au cours desquels Cabu, Wolinski, Charb, Tignous et Honoré ont été tués. Fabien Vehlmann, agissant à titre de porte-parole des auteurs, a déclaré : « Il a fallu que des terroristes s’en prennent à des caricaturistes pour qu’on se rappelle que dessiner n’était pas si anodin. »
Le Grand Prix 2015
Au cœur des retours sur Angoulême, évidemment, il y a aussi – voire peut-être surtout, lorsqu’on suit l’événement à distance – les récompenses.
D’abord, le mangaka Katsuhiro Otomo (Akira), qui est le récipiendaire 2015 du Grand Prix, coiffant donc à la ligne d’arrivée les deux autres finalistes (Alan Moore et Hermann).
L’équipe du Festival a d’ailleurs qualifié ce choix (effectué par 1600 auteurs, au fil de décembre 2014 et janvier 2015) de « geste historique » : « C’est la première fois en effet que cette récompense, la plus prestigieuse du palmarès du Festival, est attribuée à un auteur japonais, soulignant ainsi la place prise par le manga dans l’histoire du 9e art. Katsuhiro Otomo couronné, c’est le meilleur du manga qui se voit ainsi légitimement célébré en Europe. »
Un hommage parfaitement légitime et parfaitement mérité, d’ailleurs.
« Pour moi, la bande dessinée, cet univers de la bande dessinée, m’a ouvert les yeux. Mon travail a été fortement influencé. Recevoir un prix venant de France, d’Angoulême, j’ai encore du mal à y croire. Je ne dessine pas beaucoup ces derniers temps, je suis d’autant plus surpris de recevoir ce prix. Mais je vous en remercie, vraiment. Ce prix sera un encouragement et j’ai l’intention de me mettre au travail », a déclaré le légendaire mangaka dans une vidéo YouTube.
De plus, la direction du Festival a aussi choisi de remettre un « Grand Prix spécial » aux dessinateurs disparus de Charlie Hebdo (Cabu, Charb, Honoré, Wolinski et Tignous). L’équipe du Festival a déclaré que ce Grand Prix spécial était remis « pour que le souvenir du travail de tous les contributeurs de ce titre essentiel de la presse française reste dans les mémoires, en hommage aux dessinateurs assassinés et à leur nécessaire combat pour la liberté d’expression. »
Les Fauves 2015
En ce qui concerne les Fauves…
Le Meilleur Album a été remis à L’Arabe du futur : une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984) de Riad Sattouf (Allary). La Meilleure Série, elle, a été remise à Balak, Mickaël Sanlaville et Bastien Vivès pour leur Last Man, dont le tome 6 est paru récemment chez Casterman. Le Prix Spécial du jury lui, a été offert à Building Stories de Chris Ware, disponible en version française chez Delcourt.
Le Fauve Jeunesse a été offert à Clément Ouberie et Stéphan Melchior pour leur adaptation BD de la série culte de Philip Pullman, Les Royaumes du Nord, chez Gallimard. Le Fauve Révélation a été remis à Lisa Lugrin et Clément Xavier pour Yekini, le roi des arènes (Flblb). Le Fauve Patrimoine (catégorie dans laquelle, rappelons-le, le Gilles de la Jungle du Québécois Claude Cloutier était en lice) a été, pour sa part, remis à San Mao, le petit vagabond de Zhang Leping (Fei). Enfin, le Fauve Polar a été remis à Florent Chavouet pour Petites coupures à Shioguni (édité chez Picquier).
On peut avoir plus d’information sur le Festival et ses récompenses sur www.bdangouleme.com.